Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

azote (suite)

Ammoniac

L’ammoniac* (NH3) est fabriqué selon la réaction N2 + 3 H2 ⇄ 2 NH3, limitée par la réaction inverse, ce qui fait que l’on opère industriellement en présence d’un catalyseur, le fer activé, vers 450 °C et sous une pression élevée. L’ammoniac est un gaz dans les conditions normales. Il est facilement liquéfiable et se transporte aisément dans des réservoirs en acier, la tension du liquide étant de 8 atmosphères à 20 °C.

L’ammoniac est thermiquement instable. Il est décomposé à une température suffisante selon la réaction
2 NH3 ⇄ N2 + 3 H2,
et il a des propriétés réductrices. Il brûle dans l’oxygène et, en présence de platine vers 850 °C, il est oxydé avec formation du monoxyde, d’où on obtient l’acide nitrique industriel. On a la suite des réactions :
4 NH3 + 5 O2 → 4 NO + 6 H2O
à 850 °C en présence de platine ; puis, en refroidissant énergiquement,
2 NO + O2 → 2 NO2 ;
et en présence d’eau,
2 NO2 + H2O → HNO2 + HNO3,
avec
3 HNO2 → HNO3 + 2 NO + H2O.

L’oxyde NO produit par cette dernière réaction est oxydé aussi par l’oxygène du gaz présent en NO2, et, en présence d’eau, une nouvelle quantité d’acide azotique est formée ; cela est poursuivi dans plusieurs tours de lavage des gaz par l’eau jusqu’à une dernière tour où une solution de carbonate de sodium donne naissance à du nitrite et du nitrate.

L’ammoniac est nitrurant, c’est-à-dire qu’il réagit sur les métaux avec formation de nitrures :
4 Fe + NH3 → Fe4N + 3/2 H2.

L’hydrogène de l’ammoniac est substituable. Ainsi l’ammoniac réagit sur certains métaux comme les métaux alcalins ou le calcium en donnant une réaction de substitution partielle conduisant à un amidure :
Na + NH3 → NaNH2 + 1/2 H2
ou
Ca + 2 NH3 → Ca(NH2)2 + H2.

Par chauffage, l’amidure de calcium donne un imidure selon la réaction
Ca(NH2)2 → Ca = NH + NH3.

L’hydrogène peut être remplacé progressivement par un halogène en donnant des composés tels que NH2X, NHX2 ou NX3 ; NH2Cl est la chloramine et NHCl2 la dichloramine, tandis que NCl3 est le chlorure d’azote.

Les atomes d’hydrogène peuvent aussi être remplacés par des radicaux hydrocarbonés R, donnant des aminés telles que NH2R, NHRR′ et NRR′R″. Divers autres radicaux peuvent aussi être substitués à l’hydrogène, tels que, dans l’acétamide CH3CONH2, le sulfamide O2S(NH2)2 et le sulfamide O2S=NH.

Un autre groupe de propriétés correspond à des réactions d’addition. En particulier, avec l’ion H+, on obtient l’ion ammonium (NH4)+ et des sels d’ammonium, dont certains ont une grande importance comme engrais. Des réactions d’addition se produisent aussi avec de nombreux sels de métaux de transition tels que Co(NH3)6Cl2 ou Cu(NH3)4Cl2, qui sont appelés sels d’ammines de ces métaux, mais aussi avec d’autres sels tels que LiCl, nNH3, où n = 1, 2 ou 3.


Acide nitrique, ou azotique

Ce produit est obtenu industriellement par oxydation de l’ammoniac, et il est commercialisé sous forme de solutions aqueuses plus ou moins concentrées. Il se décompose déjà vers la température d’ébullition sous la pression normale (78 °C). L’acide nitrique concentré chaud, étant instable, se comporte comme un oxydant énergique (par exemple il oxyde le soufre, le phosphore, les ions ferreux). Il est acide et donne avec les bases des sels, les nitrates. Avec les métaux (sauf l’or et le platine), il y a formation d’un nitrate et de produits de réduction de l’acide nitrique (on a essentiellement le monoxyde NO avec le cuivre et le mercure, et un sel d’ammonium avec le zinc et le fer). L’acide nitrique très concentré peut provoquer une passivation de certains métaux ; ainsi le fer, qui est attaqué par l’acide nitrique moyennement dilué, n’est pratiquement pas attaqué par l’acide nitrique très concentré et devient passif, c’est-à-dire que la pièce de fer ainsi passivée n’est plus attaquée même par l’acide nitrique dilué. Il donne des éthers-sels avec les alcools, et des produits de substitution avec les substances aromatiques organiques ; ainsi
HNO3 + C6H6 → C6H5NO2
(nitrobenzène).

L’acide nitrique sert à la préparation d’engrais* nitratés. On utilise des dérivés aromatiques nitrés et des éthers-sels nitriques de polyalcools divers (nitroglycérine stabilisée sous forme de dynamite, nitrocellulose).

H. B.

➙ Cycles biosphériques.

Aztèques

Peuple autochtone de l’Amérique moyenne, qui fonda un empire au Mexique au xve s. Dans leur langage, dialecte du nahuatl, leur nom (Azteca) signifie le peuple d’Aztlán, origine légendaire de la tribu. Ils s’appelaient aussi Mexica (prononcer « Méchica »). Leur capitale Mexico a donné son nom au pays tout entier.


Selon leur histoire traditionnelle, ils s’étaient établis à Aztlán vers le milieu du iie s. et y vécurent plus de mille ans. Dans la seconde moitié du xiie s. (1168?), ils quittèrent ce pays, qu’on peut situer au nord-ouest de l’actuel Mexique ou au sud-ouest des États-Unis actuels, pour se diriger vers le sud en une longue migration, conduits par les prêtres soldats dits « porteurs de dieux », conformément aux oracles de la divinité tribale, Huitzilopochtli. Environ un quart de siècle plus tard, on les retrouve dans la région de Tula, à 100 km au nord de Mexico ; ils y demeurèrent vingt ans. C’est là sans doute qu’ils commencèrent à s’imprégner des croyances et des mœurs de l’ancienne civilisation toltèque*, dont Tula avait été la capitale. Ils célébraient alors pour la première fois, sur la montagne Coatepec, le rite du Feu nouveau.

Tantôt guerroyant, tantôt s’alliant par des mariages aux populations en place, les Aztèques pénétrèrent au xiiie s. dans la vallée centrale du Mexique par la région nord-ouest (Zumpango, Xaltocán). Ils y trouvaient des cités-États fortement organisées et belliqueuses. Leur première tentative de création d’un État indépendant s’acheva en désastre : le chef aztèque élevé à la dignité de souverain, Huitzilihuitl Ier, fut fait prisonnier et sacrifié. Devenus les vassaux de cités puissantes, ne possédant en propre aucun territoire, les Aztèques finirent par se réfugier dans les îlots et sur les bas-fonds marécageux de la grande lagune. Ils y fondèrent en 1325 un village de cabanes en roseaux, Mexico, appelé aussi Tenochtitlán (« lieu où le cactus pousse sur le rocher ») : leur dieu leur avait donné l’ordre de s’établir là où ils verraient un aigle, perché sur un cactus, en train de dévorer un serpent. C’est seulement cinquante ans plus tard qu’ils purent enfin s’organiser en État. Leur premier souverain, Acamapichtli, se rattachait à une famille noble d’origine toltèque.

Des onze souverains aztèques, quatre ont péri de mort violente : Chimalpopoca, assassiné sur l’ordre du roi d’Atzcapotzalco ; Tizoc, probablement empoisonné ; Moctezuma II, tué par les Espagnols ou par un projectile lancé par un guerrier aztèque ; Cuauhtemoc, pendu par Cortés.