Wells (Herbert George) (suite)
Wells se passionne par contre pour la science-fiction politique, sociologique, philosophique, l’utopie, dont il dit dans Modern Utopia (1905) : « L’utopie moderne ne doit pas être statique mais cinétique ; elle doit prendre forme non comme un état permanent mais comme une étape pleine d’espoir conduisant à une longue ascension d’étapes. » De cette fiction d’idées procèdent aussi bien Men like Gods (1923), The Food of the Gods (1904) que ce qu’il appelle ses « fantasies of probability », telles que When the Sleeper wakes, The War in the Air (1908) ou The World set Free (1914), social-fiction, dirait-on. L’homme demeure cependant la préoccupation de Wells. Son avenir, celui de la société humaine, qu’il tente de distinguer grâce à la machine à explorer le temps. Ses limites aussi avec l’Île du Dr. Moreau — maillon de science-fiction fantastique s’ajoutant à celui de la veine noire romantique et de Frankenstein —, où la science de l’apprenti sorcier déclenche un processus de catastrophe. Atavisme, instincts bestiaux, autant de barrières infranchissables que l’homme porte en lui. Du pouvoir que lui donne sa découverte, l’Homme invisible ne sait ni ne peut profiter. Et puis existent des forces extérieures, et, dans la Guerre des mondes (1898), les humains frôlent l’anéantissement dans leur lutte impuissante contre cette race supérieure sortie de l’espace. Ainsi, une fois encore, l’optimisme mesuré de Wells invite à la réflexion.
D. S.-F.
B. Bergonzi, The Early H. G. Wells. A Study of the Scientific Romances (Manchester, 1961). / I. Raknem, Wells and his Critics (Londres, 1962). / P. Parrinder, H. G. Wells (Édimbourg, 1970). / J. P. Vernier, H. G. Wells et son temps (Didier, 1971).