Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Wisigoths (suite)

Le royaume wisigoth au ve s.

Dépourvu de toute façade méditerranéenne (la Narbonnaise Ire redevenant romaine) et traditionnellement appelé « royaume de Toulouse » quoique sa capitale oscille entre cette ville et Bordeaux, l’État wisigoth est de nouveau gouverné à partir de 418 par un descendant d’Alaric Ier, Théodoric Ier (418-451). Le nouveau souverain cantonne son peuple chez les grands propriétaires gallo-romains et maintient en place l’administration impériale. Avec son fils Thorismond, il combat Attila* aux côtés d’Aetius lors de la bataille dite « des champs Catalauniques » (451). Après le bref règne de son fils aîné Thorismond (451-453), les deux fils cadets de Théodoric Ier accèdent au trône, chacun au prix d’un fratricide. Devenu le prince le plus puissant d’Occident, le premier d’entre eux, Théodoric II (453-466), veut imposer à Rome son candidat : Avitus (455-56), beau-père de Sidoine Apollinaire. Il échoue du fait de l’intervention de Majorien, mais obtient en compensation de Ricimer la cession de Narbonne (462). Ayant repris dès 456 la lutte contre les Suèves et contre les bagaudes en Espagne, il laisse à son assassin, c’est-à-dire à son frère Euric (466-484), la charge de conquérir à partir de 468-69 la Lusitanie et les Asturies, rejetant les Suèves dans le nord-ouest de l’Espagne. Vainqueur de l’empereur Anthémios à Déols, en Berry, il occupe vers 470-71 Arles, la Narbonnaise, le Rouergue, le Gévaudan, le Quercy, le Limousin ; en 474-75 l’Auvergne et en 476 la Provence au sud de la Durance. Ainsi s’accroît la cohésion du royaume, qui s’étend dès lors de la Loire à Gibraltar et de l’Atlantique aux Alpes du Sud.

Euric, qui impose peut-être un tribut aux Burgondes, écarte les Saxons des côtes de l’Atlantique, négocie avec les Ostrogoths et même avec le roi de Perse et fait reconnaître ses conquêtes par Flavius Julius Népos en 475 pour l’Auvergne et par Odoacre et Zénon en 476 pour la Tarraconaise. Il nomme comtes et ducs indifféremment parmi les Romains et les Goths, dont il fait mettre les coutumes par écrit vers 470-480 (Code d’Euric), et se rallie les cadres gallo-romains et même Sidoine Apollinaire malgré la persécution entamée au nom de l’arianisme, recrutant même en leur sein le ministre Léon, le gouverneur d’Auvergne Victorius. Par contre, Euric n’obtient pas l’appui de ses sujets catholiques, qui renoncent à soutenir son fils Alaric II (484-507). Celui-ci tente de se les concilier en autorisant la tenue du concile d’Agde en 506 et en promulgant à leur intention le Bréviaire d’Alaric. En vain. Abandonné par ses sujets romains, il est vaincu et tué à Vouillé en 507 par Clovis. Les Wisigoths se replient dès lors en Espagne et ne conservent en Gaule que la Septimanie, qui assure leur liaison territoriale avec l’Italie ostrogothique de Théodoric Ier* l’Amale. Celui-ci en chasse d’ailleurs les Francs avant d’écarter du trône Gesaleic (507-510), le fils bâtard d’Alaric II, auquel il substitue le petit-fils du défunt et le sien propre : Amalaric (510-531), qui règne désormais à Narbonne sous la régence du patrice Liberius et de l’Ostrogoth Theudis. Vaincu par le roi des Francs, Childebert Ier, qui s’empare de Narbonne, le dernier des Balthes est assassiné en 531.


La fin du royaume arien (531-589)


L’hispanisation du royaume

Le royaume, devenu purement espagnol à la suite de l’émigration des Wisigoths en Vieille-Castille à partir de 511, renonce, dès la mort de Théodoric Ier en 526, au régime dualiste que celui-ci a voulu lui imposer. Un Ostrogoth succède pourtant à Amalaric : l’ancien régent Theudis (531-548). Ce dernier transfère la capitale à Barcelone et s’efforce surtout de se concilier les Romains en autorisant la tenue de conciles catholiques. Il repousse une invasion franque devant Saragosse en 541, empêche les Byzantins de franchir le détroit de Gibraltar et occupe même Septem Fratres (Ceuta) sur la côte africaine. Mais il meurt assassiné comme il arrivera à ses deux premiers successeurs : Théodisèle ou Theudigésile (548-49) à Séville et Agila (549-554) à Mérida, où il a transféré sa capitale pour imposer le respect de l’autorité royale aux Hispano-Romains catholiques de Bétique. Exploitant à partir de 550 le mécontentement de ses compatriotes, cédant le sud-est de la péninsule aux Byzantins pour prix de leur appui, un noble Athanagild bat et tue Agila en 554. Devenu roi (554-567), il fixe définitivement sa capitale à Tolède à la limite méridionale de la zone de colonisation wisigothique (auj. Vieille-Castille) et il la met à l’abri des incursions franques en mariant ses filles Brunehaut et Galswinthe au roi d’Austrasie, Sigebert Ier, et au roi de Neustrie, Chilpéric Ier.


Les problèmes de l’Espagne wisigothique au vie s.

La faiblesse numérique des Wisigoths, la longue survivance de la culture romaine dans les milieux hispano-romains, le renforcement de l’Église catholique, qui, grâce à l’action de saint Martin de Braga (entre 510 et 520 - v. 580), convertit à sa foi, au milieu du vie s., le peuple arien des Suèves, la persistance dans le nord-ouest de la Péninsule du priscillianisme malgré les conciles de Braga de 563 et de 572, tous ces facteurs s’opposent à la fusion complète des différents peuples habitant l’Espagne.


Apogée et déclin du royaume wisigoth


Le renforcement de la monarchie

Le royaume est partagé à la mort d’Athanagild entre ses deux frères Liuva Ier (567 ou 568-573) et Léovigild (567 ou 568-586), qui reçoivent respectivement la Septimanie et l’Espagne. En 573, il est réunifié.

Reconnaissant sans doute l’autorité théorique de l’empereur d’Orient, soumettant en partie en 578 le pays des Vascons, où il fonde Vitoria, annexant en 585 le royaume des Suèves, auquel il s’est attaqué dès 569, Léovigild se heurte à la révolte de son fils, le duc de Tolède, Hérménégild, converti au catholicisme par sa femme Ingonthe et par l’évêque de Séville, Léandre. Il ne parvient pas à rallier les évêques catholiques à l’arianisme lors du concile de Tolède de 580, fait exécuter son fils en 585 et exile son épouse, qui est la fille du roi Sigebert Ier, provoquant jusqu’en 589 une série d’interventions franques.