Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Barcelone (suite)

Les fonctions urbaines

Les secteurs secondaire et tertiaire se partagent à peu près également la population active barcelonaise, laquelle représente environ 45 p. 100 de la population totale. Mais, dans les communes de la périphérie urbaine, le secteur secondaire l’emporte nettement, avec 65 p. 100. Barcelone est en effet avant tout un centre industriel ; le port, loin d’être le moteur de l’activité, est au service de l’industrie.


Une ville industrielle

Les conditions naturelles ne favorisaient guère un foyer industriel aussi important. La Catalogne ne dispose pour toute ressource de son sous-sol que de ciment, de potasse et de lignite. L’énergie fait défaut : l’équipement hydro-électrique des rivières pyrénéennes et une grande centrale thermique à Badalona brûlant du lignite ont permis jusqu’à présent de faire face aux besoins. Toutefois, entre en service, construite avec l’aide française, une centrale nucléaire dans la région de Tarragone (à Vandellós).

L’industrie est née de l’investissement des revenus fonciers et surtout des capitaux accumulés par le commerce et la banque. Elle s’est développée grâce à l’abondance de la main-d’œuvre et a été stimulée par le rapide accroissement du marché de consommation local.

Il s’agit donc essentiellement d’une industrie de transformation. Celle du textile est à la fois la plus ancienne et la plus importante (28 p. 100 du secteur secondaire). Le coton, dispersé en particulier dans la percée du Llobregat, vient nettement en tête ; il est suivi par la laine, concentrée à Sabadell et à Tarrasa ; les textiles artificiels et synthétiques connaissent une grande expansion ; bonneterie et confection, enfin, dispersent leurs ateliers dans la ville. La métallurgie vient au second rang des activités industrielles (27,5 p. 100 du secteur secondaire). Destinée, au départ, à équiper l’industrie textile, elle s’est largement diversifiée : machines lourdes (locomotives, machineries pour bateaux), machines électriques, appareils électroménagers, camions (Pegaso à San Andrés), automobiles (SEAT près du Llobregat), motocyclettes, moteurs, tracteurs, etc. La métallurgie lourde n’est pas absente : des fours électriques fabriquent à Pueblo Nuevo et à Hospitalet des aciers spéciaux avec des fontes et des ferrailles d’importation. L’industrie chimique, implantée initialement pour fournir des colorants au textile, est celle qui connaît la plus rapide expansion. Acides, engrais, plastiques, caoutchouc sont fabriqués dans les agglomérations périphériques, tandis que les produits pharmaceutiques et les parfums le sont dans la ville même. Parmi les autres branches industrielles se détachent le bâtiment, lié à l’essor démographique de la ville, le papier, les arts graphiques et la presse, qui témoignent du rôle culturel joué par Barcelone, où sont établis plus de la moitié des éditeurs espagnols.

Au total, l’agglomération barcelonaise détient les trois quarts de la capacité de production textile espagnole, assure 61 p. 100 de la valeur de la production de la métallurgie de transformation, 27 p. 100 de celle de la chimie. L’ensemble des activités industrielles y représente le cinquième de la production espagnole.


Un port au service de l’industrie

Avec un trafic de 12,8 Mt en 1974, le port de Barcelone occupe le troisième rang en Espagne. La libéralisation des échanges en 1959 lui a permis de connaître une rapide expansion ces dernières années, beaucoup moins spectaculaire cependant que celle des ports pétroliers.

Sa fonction essentielle est d’alimenter le complexe industriel, lequel, travaillant principalement pour le marché intérieur, n’offre que de faibles tonnages à l’exportation. Il en résulte un net déséquilibre entre les entrées et les sorties. Les premières représentent généralement de 70 à 80 p. 100 du trafic en poids et consistent pour plus des trois quarts en matières premières (combustibles minéraux, matières brutes) et produits semi-élaborés. Les produits manufacturés, les produits alimentaires et les matières premières minérales constituent les principaux postes aux sorties.

La moitié de ce trafic se fait avec des ports espagnols : de Carthagène et des Canaries viennent des produits pétroliers, de Gijón, du charbon asturien, de Huelva, des pyrites de fer, de Santander, des produits sidérurgiques, de La Corogne, des bois, de Valence et d’Alicante, des fruits et des légumes. Les échanges internationaux se font principalement avec l’Europe et l’Amérique du Nord, qui fournissent du charbon, des produits métallurgiques et chimiques, des céréales et du bois.

Pour faire face au rapide accroissement du trafic, qui semble devoir se poursuivre dans les années à venir, des travaux d’agrandissement de l’organisme portuaire sont en cours : la digue, qui prolonge la flèche sableuse naturelle, a été allongée et une contre-digue a été construite, mettant à l’abri un vaste plan d’eau sur lequel s’ouvriront des darses creusées dans les alluvions deltaïques du Llobregat.


La faible importance du secteur tertiaire

Comparée aux grandes métropoles économiques, Barcelone présente un taux de population active, employée dans le secteur tertiaire, modeste (45 p. 100). Plusieurs raisons expliquent cette situation. Les Barcelonais, s’ils se sont montrés des industriels entreprenants depuis le xixe s., ont, en revanche, négligé l’implantation d’une armature commerciale. Le trafic portuaire est assuré pour l’essentiel par des navires étrangers ou immatriculés dans d’autres ports espagnols. Le commerce de gros est insuffisant et manque de rayonnement. Le commerce de détail est demeuré artisanal et ce sont des affaires madrilènes et valenciennes qui ont installé les grands magasins. Les grandes banques, après des faillites retentissantes entre les deux guerres, sont toutes madrilènes et basques. La seule activité tertiaire qui a connu une rapide expansion ces dernières années est le tourisme : Barcelone est une étape sur la route du Levant et la porte d’accès par mer et par air à la Costa Brava. Elle offre aux touristes, dont la durée de séjour moyenne est de deux jours et demi, les ruines de son passé antique, que des travaux en cours s’attachent à dégager, le pittoresque de ses vieux quartiers riches de monuments architecturaux, les grandes avenues commerçantes du centre, les perspectives du Montjuich et du Tibidabo.