Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Wang Houei

En pinyin Wang Hui ; surnom, Wang Shigu (Wang Che-kou). Peintre chinois (1632-1717).


Vers la fin de la dynastie des Ming*, la société chinoise était divisée en deux classes opposées ; fonctionnaires, propriétaires fonciers et grands commerçants opprimaient paysans, esclaves et petits commerçants. Les lettrés issus des familles des deux premières catégories de la classe dirigeante développèrent une peinture subjective, qui négligeait les inspirations provenant de la nature et des affaires humaines, et se proclamèrent « école du Sud ».

Ce mouvement artistique fut lancé par Mo Shilong (Mo Che-long, actif de 1567 à 1582) et Dong Qichang (Tong K’i-tch’ang*), dont le propos était de reproduire, en les transformant ou non, les œuvres des grands maîtres d’autrefois. Les idéaux de la deuxième génération de cette école, dirigée par Wang Shimin (Wang Chemin, 1592-1680) et Wang Jian (Wang Kien, 1598-1677), se virent réalisés sous les Qing (Ts’ing*) par Wang Hui, issu d’une famille simple du district Yushan (Yu-chan), actuel Changshu (Tch’ang-chou).

Dès l’âge de six ou sept ans, Wang Hui montra déjà des dons pour la peinture et, à partir de seize ans, il apprit l’art du paysage auprès d’un peintre local, Zhang Ke (Tchang K’o). En 1651, il fut découvert par Wang Jian, administrateur en chef de Lianzhou (Lien-tcheou), qui l’amena chez lui et le fit progresser dans le domaine de la calligraphie de la poésie. C’est alors qu’il se livra à l’étude des chefs-d’œuvre des peintres anciens dans la collection de Wang Jian. Peu après, il fut présenté à Wang Shimin, qui le considéra bientôt comme un élève éminent et un ami fidèle. Il se plongea ensuite dans l’étude des grands peintres des Song* et des Yuan* en copiant les œuvres célèbres des collections de Wang Shimin et de ses amis.

Grâce aux louanges de ces deux maîtres, sa renommée se répandit rapidement dans toute la Chine parmi les lettrés. Plus tard, Wang Hui fut présenté à l’empereur Kangxi (K’ang-hi), qui lui demanda de superviser l’exécution d’une série de rouleaux commémorant ses inspections dans le Sud en 1689. Il séjourna ainsi à Pékin de 1691 à 1698. Ce fut l’apogée de sa carrière : il occupa la place de premier peintre de l’Empire, et les lettrés le considéraient comme un « saint de la peinture ». Il mourut âgé après une vie paisible.

Se consacrant uniquement à l’art du paysage, Wang Hui nous a laissé un nombre considérable de peintures sur papier et sur soie (plus de deux cent vingt dans le seul musée du Palais à Taibei [T’ai-pei]). On peut distinguer dans sa production deux grandes périodes : l’époque où il fut un disciple inspiré et créateur (avant 1680) ; puis celle où, maître reconnu, il copiait ses propres œuvres. Ses peintures les plus réussies appartiennent en général à la première période, durant laquelle, transposant les chefs-d’œuvre des peintres anciens (de Dong Yuan [Tong Yuan*] à Wen Zhengming [Wen Tcheng-ming*], en passant par Fan Kuan [Fan K’ouan*] ou Mi Fu [Mi Fou*]), il arrive, grâce aux riches nuances de l’encre maniée par un pinceau discipliné, à créer des compositions nouvelles, d’un style lyrique tout en nuances, mouvementé ou paisible, qui lui est personnel.

Montagnes, rivières et arbres d’automne (Taibei) a été jugé par les maîtres et les amis de Wang Hui comme l’œuvre la plus réussie de cette première période. C’est une peinture à l’encre sur papier, mouvementée, où les rochers légèrement teintés de bleu contrastent avec la couleur rousse des arbres. Un colophon inscrit par le peintre Yun Shouping (Yun Cheou-p’ing, 1633-1690) sur le côté gauche de l’œuvre relate que Wang Hui, après avoir étudié trois chefs-d’œuvre de Wang Meng (Wang Mong*), a attendu des jours paisibles pour exécuter, en s’en inspirant, une œuvre nouvelle, que cette peinture est tellement réussie que son auteur n’accepterait pas de s’en défaire, même pour le prix de quinze villes. En haut du rouleau, une autre inscription, de la main du maître Wang Shimin, déclare que, bien que cette peinture soit inspirée de Wang Meng, le style en est beaucoup plus élégant et transcende les limites de ce dernier de manière si admirable que lui, Wang Shimin, en oublie totalement sa pénible bronchite.

H. C.-l.

Wang Mong

En pinyin Wang Meng ; surnom, Shuming (Chou-ming). Peintre chinois (1301 ou 1308 - 1385).


Wang Meng, dont la production fut importante, est considéré comme l’un des plus grands peintres de l’époque des Yuan*. Comme ses contemporains, il s’inspire du style de Dong Yuan (Tong Yuan*) et de Juran (Kiu Jan) [v. Song], et il ajoute à la tradition orthodoxe des lettrés des éléments assez importants.

Né dans la province de Jiangsu (Kiang-sou), il était, par sa mère, le neveu ou le petit-fils de Zhao Mengfu (Tchao Mong-fou*), qu’il prit d’abord pour maître et modèle. Comme Zhao occupait une place assez importante à la cour des Mongols, il se lia d’amitié avec les seigneurs et les hauts fonctionnaires de l’époque ; il s’illustra rapidement par sa peinture et sa poésie. À la veille de la chute de la dynastie mongole, il se retira dans le Mont des grues jaunes, où il mena une vie paisible comme les ermites du temps. Au début de la dynastie Ming*, il fut nommé préfet de la commanderie de Taian (T’ai-ngan), puis, accusé de s’être mêlé à un complot politique, il fut arrêté et mourut en prison.

Sa peinture s’inspire en général de la vie des ermites, et les paysages y occupent la plus grande part : chemins et cours d’eau sinueux, montagnes, arbres, effets de brume et de nuages, rendus selon des techniques spécifiques très variées. Wang Mong peint aussi des fleurs, des bambous ainsi que des sujets taoïstes, tels le Guerrier sombre, la Grande Blanche, les Immortels célestes, etc.

D’après ses œuvres conservées dans diverses collections, on peut voir que, bien qu’influencé par Dong Yuan, Juran ainsi que par Wang Wei (v. T’ang [époque]) et Zhao Mengfu, il a ses propres caractéristiques : il traduit un univers de rochers, d’arbres et de torrents, avec quelques chaumières où vivent des ermites, par des « rides » d’encre sèche ou détrempée, entremêlées et riches en nuances. À la différence des peintres des Song* du Sud, il donne aux rochers une place centrale presque écrasante et ne laisse apparaître que fort peu de ciel.