Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Zambie (suite)

L’agriculture commerciale correspond essentiellement aux trois secteurs suivants de colonisation agricole européenne, où il existe environ un millier d’exploitations : le long de la voie ferrée entre le Copper Belt et Maramba, région de beaucoup la plus importante (tabac, coton, maïs, élevage industriel) ; autour de Chipata, près de la frontière du Malawi (tabac, maïs) ; dans la région de Mbala, dans l’extrême Nord, au sud du lac Tanganyika (café). Le tabac constitue la première exportation agricole. Il existe un plan de développement agricole par irrigation de 4 000 ha dans la vallée de la Kafue.

Le Copper Belt, prolongement méridional de la zone cuprifère du Katanga (auj. Shaba), est à la fois la première région urbaine et la première région économique de la Zambie, puisque le cuivre représente ; 50 p. 100 du produit national brut, 60 p. 100 des recettes budgétaires et 90 p. 100 des exportations. Les réserves sont estimées à 1 milliard de tonnes de métal à teneur comprise entre 3 et 5 p. 100. Les principales mines sont à Luanshya, à Kitwe, à Chingola, à Mufulira, à Kalulushi et à Chilibabombwe. La production dé métal, de 5 400 t en 1926, de 315 000 t en 1951, s’est élevée à 718 000 t en 1972. Le cobalt, associé au cuivre à Nkana et Chibuluma, est raffiné à Ndola.

En plus du cuivre et du cobalt, la Zambie exploite le plomb et le zinc à Kabwe ; elle produit aussi du manganèse (à Mansa et à Mkushi), du zinc, du nickel, du sélénium, de l’or et de l’argent.

L’un des points faibles de l’économie était sa dépendance du charbon rhodésien de Wankie, mais, depuis 1966, le gisement de Maamba a été mis en exploitation (production voisine de 1 Mt par an). Une centrale thermique a été construite à Maamba.

L’indépendance vis-à-vis de la Rhodésie sur le plan de l’énergie électrique est aussi en voie d’acquisition avec la mise en route de la deuxième tranche du barrage de la Kafue (150 MW) et l’achèvement de la centrale de Kariba-Nord, symétrique (sur la rive zambienne) de celle de Kariba-Sud (sur la rive rhodésienne).

Un autre point faible demeure l’insuffisance des voies de communication, qui maintient de vastes régions à l’écart de toute évolution économique. Longtemps a existé une seule voie ferrée, reliant le Copper Belt à la Rhodésie et par laquelle transitait le cuivre. Mais, depuis 1975, le Copper Belt est relié à la Tanzanie et à Dar es-Salaam par le nouveau chemin de fer « Tanzam » (1 900 km), construit avec l’aide de la République populaire de Chine. Toujours pour éviter le transit à travers la Rhodésie, deux axes routiers nouveaux ont été goudronnés, l’un de Kapiri Mposhi à la frontière de la Tanzanie (900 km), l’autre de Lusaka, à la frontière du Malawi (750 km).

R. B.


L’histoire

Les restes préhistoriques de Broken Hill (auj. Kabwe) attestent la présence d’un hominien du type de l’homme de Neandertal dès le Paléolithique moyen. Depuis une époque lointaine, le peuplement de cette région s’est constitué en vagues successives. Les chasseurs bochimans furent refoulés à partir du début de notre ère par des groupes pratiquant l’agriculture, l’élevage et la métallurgie.

Les premières dates de l’âge du fer y sont beaucoup plus précoces (environ le ier s.) qu’on ne le pensait autrefois. Plusieurs hypothèses sont en présence : foyer d’invention en Afrique zambézienne, influences venues du bassin du Congo, échanges anciens avec la côte de l’océan Indien. La mise en place des langues bantoues a souvent été associée avec la diffusion de la métallurgie du fer. En l’occurrence, cette association n’est pas assurée. En tout cas, les ancêtres des ethnies actuelles se sont implantés entre la fin du Ier millénaire de notre ère et le xixe s.

Vers 1800, cette région est une mosaïque de peuples, dont la plupart sont matrilinéaires (notamment vers le sud et l’ouest) et certains patrilinéaires. Les mouvements et les échanges continuent à se faire selon des axes ouest-est. Les trois ensembles les plus structurés sont alors le groupement des chefferies bembas (qui tend à s’unifier dans la première moitié du siècle), le royaume du Kazembé, un satellite de l’Empire lounda à cheval sur le Shaba (Katanga) et la Zambie actuels, enfin le royaume des Lozis, dont les populations variées sont intégrées dans le cadre d’une complémentarité écologique entre zones forestières et plaines alluviales.

Mais des pressions nouvelles vont s’exercer, venues, cette fois, du sud et du nord. Depuis la fin du xviiie s., des Portugais ou des métis venus de l’Angola ou du Mozambique atteignent le pays. Le mouvement zoulou entraîne des contrecoups au nord du Zambèze : en 1835, le chef ngoni Zwangendaba franchit le fleuve et une partie de ses guerriers vont s’installer au nord-est du pays ; cinq ans plus tard, un groupe d’origine sotho, les Kololos, impose son autorité et même sa langue aux Lozis, mais ceux-ci prendront leur revanche en 1864. Dès les années 40, des Arabes et des Swahilis venus de la côte orientale introduisent la traite. Ils sont concurrencés par des Nyamwezis venus du nord. Vers 1860, l’un de ceux-ci, Msiri, entame la dislocation de l’État du Kazembé. En revanche, les chefs bembas savent tirer profit de ces échanges, sources de produits nouveaux (cotonnades et armes à feu). La pénétration européenne se précise. Entre 1851 et 1873, Livingstone* poursuit ses explorations dans les régions du Zambèze et du haut Congo. Dès 1878, le protestant français François Coillard (1834-1904) s’installe chez les Lozis.

Toutefois, les missions évangéliques rayonnent surtout à partir du Nyassaland. L’élément décisif est le projet de Cecil Rhodes* d’un axe britannique du Cap au Nil. La Compagnie britannique d’Afrique du Sud (British South Africa Company [BSA]) qu’il a fondée, signe en 1890 un traité avec le roi des Lozis, Lewanika, lui concédant l’exclusivité des droits commerciaux et miniers dans la région du Barotseland.

Mais la progression belge vers le sud et la victoire de l’État du Congo sur Msiri en 1891 bloquèrent les ambitions de Cecil Rhodes. Entre 1895 et 1898, la Compagnie élimina les marchands islamisés et contrôla les régions comprises entre le lac Nyassa et le lac Tanganyika. L’ensemble situé au nord du Zambèze fut unifié administrativement en 1911 sous le nom de Rhodésie du Nord. Pourtant la Compagnie négligea la mise en valeur de ce pays, qui lui semblait pauvre. Celui-ci était une zone de transit entre le Katanga et l’océan Indien (chemin de fer achevé en 1909). L’introduction de la capitation déclencha les premières migrations de travailleurs africains. Les quelque 3 000 Européens, mécontents de la tutelle de la BSA, dont le mandat arrivait à expiration, obtinrent en 1924 le statut de protectorat de la Couronne. La Compagnie garda ses droits miniers.