Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Bactéries (suite)

La transduction est un transfert génétique obtenu par introduction dans une Bactérie réceptrice de gènes bactériens injectés par un bactériophage. Il s’agit d’un virus infectant certaines Bactéries sans les détruire, et dont l’ADN s’intègre au chromosome bactérien. La particule phagique transduite a souvent perdu une partie de son génome, qui est remplacée par un fragment du gène de la Bactérie hôte, laquelle est ainsi injectée à la Bactérie réceptrice. Selon le type de transduction, n’importe quel gène peut être transféré ou au contraire un groupe de gènes précis.


Variations extrachromosomiques

À côté des mutations et des transferts génétiques, l’hérédité bactérienne peut être modifiée par les variations intéressant certains éléments extrachromosomiques se divisant avec la cellule et responsables de caractères transmissibles : ce sont des plasmides et les épisomes, parmi lesquels le facteur de transfert de résistance multiple joue un rôle majeur dans la résistance aux antibiotiques.


Moyens d’étude des Bactéries


L’étude morphologique

Elle est faite au microscope ordinaire le plus souvent. Les Bactéries peuvent être examinées à l’état frais, ou après coloration.

• À l’état frais, on examine le produit en cause entre lame et lamelle. Cet examen permet de rechercher la mobilité et l’existence d’une capsule, après addition d’encre de Chine (la capsule apparaît comme un halo clair). Dans certains cas, il faut utiliser un microscope à fond noir (Spirochètes).

• Des colorations sont utilisées pour mettre en évidence les différents éléments de la préparation « fixée » préalablement.

Les colorations simples (bleu de méthylène) colorent de manière identique tous les éléments. On se sert donc de colorations plus complexes. La coloration de Gram est la plus utilisée. On colore les Bactéries par le violet de gentiane. Un mordançage est effectué par le lugol (solution iodo-iodurée) ; on fait ensuite agir l’alcool, qui enlève le violet aux Bactéries non mordancées. Les Bactéries restant colorées en violet sont dites Gram positives. Les Bactéries décolorées sont recolorées en rose par la fuchsine : elles sont Gram négatives. L’obtention d’une bonne différenciation demande une certaine expérience.

Des colorations spéciales peuvent mettre en évidence les capsules, les spores, les noyaux, les cils. La coloration de Ziehl est utilisée pour les bacilles tuberculeux et les autres Mycobactéries, qui sont acido-alcoolo-résistantes (la coloration par la fuchsine résiste à l’action de l’alcool et à celle de l’acide).

Au terme de cette étude morphologique, on peut décrire la Bactérie étudiée. Il peut s’agir de coques (petites sphères) Gram positifs ou négatifs, isolés ou groupés en amas, ou en chaînettes plus ou moins longues. Il peut s’agir de bacilles (bâtons) mobiles ou immobiles, et dans ce cas parfois capsulés. Ces bacilles peuvent être Gram positifs ou négatifs. Ils peuvent être isolés ou groupés en amas, ou assemblés en chaînettes. Ils peuvent avoir des extrémités rondes ou carrées, être très courts, homogènes ou à coloration bipolaire, ou très longs, parfois filamenteux. Mais ces caractères n’ont pas de valeur absolue. En effet, la morphologie peut varier, ainsi que la mobilité, et il est nécessaire de revoir le germe après culture de 24 heures, qui permet de réaliser un isolement correct.


L’isolement des Bactéries

Il est nécessaire à l’identification, pour étudier la population issue d’un germe. En cas de produit pathologique contenant plusieurs germes (crachat, selle), il est nécessaire de faire une culture après ensemencement sur gélose en boîte de Petri, de telle sorte que chaque germe donne naissance à une colonie séparée des autres. Ces colonies seront étudiées macroscopiquement (taille, forme, couleur) et microscopiquement.

Même si le produit pathologique ne contient a priori qu’un seul germe, on procède à un isolement de principe.

Dans certains cas, il est nécessaire de recourir à des artifices favorisant la croissance d’un germe, en inhibant les autres. Pour certains germes, il faut utiliser des milieux enrichis de sang, de sérum.

L’isolement des germes anaérobies est plus délicat. Il est nécessaire d’ensemencer des tubes de gélose profonde, ou des géloses en boîte de Petri placées dans des cuves sans oxygène.


L’identification des Bactéries

Elle nécessite, du fait des étapes qui y mènent, un délai de quelques jours.

1. On recherche tout d’abord les critères morphologiques.
2. On étudie ensuite les critères culturaux.
— Il s’agit d’abord des conditions de culture. La majorité des Bactéries sont aéro-anaérobies facultatives, mais certaines sont aérobies strictes, ce qui est un important critère diagnostique. La majorité des Bactéries croissent à un pH presque neutre. Certaines cependant cultivent en milieu alcalin.
C’est pourtant la température optimale de culture qui semble l’élément le plus intéressant. Presque tous les germes pathogènes cultivent à 37 °C. Certains cependant n’ont pas à cette température leurs caractères typiques de mobilité, d’où l’utilisation d’étuves à 30 et 37 °C.
De même, la durée d’incubation est importante. La majorité des germes poussent en 24 heures, mais certains ne cultivent qu’en 24 jours, les bacilles tuberculeux en 3 semaines.
— Les exigences particulières de certains germes, tels les hémophiles, en facteurs de croissance spécifiques peuvent être d’un grand appoint pour l’identification.
— L’aspect des colonies est fondamental ; leur pigmentation, leur taille, leur forme, mais aussi leur opacité, leur caractère muqueux, sont très importants. Elles sont le plus souvent lisses, parfois rugueuses.


L’identification biochimique

Elle étudie l’équipement enzymatique des Bactéries sur les milieux convenables, en mettant en évidence les produits élaborés par des réactions biochimiques. On examine essentiellement les métabolismes glucidique et protidique, accessoirement le métabolisme lipidique. On recherche la résistance aux conditions particulières de l’hypertonicité, ou hypersalinité du milieu. L’étude antigénique est importante pour certains germes. On utilise des immun-sérums soit pour une réaction de précipitation (streptocoque), soit pour des agglutinations (salmonelles), qui permettent d’établir véritablement la carte d’identité antigénique de la Bactérie.