Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
W

Welles (Orson) (suite)

Quelques mois avant d’entreprendre un film policier de commande, la Soif du mal (The Touch of Evil, 1958), dont il fait un grandiose opéra de série noire, Welles commence le tournage d’un Don Quichotte (1957), qu’il déclare terminé en 1967, que personne n’a vu, même en partie, et qui relève du mythe absolu. Les quatre années suivantes, il les passe dans un certain nombre de films qu’il ne réalise pas lui-même (le Génie du mal, de R. Fleischer, 1959, pour ne citer que le meilleur), puis reçoit une proposition qui l’enchante : tourner le Procès (The Trial) de Kafka en Yougoslavie avec une distribution internationale. L’accueil de la critique à la sortie du film en 1962 est plus tiède que celui du public, qui reconnaît enfin en Orson Welles un des seuls authentiques génies du septième art, comme le furent avant lui un Stroheim ou un Murnau.

D’innombrables figurations dans des films plus ou moins bons suivent, et puis Welles réalise, sans moyens, en Espagne, Falstaff (Chimes at Midnight, 1965), dont on loue au festival de Cannes les très grandes qualités. Mais sa suprématie reconnue ne lui donne pas pour autant les capitaux nécessaires à la réalisation de ses multiples projets. C’est pour l’O. R. T. F. qu’il tourne en 1967 un moyen métrage, une Histoire immortelle, où il prouve en cinquante minutes admirables qu’il n’a rien perdu de sa science du montage, de son goût pour le cadrage insolite et de sa force créatrice. Pour la première fois, il s’attaque à la couleur : la réussite est totale. On ne saura jamais, par contre, si Run towards Death (1967) en était une, car le film s’est perdu en Yougoslavie. Depuis, Welles a réalisé en collaboration avec F. Reichenbach un documentaire (de fiction) sur les faussaires intitulé Vérités et mensonges (Fakes) [1972-1974]), qui est une véritable leçon de montage.

Le film qu’il tourne en 1972-73 à Hollywood et en Espagne, The Other Side of the Wind, ressemble fort à un testament spirituel. Il raconte en effet la mort d’Hollywood vue par un cinéaste qui y est revenu une dernière fois, après en avoir été inlassablement rejeté.

Le drame de la carrière d’Orson Welles, l’inaction forcée, le contraint à tourner chacun de ses films comme s’il réalisait son tout premier. Ses meilleures réussites, curieusement, appartiennent à un genre littéraire ou « hollywoodien » défini, cela quoi qu’il en ait : le « thriller » ou la saga familiale (la Splendeur des Amberson). Le cinéma est pour lui synonyme de « respiration », de raison de vivre et d’espérer. Excessif, infatigable, aussi peu conventionnel que possible, Orson Welles poursuit dans sa tête et dans ses trop rares films une œuvre de géant, à laquelle le cinéma doit beaucoup et devra toujours.

M. G.

 A. Bazin, Orson Welles (Éd. du Cerf, 1950 ; nouv. éd., 1972). / J.-C. Allais, Orson Welles (Serdoc, Lyon, 1961). / M. Bessy, Orson Welles (Seghers, 1963). / M. Estève (sous la dir. de), Orson Welles, l’éthique et l’esthétique (Lettres modernes, 1963). / P. Cowie, The Cinema of Orson Welles (New York, 1965 ; nouv. éd. A Ribbon of Dreams : the Cinema of Orson Welles, 1973). / C. Higham, The Films of Orson Welles (Berkeley, 1970). / J. McBride, Orson Welles (Londres, 1972).

Wellington

Capit. de la Nouvelle-Zélande ; 350 000 hab. pour l’agglomération.


Wellington est située près du détroit de Cook, qui sépare les deux principales îles de la Nouvelle-Zélande. Le site fut choisi par Edward G. Wakefield (1796-1862) pour implanter les premiers colons de la New Zealand Company : la ville fut fondée en 1840 dans la magnifique baie de Port Nicholson, au pied d’un escarpement de faille encore actif, comme le prouve la fréquence des tremblements de terre, d’intensité modérée. Devenue capitale de la colonie en 1865, puis de l’État néo-zélandais après 1907, elle a une importante fonction politique et administrative avec les ministères, les services officiels, les ambassades et consulats. C’est aussi un centre commercial ; son port joue un rôle essentiel pour les liaisons avec l’île du Sud (Wellington-Picton et Wellington-Lyttelton) ; le trafic maritime des passagers est évidemment fortement concurrencé par les transports aériens. Le cabotage des marchandises est notable, bien que Wellington ne soit pas un port de redistribution aussi important qu’Auckland*. Les exportations de produits de l’élevage (viande d’agneau et de bœuf, fromage, laine) vers l’Europe ou le Japon sont actives, et le trafic total du port dépasse 3 Mt.

Le rôle de métropole régionale de Wellington a été un peu entravé par la situation de la ville au bout d’une péninsule et par les difficultés d’accès vers l’intérieur.

Le centre administratif et commercial est situé sur une étroite bande de terre au pied de l’escarpement de faille, en partie sur des terres remblayées aux dépens de la baie. Les grands immeubles modernes ont remplacé les premières constructions, plus modestes et souvent en bois, en particulier le long de Lambton Quay ; les rues sont devenues trop étroites pour le trafic actuel, et le « Central Business District » est souvent congestionné.

Les quartiers de résidence sont montés à l’assaut des escarpements et des versants qui enserrent la baie, aussi bien vers l’ouest (Northland, Kelburn) que sur les collines au sud, entre le port et la mer (Miramar, Kilbirnie). Le relief, très accidenté, donne à la ville un grand pittoresque, avec ses rues en escalier ou en lacet, ses tunnels et ses viaducs. L’originalité de la ville est accentuée par son climat océanique, très doux (moyenne annuelle 12,2 °C, avec 16,6 °C pour le mois le plus chaud et 8,4 °C pour le mois le plus frais), mais très humide (1 470 mm), avec pluies en toute saison, et surtout très éventé.

L’agglomération s’est aussi largement étendue au fond de la baie, dans la petite plaine alluviale construite par la rivière Hutt. Les petites maisons individuelles, qui s’étendent sur la rive orientale de la baie jusqu’à Eastbourne, sont parfois remplacées à Lower Hutt par des grands immeubles résidentiels.