Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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zoologie (suite)

Démocrite (v. 460 av. J.-C. - v. 370) [v. matérialisme], esprit encyclopédique, fut le plus naturaliste des philosophes dits « présocratiques ». Il s’intéressait à l’anatomie des animaux inférieurs et supérieurs, qu’il divise le premier en deux groupes suivant la présence de sang rouge (enaima) ou son absence (anaima), cette classification devant être reprise par Aristote.

On trouve également des animaux mentionnés dans un des volumes (Peri Diaitis) composant le Corpus Hippocraticum, où ils sont considérés sous l’angle de leur valeur alimentaire et classés en fonction de leur degré de domestication et de leur comportement.

C’est Aristote* qui est le véritable fondateur de la zoologie par ses trois traités : De l’histoire des animaux, Des parties des animaux, De la génération des animaux, dont le texte, à l’origine illustré de figures malheureusement perdues, constitue l’essentiel de cours professés au Lycée, à Athènes. Partisan de l’observation directe, Aristote étudia les animaux dans la nature (en particulier la faune marine) et compléta les données ainsi obtenues par des enquêtes minutieuses auprès des bergers, des chasseurs, des agriculteurs, des pêcheurs, des marins, etc., qui, par leurs occupations, étaient amenés à connaître diverses espèces sauvages ou domestiques.

On estime à environ 400 le nombre d’animaux qu’il connaissait et dont il avait disséqué une cinquantaine. Il les divisait, comme Démocrite, en deux grands groupes : les enaima (Vertébrés) et les anaima (Invertébrés). Son Histoire des animaux est moins une « zoologie » qu’un ouvrage d’anatomie et d’éthologie. Il y compare les données concernant l’organisation des animaux pour faire ressortir leurs ressemblances et leurs dissemblances. Ses observations, tant anatomiques qu’éthologiques, sont remarquables, et certaines d’entre elles n’ont été confirmées qu’au siècle dernier : ainsi les mœurs curieuses du Poisson qui porte son nom (Parasilurus Aristotelis), dont le mâle surveille les œufs ; la pseudo-placentation du squale Mustela lævis ; la locomotion de l’Argonaute (Mollusque Céphalopode).

Le grand philosophe grec avait placé, le premier, correctement, les chauves-souris dans la classe des Mammifères et avait pressenti la parthénogenèse chez l’abeille.

Aristote est aussi un précurseur de l’écologie (étude des organismes en fonction du milieu) et de la zoogéographie (répartition des animaux suivant les divers pays et régions du globe). Comme anatomiste, il a établi, le premier, le principe d’homologie structurale entre divers caractères : il note ainsi que les insectes à deux ailes (Diptères) ont leur « aiguillon » (= pièces buccales piqueuses) à la partie antérieure, tandis que ceux qui ont quatre ailes (Hyménoptères) l’ont à la partie postérieure (abdomen).

Pour classer les animaux, Aristote a utilisé les vocables d’espèce (eidos), qui correspondrait à ce terme tel qu’on l’entend aujourd’hui, et de genre (genos), qui irait du sous-genre au phylum actuels.

Toute imparfaite qu’elle est, l’œuvre zoologique d’Aristote devait avoir une influence prépondérante jusqu’au xviie s., car aucun naturaliste inséré dans son temps n’a apporté plus que lui.

Théophraste (v. 372 av. J.-C. - v. 287) [v. botanique] connut bien Aristote, à qui il succéda à la direction du Lycée. Quoique botaniste, il fit de nombreuses et bonnes observations sur les Insectes nuisibles aux plantes cultivées et également sur le comportement de divers animaux (insectes, oiseaux).

Parmi les autres auteurs de la Grèce ancienne ayant fait œuvre de zoologiste, il faut citer : Xénophon*, qui dans ses Cynégétiques donne des renseignements très précis sur les diverses races de chiens et sur les lièvres ; Oppien de Cilicie (v. 150 apr. J.-C.), qui a écrit un poème sur la pêche (Halieutiques) où l’on trouve, mêlées à diverses légendes, quelques bonnes observations sur les Invertébrés (Crustacés, Échinodermes, Mollusques) et les Vertébrés marins (Poissons, Cétacés) ; Oppien d’Apamée (iiie s. apr. J.-C.), qui a écrit un poème sur la chasse (les Cynégétiques) bien inférieur à celui de son homonyme. On trouve également des données zoologiques dans les œuvres de divers auteurs médicaux : Nicandre (iie ou iiie s. av. J.-C.), Dioscoride (ier s. apr. J.-C.), Philoumenos (iie s. apr. J.-C.) ; elles concernent des animaux venimeux (insectes, arachnides, serpents) ou parasites, ainsi que diverses espèces utilisées dans la matière médicale de l’époque.

Il faut enfin mentionner les excellentes représentations animales dans l’art crétois (taureaux et autres Ruminants, dauphins, poissons, Mollusques, etc.) et dans l’art grec classique.


Rome

La contribution des anciens Romains à la zoologie n’est qu’un pâle reflet de celle de la Grèce. Leur principal naturaliste est Pline l’Ancien (23-79), auteur d’une Naturalis Historia, vaste encyclopédie en 37 livres dont plusieurs concernent les animaux. Malheureusement, avec Pline, la zoologie a perdu son caractère scientifique pour faire place aux légendes les plus invraisemblables et s’orienter résolument vers des buts utilitaires. Bien souvent, il paraphrase Aristote en négligeant ce que ce dernier apportait de nouveau ou d’intéressant et en ajoutant des faits médiocres ou erronés. Il relate, de plus, sans le moindre esprit critique, toutes sortes de « légendes zoologiques » sans aucun fondement et croit ferme à l’existence d’animaux purement imaginaires (dragon, basilic, etc.). Il s’agit, de plus, d’une compilation et non de faits observés dans la nature. Son seul mérite est de nous donner un état des connaissances de l’Antiquité classique sur l’emploi des animaux dans la matière médicale populaire, et, d’autre part, la Naturalis Historia constitua pendant presque quinze siècles le principal ouvrage de référence en zoologie. Les agronomes latins (Columelle, Caton, Varron) sont beaucoup plus intéressants, car il s’agit d’auteurs ayant observé divers animaux domestiques (cheval, bétail) ou des espèces utilisées pour l’alimentation (escargots, huîtres, poissons), sur lesquels ils donnent des renseignements de première main.