Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Xanthophycées

Végétaux aquatiques, qui étaient autrefois appelés « Algues vertes hétérocontées » ou Hétérocontes.


Ce sont en effet des Algues* surprenantes, car, bien que de couleur verte, comme les Chlorophycées*, elles portent, lorsqu’elles en sont pourvues, des flagelles par paires mais inégaux entre eux, alors que ceux des Chlorophycées sont identiques. D’autres critères différentiels ont été découverts, par exemple l’absence d’amidon, et nous devons aujourd’hui considérer les Xanthophycées comme un phylum spécial, plus proche des Algues brunes que des Algues vertes. D’ailleurs, si la couleur habituelle est verte, on connaît des espèces jaunes ou brunes : les Tribonema d’eaux douces sont vert clair, mais le Tribonema marin est jaune doré. L’ensemble des caractères relevés permet donc de placer les Xanthophycées dans le vaste ensemble des Algues brunes, entre les Diatomées et les Chrysophycées.

Puisqu’il s’agit d’un phylum spécial, il n’est pas étonnant que les Xanthophycées se présentent sous des formes différentes. Certaines sont unicellulaires. D’autres sont filamenteuses, et nous reviendrons sur la curieuse division de leurs cellules. Les plus connues sont cénocytiques, c’est-à-dire qu’elles sont constituées d’un ensemble à nombreux noyaux, mais sans cloisons délimitant les cellules. L’enveloppe générale peut être globuleuse, comme dans le genre Botrydium, ou encore en filament ramifié, comme dans le genre Vaucheria.

Les Vaucheria, que l’on trouve encore parfois classées par erreur dans les Chlorophycées, sont des plantes très communes et qui constituent des gazons plus ou moins denses et étendus dans les eaux douces et sur les vases salées du littoral. Elles sont constituées par des tubes, que l’on appelle siphons, assez gros pour être très bien reconnaissables à l’œil nu. La membrane est très résistante ; le cytoplasme, périphérique, renferme de nombreux noyaux et de nombreux plastes petits et verts ainsi que des gouttelettes d’huile qui représentent la principale réserve alimentaire de la plante. Le centre est occupé par une vaste vacuole. La reproduction est facile à observer et très intéressante. On peut voir des extrémités de filaments se cloisonner et, à l’intérieur de la logette ainsi formée, se constituer une grosse boule verte à cytoplasme dense ; cette boule sortira du tube par un orifice de la cloison, et l’on pourra voir alors que toute sa surface est couverte de flagelles courts, mais nombreux. Ces flagelles sont disposés par paires, mais inégaux entre eux dans chaque paire ; de plus, chaque paire de flagelles correspond à un noyau sous-jacent, ce qui rappelle l’organisation des formes cellulaires banales ; les Vaucheria sont donc presque sûrement des formes cellulaires devenues secondairement cénocytiques, même si, dans leur évolution, il n’a pas existé de stade pluricellulaire.

Pour la reproduction sexuée, la plante émet un appendice latéral droit ou courbé en boucle, dont l’extrémité se cloisonne ; dans la logette ainsi formée se constituent les gamètes mâles, très petits et flagellés. D’autres appendices cloisonnent encore une logette terminale dans laquelle un œuf unique, gros et immobile, se différencie ; celui-ci est fécondé sur place par les gamètes mâles, qui ont nagé dans l’eau ; il s’enkyste ensuite, puis germera en donnant de nouveau des filaments cénocytiques.

Les algues du genre Tribonema, très connues dans les eaux douces, sont des filaments formés de cellules disposées bout à bout, mais, si on les examine soigneusement, on voit que la membrane de chaque cellule, au milieu, présente une sorte de scissure ; lors de la division de la cellule, il se forme un diaphragme intérieur avec deux expansions cylindriques de chaque côté, ce qui fait que, vu en coupe, l’ensemble ressemble à la lettre H. Ce type de division ressemble à celui des Diatomées, où les cellules filles conservent chacune une valve de la cellule mère et reconstituent une nouvelle valve toujours interne. Une telle division est très rare dans le monde vivant.

Dans certains cas, les Xanthophycées peuvent engendrer des kystes à parois siliceuses, constituées de deux parties presque égales, tandis que, chez les Chrysophycées, une des parties est beaucoup plus petite que l’autre. On retrouve des kystes comparables chez les Diatomées, et il y a là encore un point commun remarquable entre les trois groupes.

M. D.

Xenakis (Yannis)

Compositeur français d’origine grecque (Brăila, Roumanie, 1922), naturalisé en 1965.


Marqué dans son enfance par la musique populaire et la liturgie byzantine, Yannis (ou Iannis) Xenakis vit en Grèce dès 1932. Il poursuit parallèlement sa formation de musicien et de polytechnicien, assimilant la pensée des musiciens classiques au conservatoire d’Athènes et s’orientant en même temps vers les mathématiques et l’architecture. Durant toute la guerre, il prend le maquis, se battant contre l’occupant nazi, jusqu’au 1er janvier 1945, jour où il est grièvement blessé et perd un œil. Capturé, puis condamné à mort, il réussit à s’enfuir, mais, après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur, il se trouve de nouveau en butte à l’hostilité du régime grec réactionnaire au pouvoir et ne sauve sa vie qu’en s’exilant clandestinement à la fin de 1947 ; il ne reverra son pays que vingt-sept ans plus tard, après l’effondrement du régime des colonels.

Il se fixe définitivement à Paris, poursuivant ses études musicales avec Honegger, Milhaud et surtout Messiaen*. Celui-ci encourage d’emblée ses recherches, approuvant sa rupture d’avec le folklorisme et le néo-classicisme. À partir de 1950 et pour dix ans, Xenakis devient l’assistant de Le Corbusier*, collaborant à la réalisation des célèbres Cités radieuses de Marseille et de Nantes-Rezé, du couvent de la Tourette et concevant seul le fameux pavillon Philips de l’Exposition universelle de Bruxelles de 1958, dont la musique est de Varèse et le spectacle intérieur de Le Corbusier. Jusqu’à ce jour, il n’a jamais cessé de travailler à de très importants plans d’architecte.