Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
W

Wright (Richard) (suite)

En 1945, Wright publie son autobiographie, Black Boy (Jeunesse noire), qui attire l’attention de Sartre et est publiée dans les Temps modernes. Sa carrière prend alors une nouvelle dimension internationale. Il se lie avec Sartre et Simone de Beauvoir, et publie The Outsider (le Transfuge, 1953), qui témoigne de cette évolution du marxisme engagé à l’existentialisme. Le héros, Cross Damon, se fait passer pour mort dans un accident pour échapper à sa femme, à ses trois enfants et à une maîtresse enceinte. Empâté de philosophie, le livre n’a pas la force du précédent.

Wright s’installe alors à Paris, accueilli et fêté par la gauche. Mais son inspiration expatriée se sclérose. Il devient un littérateur, déchiré entre les ghettos noirs de son enfance et l’intelligentsia de la gauche européenne. La nouvelle génération des écrivains noirs lui reproche d’être un « expatrié ». Il publie encore des romans : The Long Dream (1958), récit de la jeunesse d’un Noir au Mississippi, Lawd today (Bon sang de bonsoir, 1963), œuvre posthume sur la journée d’un employé noir de Chicago, et un recueil de nouvelles, Eight Men (Huit Hommes, 1961). Il se consacre surtout à des reportages : Black Power (Puissance noire, 1954), sur la Côte-d’Ivoire, qui lance la formule « Pouvoir noir » ; The Color Curtain (Rideau de couleur, 1955), sur la conférence de Bandung ; White Man, Listen ! (Écoute, homme blanc !, 1957). Il meurt à Paris, en 1960, d’une maladie amibienne, après avoir quitté le parti communiste.

Écrivain inégal, déchiré, Wright a fait une œuvre de pionnier. Il a eu la malchance, ayant posé le problème noir dans sa dimension socialiste, de vivre entre la génération soumise et la nouvelle génération, exaspérée par les lenteurs de l’émancipation. Son œuvre témoigne avec talent, mais paraît dépassée par les nouveaux écrivains noirs américains.

J. C.

 R. A. Bone, The Negro Novel in America (New Haven, Connect., 1958 ; nouv. éd., 1965). / W. Allen, The American Negro Writer and his Roots (New York, 1960). / C. Webb, Richard Wright. A Biography (New York, 1968). / R. C. Brignano, Richard Wright. An Introduction to the Man and his Works (Pittsburgh, 1969). / K. Kinnamon, The Emergence of Richard Wright. A Study in Literature and Society (Chicago, 1972).

Wrocław

V. de Pologne, capit. de la voïévodie qui porte son nom.



La situation

L’une des plus grandes villes polonaises, capitale historique de la Basse-Silésie, évêché slave au xie s., elle tomba sous la domination germanique au xive s. et fut connue dès lors sous le nom de Breslau. Propriété des Habsbourg en 1526, elle fut annexée par la Prusse en 1742 avec la plus grande partie de la Silésie* ; elle redevint polonaise après la Seconde Guerre mondiale. Comptant 500 000 habitants en 1910, 621 000 en 1939, 170 000 en 1945 (à la Libération), 512 000 en 1968, 531 000 en 1971, c’est une des rares villes polonaises à n’avoir pas encore retrouvé le nombre d’habitants de l’époque allemande. Entièrement détruite en raison des combats qui se poursuivirent après l’armistice du 8 mai 1945, Wrocław n’est pas encore entièrement reconstruite, mais sa population polonaise a complètement changé la physionomie de la cité.

La position et le site sont originaux. Wrocław est située au bord de l’Odra (Oder), sur laquelle s’effectue un trafic non négligeable. L’ensemble est dissymétrique. La ville s’étale dans une plaine de la rive gauche, tandis que quelques quartiers forment une tête de pont sur la rive droite. L’Odra se divise en bras multiples. La vieille ville est limitée par le fleuve et un canal de dérivation. Plusieurs îles de l’Odra (Ostrów Tumski, Ostrów Piaskowy) ont été occupées dès le Moyen Âge ; sur elles ont été élevées l’église Notre-Dame-des-Sables et la cathédrale, à l’emplacement d’une ancienne cité fondée par les Slaves. Mais c’est en majeure partie sur la rive gauche de l’Odra que s’étend la vieille ville. Elle comprend la place du Marché (Rynek), l’hôtel de ville, le Musée historique, l’église Sainte-Élisabeth et, au bord de l’Odra, le quartier de l’université, avec la bibliothèque Ossoliński (Ossolineum).

Tous ces édifices, partiellement ou entièrement détruits pendant la Seconde Guerre mondiale, ont été reconstruits, comme à Varsovie, dans le style de l’époque. La nouvelle université a été inaugurée en 1946 ; elle compte actuellement cinq facultés et accueille 7 000 étudiants, ce qui la place, pour ses effectifs, au deuxième ou au troisième rang en Pologne.

La reconstruction de la ville s’est accompagnée de son repeuplement. Quelques milliers d’Allemands, vieillards, malades et infirmes ou partisans de la cause polonaise, sont restés, sans qu’on en connaisse le nombre exact. Le peuplement nouveau est venu de l’« intérieur » de la Pologne et des régions orientales faisant maintenant partie de la Biélorussie et de l’Ukraine : Polonais en majorité, Ruthènes au nombre de plusieurs milliers. Cette population reste au début des années 70 fort jeune ; le pourcentage d’actifs est plus élevé que dans les villes de l’intérieur et la population scolarisée atteint un taux proche de 50 p. 100. La ville-creuset symbolise ainsi l’effort de reconstruction dans ce qu’on appelle en Pologne les « territoires récupérés ». Si Wrocław n’a pas atteint et dépassé son chiffre de 1939, c’est qu’elle a souffert du repeuplement des campagnes et aussi du sentiment d’insécurité qui a animé la population des nouveaux colons jusqu’à ces dernières années. Elle bénéficiera du traité germano-polonais de 1970.

Ainsi définie, la ville apparaît surtout comme un gros centre, de services, culturel et intellectuel. Mais le secteur industriel, déjà représenté avant la guerre, commence à se développer, grâce à des plans établis spécialement en faveur de l’industrie d’aval de la Haute-Silésie. C’est ainsi qu’on dénombre : une entreprise de fabrication de matériel ferroviaire ; une grosse usine de mécanique ; l’entreprise de machines et moteurs électriques de Basse-Silésie ; des industries agricoles, alimentaires et textiles. En outre, l’activité du port fluvial, d’où les péniches gagnent Szczecin, s’accroît chaque année. Mais pas plus qu’à Opole, située en amont sur le fleuve, on ne trouve d’industrie lourde.