En pinyin Wuhan, v. de Chine, capit. du Hubei (Hou-pei*) ; 2 500 000 hab. en 1960.
Wuhan, au confluent du Yangzijiang (Yang-tseu-kiang) et de son principal affluent, le Hanshui (Han-chouei), est une conurbation qui regroupe administrativement depuis 1945 trois villes jusque-là distinctes : Hankou (Han-k’eou), Hanyang (Han-yang) et Wuchang (Wou-tch’ang). Hankou, au nord et en aval du confluent, était une ville commerçante, qui a englobé de 1861 à 1945 une « concession » britannique. Hanyang, entre le Han et le Yangzijiang, est une création récente, mais un des plus anciens centres industriels chinois. Wuchang, sur la rive sud du Yangzijiang, est une ville ancienne, centre administratif, qui resta enfermée dans ses murs jusqu’en 1928.
Le site est majestueux, mais il présente de graves inconvénients, à cause du danger d’inondation : le Yangzijiang a des crues énormes, le Han est une rivière dangereuse et ce centre du Hubei est une zone semi-amphibie. Jusqu’à une époque très récente (1956) et à l’achèvement de travaux considérables, les crues menaçaient les trois villes. Par contre, la position, au cœur de la Chine orientale, est remarquable. Wuhan est d’abord un grand port sur le Yangzijiang. Aujourd’hui, c’est le terminus de la navigation maritime, pour des navires de 10 000 à 15 000 t ; la navigation est ensuite possible pour des navires plus petits jusqu’à Yichang (Yi-tch’ang) et pour des navires spéciaux jusqu’à Yipin, mais il y a ici un point de rupture de charge. La navigation est possible au nord sur le Han : elle atteint aujourd’hui Xiangfan (Siang-fan) pour des navires de 500 à 1 000 t ; vers le sud, la navigation atteint Changsha (Tch’ang-cha) [capit. du Hunan (Hou-nan*)] et, par jonques, remonte traditionnellement la Xiang (Siang) jusqu’au pied du col de Cheling. Ainsi, Wuhan, située sur une admirable voie fluviale est-ouest, commande aussi les relations nord-sud : vers Xi’an (Si-ngan), antique capitale, par le Han ; vers Luoyang (Lo-yang), antique capitale elle aussi, et maintenant Kaifeng (K’ai-fong) et Pékin à travers la basse échine des Huaiyangshan (Houai-yang-chan) ; vers Changsha, le col de Cheling, qui permet de franchir aisément les Nanling (Nan-ling), et Canton. Des canaux et des routes, à l’époque impériale, la grande voie ferrée nord-sud, à l’époque moderne, ont achevé de faire de Wuhan un nœud de communications de toute première importance : en 1956, l’achèvement d’un grand pont routier et ferroviaire entre la « colline de la Tortue » à Hanyang et la « colline du Serpent » à Wuchang, long de près de 2 km, a donné toute sa valeur à la position géographique : il porte une double voie ferrée, une route à six voies et laisse passer sous son tablier des navires de 10 000 t.
Wuhan a joué aussi un rôle de premier plan dans le domaine industriel à l’époque moderne. En 1900, une usine textile était créée à Wuchang, hors des murs de la cité. En 1908, surtout, le vice-roi de l’Hubei et du Hunan faisait installer à Hanyang un ensemble métallurgique qu’il avait commandé en Grande-Bretagne pour Canton, où il était précédemment en poste ; cet ensemble a fourni en particulier les rails pour la construction de la voie ferrée Hankou-Pékin ; si les hauts fourneaux et l’aciérie furent facilement ravitaillés en minerai de fer par les mines de Daye (Ta-ye) [à 110 km], par contre le problème du charbon à coke fut difficile à résoudre (au début, le charbon venait de Grande-Bretagne). En 1920, l’ensemble passa sous contrôle japonais et cessa son activité en 1937. Les bâtiments abritent aujourd’hui une usine textile. L’industrie cotonnière est une des activités majeures de l’agglomération. Mais la sidérurgie est de nouveau présente grâce à l’implantation d’un combinat (haut fourneau, aciérie, laminoir) entièrement automatisé à Wukang (Wou-k’ang), à 8 km en aval de Wuhan, sur la rive nord du Yangzijiang, alimenté aisément par le fer de Daye et, cette fois, par le charbon de Pingxiang (P’ing-hiang). Il produit 3 Mt d’acier.
Si Wuhan, dont le site est pourtant occupé depuis 1 700 ans, n’a pas de monuments célèbres, cette ville commerçante et industrielle est l’une des plus dynamiques des villes chinoises (elle est la sixième en importance).
J. D.
➙ Hou-pei.