Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Bandeira (Manuel) (suite)

Mafuá do Malungo (1948) est un recueil de vers de circonstance et de poèmes « à la manière » d’autres poètes. Mais, dans ses deux derniers recueils, Estrêla da Tarde (1958) et Estrêla da Vida Inteira (1966), Bandeira reprend en quelques poèmes concrets une attitude critique à l’égard de la sédimentation du langage, en accentuant radicalement la tendance au dépouillement de son vocabulaire et à la construction poétique en fonction des virtualités du simple énoncé. Ces qualités étaient déjà sensibles dans ses œuvres en prose que sont Crônicas da Província do Brasil (1936), recueil de chroniques sur la période de transition culturelle des années 20, et Guia de Ouro Prêto (Guide d’Ouro Prêto, 1937), œuvre dans laquelle s’allient érudition et sensibilité plastique. Ce côté de tendre « simplicité » de l’œuvre de Bandeira a permis cette situation presque paradoxale : une poésie d’une richesse d’inspiration et d’une complexité inventive étonnantes a pu devenir très populaire.

A.-M. M.

 M. Simon, Manuel Bandeira (Seghers, coll. « Poètes d’aujourd’hui », 1965).

Bangkok

En thaï Krung Thép ou Pra Nakhon, capitale et principal port de la Thaïlande, sur le Ménam Chao Phraya, à 20 km de la mer, au fond du golfe de Siam ; 2 200 000 hab.


Bangkok est en réalité formé de deux villes : Thonburi, sur la rive droite du fleuve, et Bangkok proprement dit, sur la rive gauche. Ces deux villes constituent ensemble le Grand Bangkok, dont la municipalité comprenait 1 703 000 habitants en 1960. Aujourd’hui, l’ensemble de l’agglomération dépasse largement 2 millions d’habitants.

La ville est établie au sud du delta du Ménam, sur la rive convexe d’un méandre de ce fleuve. Le site est une plaine amphibie dont il a fallu organiser le drainage par un réseau de canaux, les khlongs. La situation de la ville à proximité de la mer et sur la principale artère fluviale du royaume lui a permis d’être le grand port commercial de la Thaïlande. La fortune de Bangkok, qui date d’un siècle environ, est liée à sa fonction de capitale.


Évolution historique et espace urbain

À partir de 1765, les Birmans envahirent la plus grande partie du bassin du Ménam, s’emparèrent en 1767 d’Ayuthia*, l’ancienne capitale du Siam (à 70 km au nord de Bangkok), qu’ils détruisirent. Un général, Taksin (ou Phya Tak), put s’enfuir et installer à Thonburi, sur la rive droite du Ménam, une nouvelle capitale, où il se fit couronner à la fin de l’année 1767. Son successeur, Rāma Ier, construisit à partir de 1782 sa résidence sur l’autre rive du fleuve. Ce palais, entouré par une double ligne de fortifications, constitua le premier noyau de la ville de Bangkok, qui commença à se développer à l’abri du mur extérieur. Cette première ville fut construite à l’image de l’ancienne capitale Ayuthia sur une île artificielle, la rive convexe du méandre du Ménam ayant été recoupée par un canal. Ce fut d’abord un site défensif à l’abri des invasions birmanes venant de l’ouest. La croissance de Bangkok, provoquée par le développement de sa fonction commerciale, date de 1855, année où fut signé un traité avec l’Angleterre ouvrant le Siam au commerce international. Avec le début de l’influence occidentale et l’immigration massive des Chinois, la ville s’étendit vers le sud, le long de la rive du Ménam. À la fin du xixe s., Bangkok était déjà une grande ville, avec une population alors de l’ordre de 350 000 habitants.

Cette évolution fit de Bangkok une cité double : d’une part, la cité royale, centre du pouvoir politique, comprenant les ministères, les tribunaux, les principaux temples bouddhiques et le palais royal ; d’autre part, la cité commerciale, hors des murs, s’étendant à l’est et au sud, le long de New Road et dans le quartier de Sampeng (ville chinoise, elle comprenait les boutiques et les banques, ainsi que le siège des compagnies commerciales occidentales). Sur la rive droite du Ménam, Thonburi était une zone résidentielle thaïe quadrillée par des canaux que bordaient des maisons en bois sur pilotis entourées de vergers et sur lesquels flottaient des sampans, gros village plutôt que quartier urbain. Tout autour de Bangkok s’étendait une zone de cultures maraîchères occupée surtout par des Chinois. Alors que Thonburi connaissait un développement plus limité et ne perdait pas ses caractères originels, Bangkok n’a cessé, au xxe s., de s’étendre, surtout vers l’est et le sud. Cette croissance de la ville s’est particulièrement accélérée au cours des dernières années sous l’effet indirect de l’aide américaine. Le Grand Bangkok est devenu une métropole moderne tentaculaire. La plupart des canaux ont été recouverts par de larges avenues rectilignes aménagées pour la circulation automobile, en accroissement constant. De grands buildings, luxueux hôtels ou sièges de compagnies commerciales, voisinent avec des maisons de bois plus ou moins traditionnelles et des terrains vagues le long des nouvelles artères commerciales : Suriwongse, Silom, Sukhumvit. De nouveaux quartiers résidentiels et de loisirs (Erawan, Petburi) se sont créés. On retrouve un peu partout la suite ininterrompue des lotissements chinois à un ou deux étages, dont le rez-de-chaussée est une série continue de boutiques. L’ancienne cité royale s’est prolongée au nord par un quartier administratif, avec notamment le Parlement et le nouveau Palais royal — Rajdamnoen et Rajdvithi. Aujourd’hui, un nouveau quartier administratif et universitaire est en construction plus au nord, à Bangkhen, entre la ville et l’aéroport de Don Muang. De plus en plus, Bangkok apparaît comme une ville immense, se développant le long d’axes routiers, conçue en fonction d’une civilisation de l’automobile. Mais, entre ces grands axes, des maisons individuelles entourées de jardins à la végétation tropicale exubérante et des canaux meublent un espace encore peu urbanisé. Thonburi, avec ses marchés flottants, vit encore sur l’eau. Les quartiers populaires thaïs ont un aspect rural, et les bidonvilles sont très rares dans cette ville où l’espace ne manque pas.