Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
B

Balkans (suite)

 J. Ancel, Peuples et nations des Balkans (A. Colin, 1930). / G. W. Hoffman, The Balkans in Transition (New York, 1963). / A. Blanc, Géographie des Balkans (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1965) ; l’Économie des Balkans (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1965). / T. Stoianovich, A Study in Balkan Civilizalion (New York, 1967). / P. Y. Péchoux et M. Sivignon, les Balkans (P. U. F., coll. « Magellan », 1971).

ballet

Composition chorégraphique destinée à être représentée au théâtre, avec ou sans accompagnement musical, et interprétée par un ou plusieurs danseurs. Troupe qui interprète cette œuvre.



Origines du ballet

L’homme a toujours dansé ; mais, s’il a toujours su s’exprimer par gestes, il le fit longtemps d’une manière instinctive. Avec les gestes ordonnés, subordonnés à un rythme, celui des pieds ou des mains d’abord, celui de la musique ensuite, une première forme de spectacle naquit. L’Égypte, l’Inde et même la Chine, puis la Grèce et Rome ont laissé des sculptures, des peintures, des textes qui mettent en lumière l’importance des intermèdes dansés dans les spectacles (trio de danseurs des Guêpes d’Aristophane).

Au Moyen Âge, deux courants musicaux vont être à l’origine de la musique à « baller » : la musique polyphonique, savante et expressive ; la musique populaire, qui s’anoblit et enrichit ses rythmes. C’est ainsi que les gaillardes, les bergamasques, les lombardes apparaissent dans les cours princières. La danse par couple aura longtemps la faveur.

Chantée et dansée, la musique populaire réclame rapidement un vocabulaire étendu de pas. Elle incite à la création d’un spectacle. Ainsi, en Vénétie, danseurs et chanteurs alternant leurs réponses, structurent une action. Insensiblement, on sort des danses populaires et des danses de cour à forme fixe, des basses-danses. Les rondes du Moyen Âge disparaissent. Musique, poésie et danse se mêlent pour faire revivre le drame antique. C’est en Italie que ce genre nouveau voit le jour. Tous les maîtres à danser sont italiens (Domenico da Piacenza, Pompeo Diobono, Marco Fabrizio Caroso, Virgilio Bracesco, Cesare Negri, Guglielmo Ebreo [Guillaume le Juif]). Leurs « inventions » vont ouvrir la voie au ballet de cour. Le premier traité de l’histoire du ballet, De arte saltandi et choreas ducendi (De l’art de danser et de conduire les chœurs), écrit au début du xve s. par Domenico da Piacenza, dit aussi Domenico da Ferrara, met en évidence les cinq éléments constitutifs de la danse : la mesure, la manière (le comportement du danseur), la mémoire, la division du terrain (liée à l’importance des évolutions, qui conduira à ce que nous appelons espace scénique) et l’allure (l’élévation, l’élan). L’auteur décrit les pas de la luxuriante moresque, issue de l’histoire des combats entre chrétiens et infidèles. Guglielmo Ebreo emploie le premier le terme ballecto pour désigner une de ses inventions de rythmes et de pas, tandis que Milan connaît une nouvelle étape du ballet, le « brando » aux nombreuses improvisations, mentionné par Castiglione dans son Cortegiano (le Courtisan) [1528].

La Renaissance fait éclore en Italie spectacles et divertissements. Chaque ville les marque de son caractère.

À Florence, les représentations sacrées deviennent des « triomphes » qui laissent une place de plus en plus grande à la danse lorsque Laurent le Magnifique accueille des hôtes de marque. En 1489, Bergonzio Botta compose un grand spectacle, sur le thème de l’amour conjugal, à l’occasion du mariage de Jean Galéas Sforza et d’Isabelle d’Aragon. Bientôt, dans toute l’Italie et principalement à Milan (où Pompeo Diobono fonde la première école de danse, qui délègue ses maîtres à danser dans l’Europe entière), chaque mariage princier est à l’origine d’un nouveau spectacle. En 1490, Ludovic le More offre La Festa del Paradiso, dont les costumes et les machines sont conçus par Léonard de Vinci. Ces intermèdes, ces « entremets » (comme ceux donnés à Bruges en 1468 lors du mariage du duc de Bourgogne), plaisent aux spectateurs et interviennent même au théâtre, où souvent rien ne les amène. Ils deviennent une mode. Genre encore indéfini, ils mêlent peinture, musique, mime, danse, voire équitation.

En France, en 1393, à la cour de Charles VI, est dansé, comme le relate Froissart, le Bal des Ardents, de tragique mémoire puisque deux gentilshommes y périssent brûlés. Certains mariages franco-italiens (Valentine Visconti et le duc Louis d’Orléans) et les guerres d’Italie révèlent aux seigneurs français le faste des fêtes princières. Charles VIII, Louis XII sont séduits ; François Ier engage des artistes italiens. Le mariage de son fils, le futur Henri II, avec Catherine de Médicis, ouvre la mode italianisante en même temps que fleurissent la Pléiade et l’humanisme, et que Jean Antoine de Baïf recherche une fusion harmonique de la musique, de la poésie et de la danse, fondée sur la métrique antique.

Tandis que les spectacles de cour s’implantent en France, le genre lyrique évolue en Italie, s’infléchissant rapidement vers l’opéra. L’Angleterre d’Henri VIII, puis de Jacques Ier voit naître et s’épanouir le « mask ». Le poète Ben Jonson et le décorateur Inigo Jones en font un spectacle original où interviennent la danse et les machineries. En 1577, la venue à la cour d’Henri III de la première troupe de comédiens italiens met à la mode la pastorale dramatique.

Arrivé à Paris en 1555 avec le maréchal de Brissac, Baldassarino ou Baltazarini di Belgioioso (Balthazar de Beaujoyeux), « le meilleur violoniste de la chrétienté », entouré des compositeurs G. de Beaulieu et J. Salmon, du peintre et décorateur Jacques Patin, dispose de tous les matériaux nécessaires pour créer le 15 octobre 1581, à l’occasion des noces du duc de Joyeuse et de Mlle de Vaudémont, le Ballet comique de la Reine, le premier des ballets de cour, genre qui va s’imposer en France pendant environ un siècle.

L’œuvre : les genres et les formes

ballet abstrait, ballet sans argument (Agon, de George Balanchine, 1957).

ballet académique, ballet composé de pas appartenant à l’école académique ou classique.

ballet d’action ou ballet pantomime, ballet où la pantomime prévaut sur la danse et où le chant est presque inexistant (Médée et Jason [1763], de Noverre).

ballet blanc ou ballet romantique, ballet caractérisé par le port du tutu long de mousseline blanche, par l’utilisation des pointes, en vogue à partir de la création de la Sylphide (1832).

ballet de cour, ballet dansé de la fin du xvie s. à la fin du xviie s. par les rois et leurs courtisans.

ballet à entrées, composé de parties n’ayant que peu de rapport entre elles.

ballet équestre, ballet exécuté par des chevaux montés et très en vogue, surtout en Allemagne, dans les fêtes de cour données aux xvie et xviie s.

ballet mascarade, ballet mêlé de pantomime, de danse et d’acrobaties (Ballet des Échecs, 1607).

ballet sériel, ballet composé sur le schéma de la partition de musique dodécaphonique (Suite viennoise [1962], de Maurice Béjart, qui réunit Espace de Schönberg, Temps de Webern, Matière de Berg).

ballet solfège, ballet dont la chorégraphie est réglée phrase musicale par phrase musicale, parfois jusqu’à une unité de composition inférieure à la mesure.

ballet symphonique, ballet composé sur le même argument que celui de la partition musicale de la symphonie qu’il illustre (les Présages, de Léonide Massine [1933], sur la Ve Symphonie de Tchaïkovski).

chorédrame, drame dansé, dont la création est due, au début du xixe s., au chorégraphe italien Salvatore Vigano.

comédie-ballet, comédie entrecoupée de danses (le Bourgeois gentilhomme, 1670).

entremets, intermèdes exécutés entre les différents « mets » des festivités données au Moyen Âge.

opéra-ballet, opéra composé de plusieurs actes indépendants, chantés et dansés (l’Europe galante, de Campra, 1697).

tragédie-ballet, tragédie lyrique dans laquelle le récit reste prépondérant, mais où la danse intervient au cours de l’action (Cadmus et Hermione, de Lully, 1673).