Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Vos (de) (suite)

Cornelis de Vos

(Hulst 1584 - Anvers 1651.) Né en Zélande de parents anversois, il s’établit à Anvers en 1596. Il est reçu en 1608 franc-maître de la gilde de Saint-Luc d’Anvers, dont il devient doyen en 1618. Peintre de scènes religieuses et d’histoire, parfois collaborateur de Rubens* (décoration de la ville lors de la Joyeuse Entrée du cardinal-infant en 1635), il est surtout connu comme portraitiste. Il peint avec une sobre maîtrise l’effigie de calmes bourgeois, seuls ou en groupe. Dans une page empreinte d’un bonheur paisible (musées de Bruxelles), il s’est représenté avec sa femme et ses deux enfants, qu’il prendra souvent pour modèles et dont il rend admirablement l’espièglerie et la fraîcheur de carnation. Un portrait comme celui de Grapheus l’Ancien (1620, musée royal des Beaux-Arts d’Anvers) ajoute le sens psychologique au brillant des atours, toujours rendus avec soin. Si la palette de Cornelis n’a pas beaucoup de panache, elle ne manque pas de chaleur, et c’est un peu injustement que l’artiste se trouve repoussé dans l’ombre de ses brillants contemporains : son aîné Rubens et son cadet Van Dyck*.


Paul de Vos

(Hulst 1596 - Anvers 1678.) Frère du précédent, il est reçu maître de la gilde de Saint-Luc d’Anvers en 1620. Il participe à certaines créations de Rubens, mais aussi à celles de son maître, Frans Snijders*, dont il a épousé la sœur. Essentiellement peintre animalier, il réalise de fougueuses scènes de chasse dans ce style baroque dont Rubens et Snijders sont les meilleurs représentants. Sans avoir leur talent, il peint la nature avec une fantaisie débridée et un grand sens décoratif.


Simon de Vos

(Anvers 1603 - id. 1676.) Élève de Cornelis de Vos, il est reçu franc-maître de la gilde de Saint-Luc d’Anvers en 1620. Lorsqu’il peint des sujets religieux ou historiques, il est profondément influencé par Rubens. Sa manière relève du baroque flamand inauguré par celui-ci, mais il n’en possède ni le dynamisme ni la richesse de coloris. Dans les scènes de genre, il se rapproche de l’art des Teniers*.

R. A.

 J. Muls, C. de Vos, Schilder van Hulst (Anvers, 1933). / E. Greindl, Corneille de Vos, portraitiste flamand (Libr. encyclopédique, Bruxelles, 1944).

Vosges

Massif de l’est de la France.


Les Vosges, considérées comme région naturelle, s’étendent sur six départements : Vosges*, Bas-Rhin*, Haut-Rhin*, Territoire de Belfort*, Meurthe*-et-Moselle, Moselle*. Cet ensemble a la forme d’une amande dont la longueur est de 125 km, la largeur variant entre 40 et 70 km.

Le massif, par bien des aspects, rappelle le Mittelgebirge (montagne moyenne) germanique. De direction sud-nord, les Vosges ont été un obstacle, beaucoup plus par l’ampleur des forêts que par la vigueur des reliefs. Sur le plan géologique et morphologique, il existe de profondes différences entre le nord et le sud. Le plissement hercynien a donné naissance à un premier massif qui fut raboté par l’érosion. La pénéplaine prétriasique qui en résulta fut recouverte par des sédiments secondaires (surtout des grès). Mais ce sont les mouvements tertiaires, dès l’Oligocène, qui donnèrent au massif son aspect définitif. En effet, la surrection des Vosges-Forêt-Noire eut comme compensation l’effondrement de la plaine Alsace-Bade.

Le soulèvement fut plus important au sud, entraînant une érosion plus vigoureuse. Le nord garda ainsi sa couverture gréseuse (jusqu’à 300 m d’épaisseur). Vers la plaine d’Alsace, l’effondrement des couches amena la formation des collines sous-vosgiennes, qui forment fréquemment des horsts suivis de grabens. Vers l’ouest, les couches plongent doucement en direction du Bassin parisien. Il existe ainsi une dissymétrie entre les deux versants : le côté alsacien est plus abrupt que le côté lorrain, surtout au sud. La ligne des crêtes n’est pas toujours la ligne de partage des eaux. Les glaciations quaternaires ont laissé des traces (lacs de Gérardmer, de Longemer). Cependant, le versant lorrain est plus arrosé que le versant alsacien : plus de 1 m de pluies sur le versant lorrain, moins de 0,6 m dans les environs de Colmar. Les crues des cours d’eau sur le versant alsacien sont plus rapides que sur le versant lorrain. La neige peut tomber de novembre à avril. Le ski sur une longue durée reste cependant aléatoire dans les Vosges.

On peut distinguer nettement deux Vosges. Au sud, dans les Vosges cristallines, la surface d’érosion prétriasique reste visible. Les sommets arrondis (ballons) sont les formes de relief les plus fréquentes. Les vallées sont encaissées en forme de V. À partir de 1 000 m apparaissent les « hautes chaumes », qu’on a comparées aux prairies alpines. Il s’agit de surfaces herbacées provenant de la destruction de la forêt par les pâtres, qui, au cours des remontées estivales, cherchèrent à étendre les surfaces pastorales. Le vent est un obstacle au reboisement à cette altitude. Au nord, dans les Vosges gréseuses, les altitudes sont plus basses et le massif est plus aisément franchissable. À 330 m d’altitude, le col de Saverne est emprunté par la voie ferrée Paris-Strasbourg et le canal de la Marne au Rhin. La R. N. 4 passe un peu au nord, à 400 m, entre Phalsbourg et Saverne.

La forêt a joué un grand rôle dans la civilisation traditionnelle. La frontière linguistique n’épouse pas la ligne des crêtes. Le parler roman a débordé sur le versant alsacien, où le parler alémanique se maintient.

Le massif a été colonisé surtout à partir du Moyen Âge. Les couvents alsaciens (Murbach) et lorrains (Saint-Dié, Remiremont) ont joué un rôle important. À la colonisation agricole s’est souvent ajoutée une colonisation minière (Sainte-Marie-aux-Mines : argent, etc.). L’exploitation de la forêt (bois, mais aussi fruits sauvages [myrtilles]) a créé très tôt un genre de vie mixte (paysan et bûcheron), surtout aux hautes altitudes. Certains villages vivaient surtout du bûcheronnage. L’élevage domine aujourd’hui. Orienté vers la production laitière, il a donné naissance à la fabrication de fromages (camembert et munster ou géromé), qui, de plus en plus, sont, aujourd’hui, fabriqués dans la plaine (Alsace). Toutefois, l’agriculture dans les hautes vallées a reculé. La taille moyenne des exploitations dépasse 25 ha. Les fermes isolées sur les hautes chaumes se sont transformées en « fermes-auberges » tirant des revenus importants du tourisme d’été et de celui d’hiver. La ferme traditionnelle abrite hommes, bêtes et récoltes sous le même toit ; la limite altitudinale des cultures est plus basse qu’en Forêt-Noire. Elle se situe vers 800 m.