Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
W

Wisconsin (suite)

L’industrie, qui fournit 31 p. 100 des emplois (528 000 sur 1 700 000), produit des biens valant 21 milliards de dollars (dont 9 de valeur ajoutée). La construction mécanique (110 000 emplois ; septième rang pour la valeur ajoutée : 1,6 milliard de dollars) tient la première place dans l’État ; il s’agit de la fabrication de machines-outils, de machines agricoles, de moteurs et de pièces d’auto ; la construction automobile connaît, depuis la crise de l’énergie, une expansion remarquable avec l’assemblage des petites voitures (à Kenosha, l’American Motors Corporation emploie 12 000 personnes). Jadis en tête, les industries alimentaires 58 000 emplois ; 880 M de dollars de valeur ajoutée) comprennent surtout celles qui dérivent de l’élevage (laiteries, beurreries, fromageries, le Wisconsin étant le principal producteur de fromage), les brasseries et les conserveries de fruits et légumes. Le Wisconsin est au premier rang pour la fabrication du papier et de ses dérivés (38 000 emplois ; 607 M de valeur ajoutée), quoique la production de bois soit dépassée par celle d’autres États.

Le développement de l’industrie et, par conséquent, celui du secteur tertiaire ont stimulé l’expansion des villes : 66 p. 100 de la population sont classés comme urbains. La principale agglomération est celle de Milwaukee (1 425 000 hab., dont 900 000 pour la ville même, qui rassemble toute la population noire, soit 140 000 personnes). C’est un centre industriel qui occupe le douzième rang aux États-Unis pour le nombre d’emplois (220 000, 34,5 p. 100 de la population active) et la valeur ajoutée (3,5 milliards). Capitale de la brasserie américaine, Milwaukee est aussi le principal centre de la construction mécanique de l’État. Le port (5 Mt aux entrées et 2 Mt aux sorties) expédie des céréales, du soja, des produits du bois et des machines ; il sert souvent de port de dégagement pour celui de Chicago. Madison, la capitale, est un petit centre urbain (173 000 hab., 290 000 avec la banlieue) ; sans industrie, ne possédant que des fonctions administratives (37 p. 100 des emplois) et universitaires, c’est une des « villes blanches » de la région des Grands Lacs. Racine (95 000 hab.) et Kenosha (79 000) font partie de la grande banlieue de Chicago et du Lake Michigan Corridor. Superior, qui ne compte que 32 000 hab., est un port annexe de Duluth ; il expédie du minerai de fer et des céréales et possède des industries importantes (raffinage du pétrole, constructions navales).

P. B.

Wisigoths

Ancien peuple germanique appartenant au groupe des Goths. (On écrit aussi Visigoths ou Visigots.)



Les origines

« Goths sages » ou plutôt « Goths de l’Ouest », les Wisigoths, établis entre le bas Dniepr et le Danube, constituent au iiie s. l’un des deux États issus de la partition du peuple goth.

Ils atteignent la Thrace lors d’un raid en 238, occupent la Dacie en 271 et étendent leur domination jusqu’en Pannonie. En 332, ils sont vaincus par les Romains, avec lesquels ils concluent un fœdus qui favorise l’arianisme prêché par Ulfilas au milieu du ive s.

Ulfilas, Ulfila ou Wulfila, apôtre des Goths

Wisigoth d’ascendance anatolienne (né v. 311) converti à l’arianisme (v. Arius), consacré évêque en 341 par Eusèbe de Nicomédie, il devient l’apôtre des Goths au nord du Danube. D’une intelligence exceptionnelle, il invente un alphabet inspiré du grec et traduit la Bible en gotique, qui, devenu une langue littéraire, ne disparaîtra qu’à la fin du vie s. Il convertit ainsi des petites gens, mais non les chefs de son peuple, qui déclenchent des persécutions en 348 puis en 369. Il se réfugie alors à Constantinople, où il meurt en exil, sans doute en 383.


L’établissement des Wisigoths dans l’Empire


Le séjour dans les Balkans

Les Huns contraignent une partie des Wisigoths et leur chef, le « juge » Athalaric, à s’établir dans les Carpates et en Moldavie sous leur protectorat. Mais la majorité des Wisigoths, sous l’autorité de Fritigern, demande asile en 376 aux Romains. Cantonnés en Thrace, exploités par leurs négociants, ils se révoltent en 377 et tuent l’empereur Valens à Andrinople le 9 août 378. Théodose Ier les repousse sous les murs de Constantinople ; à la fin de 382, ils sont établis comme fédérés en Mésie, où ils se reconvertissent en masse à l’arianisme.

Le fœdus, renouvelé en 392 par Stilicon et Alaric Ier*, est rompu à la mort de Théodose Ier. Pillant la Grèce (395-397), Alaric Ier, roi des Wisigoths (396-410), se fait céder l’Épire et est nommé maître de la milice de l’Illyricum. Cependant, il décide en 401 de transporter son peuple en Italie.


À travers l’Italie

Rejetant Honorius dans Ravenne, mais vaincu à Pollentia (Pollenza) le 6 avril 402, Alaric Ier est expulsé d’Italie en 403 par Stilicon. La mort de ce dernier entraîne le retour du Wisigoth. Après un premier retrait monnayé en décembre 408, Alaric impose à Rome pour empereur Attale (Priscus Attalus) en 409 avant de s’emparer de cette ville le 24 août 410 et de la mettre à sac pendant trois jours.

Ne pouvant s’établir en Afrique faute de navires, privés de leur souverain mort brutalement à Cosenza à la fin de 410, les Wisigoths, regroupés sous l’autorité de son beau-frère Athaulf (410-415), franchissent le col du Montgenèvre au printemps de 412.


L’établissement en Gaule

Athaulf, qui élimine en 413 l’usurpateur Jovin contre un cantonnement et du blé, conquiert en fait l’Aquitaine pour son propre compte ; en janvier 414, il épouse Galla Placidia, la fille de Théodose Ier capturée à Rome en 410. Il établit à Bordeaux un embryon de gouvernement composé d’aristocrates aquitains, dont Paulin de Pella. Victime du blocus de la côte méditerranéenne par la flotte impériale, il recherche en Espagne du ravitaillement, mais il est assassiné à Barcelone en août 415, sans doute par des Wisigoths qui refusent de renoncer à leur errance traditionnelle et confient leurs destinées à des usurpateurs, Sigéric (415), puis Wallia (415-418).

Ce dernier, n’ayant pu passer en Afrique, se met au service d’Honorius. En son nom, il nettoie l’Espagne des Alains, des Vandales et des Suèves qui la dévastent ; enfin, par le fœdus de 418, le patrice Constantius lui accorde le régime de l’hospitalité dans le sud-ouest de la Gaule : ainsi se trouve fondé le premier royaume germanique en terre romaine.