Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

volcanique (relief) (suite)

• Les strato-volcans sont des volcans également complexes, où projections et coulées de lave alternent. Ce sont généralement des reliefs beaucoup plus imposants, qui peuvent atteindre de grandes dimensions : le Cantal, par exemple, a un diamètre de 50 à 70 km, couvre une superficie de 2 700 km2 et a une énergie de relief de plus de 1 000 m. Les coulées qui s’épanchent ici du sommet du cône en même temps que de fissures périphériques constituent en effet une charpente qui soutient l’édifice et lui permet de s’élever en hauteur tout en s’élargissant par la base. Les flancs peuvent être encore plus raides que dans les cônes de scories. Le Stromboli en est un parfait exemple, d’autant plus impressionnant qu’il se dresse directement au-dessus de la mer.

• Dans le volcan-bouclier, au contraire, les laves très fluides s’étalent en formant un cône très surbaissé. L’empilement de laves résultant d’éruptions répétées peut, cependant, édifier un relief imposant, tel le célèbre Mauna Loa (Hawaii), qui culmine à 4 205 m au-dessus du niveau de la mer et dont le diamètre atteint près de 100 km. Mais, quelle que soit l’épaisseur de laves accumulées, les flancs du volcan demeurent très faiblement inclinés (de 4 à 6°). De grands cratères, dont certains sont occupés par des lacs ou des étangs de lave en fusion, comme celui qui bouillonna jusqu’en 1924 au fond du Halemaumau (« Puits du Feu éternel »), dans le volcan hawaïen du Kilauea, déversent de temps à autre des flots de laves qui se figent lentement en donnant des surfaces parfois unies, plus souvent chaotiques (« aa » ou cheires) ou ridées (« pahoehoe »).

• À l’opposé, le cumulo-volcan, ou dôme, est un cône énergique à sommet convexe et à flancs très raides jusqu’à la base, construit par des émissions de laves visqueuses solidifiant très vite (éruptions de type extrusif). Un exemple bien connu est celui du puy de Dôme, en Auvergne, qui présente d’ailleurs des irrégularités liées à la présence de creux et de bosses à son sommet, et d’excroissances latérales en forme d’ailerons. La vigueur du relief est encore plus grande si l’éruption a mis en place une aiguille : le volcan prend alors l’aspect d’un piton élancé à parois subverticales.

• Un dernier type de volcan, découvert récemment dans l’Afar en bordure de la mer Rouge, est caractérisé par une forme en tronc de cône dont l’Asmara peut servir de modèle. Rare à la surface des continents, il est, en revanche, fréquent sur les fonds océaniques, où on le connaît sous le nom de guyot. Selon les études les plus récentes, ces volcans, constitués d’accumulations de menus fragments basaltiques plus ou moins cimentés (hyaloclastites) et liés à une activité explosive, se seraient édifiés sous une tranche d’eau suffisamment épaisse pour que les fragments de roche pulvérisés, freinés par la résistance de l’eau, retombent presque à l’aplomb de la bouche d’émission.


Les autres formes

Les cônes sont certainement les formes les plus originales construites par les éruptions volcaniques ; mais ils n’en constituent qu’un aspect. Les matériaux volcaniques se répandent en effet bien au-delà des bouches d’émission. Les projections, dont les plus fines peuvent rester longtemps en suspension dans l’air et être entraînées par les vents à assez grande distance, fossilisent les reliefs préexistants et tendent à en atténuer les inégalités. Ainsi se forment les champs de scories. À la limite, l’accumulation peut engendrer de véritables plaines parfaitement plates, comme la plaine de Campanie au pied du Vésuve. Les laves peuvent s’épancher d’autant plus loin qu’elles sont plus fluides : elles couvrent parfois d’immenses surfaces, comme dans les plateaux de l’Oregon, aux États-Unis, ou dans le nord-ouest du Deccan, en Inde, où des coulées issues de fissures difficiles à localiser se sont empilées en couches d’une parfaite horizontalité (trapps). On désigne ces épanchements, essentiellement basaltiques, du nom de coulées de plateau. D’autres fois, les coulées sont canalisées par des reliefs en creux : elles s’étirent alors en des sortes de langues au long des vallées ou s’étalent en largeur dans les dépressions.


Les formes de démantèlement

Les formes construites par les éruptions volcaniques sont plus ou moins durables : leur conservation dépend autant de la résistance des matériaux qui les constituent que de la vigueur des pentes qu’elles ont créées et de la nature des roches auxquelles elles se sont superposées.

Les cônes de scories s’effacent relativement vite. Leurs matériaux meubles sont aisément mobilisés sur les fortes pentes de leurs flancs. Les eaux de pluie tendent à se concentrer en ravins qui s’incisent d’autant plus vite que les débris pyroclastiques sont plus fins : ces ravins, appelés barrancos, ne sont séparés que par des crêtes fragiles qui s’abaissent rapidement. Finalement, les scories étant déblayées, il ne subsiste que les matériaux indurés de la cheminée sous la forme d’un piton étroit et vertigineux, le neck. On comprend, de ce fait, que les cônes de scories actuellement bien conservés soient d’édification très récente : la chaîne des Puys, en Auvergne, par exemple, s’est constituée au cours d’éruptions échelonnées entre 20 000 et 3 400 ans avant notre ère, avec un paroxysme entre 9000 et 6000.

La conservation des cônes est déjà mieux assurée lorsque les débris ont été cimentés en tuf. A fortiori, les volcans à coulées de laves solidifiées offrent une beaucoup plus grande résistance à l’érosion. Dans le cas des strato-volcans, les eaux se concentrent en quelques artères hydrographiques divergentes qui découpent les dalles de laves en plateaux triangulaires, dont les « planèzes » du Cantal sont le type même. Ces planèzes dominent le cœur du volcan, généralement effondré (fosses volcano-tectonique), en des sortes de fers de lance monoclinaux qui constituent les points culminants de l’édifice. Le Cantal et le Mont-Dore illustrent parfaitement ces formes de relief. L’érosion, exploitant les niveaux de scories meubles intercalés entre les dalles de laves, tend à démanteler ces plateaux et à en faire reculer le rebord tout en dégageant des plates-formes de laves sous-jacentes. Les très vieux édifices, enfin, érodés jusqu’à la racine, montrent un dispositif original, dont un bon exemple se trouve, en Écosse, dans l’île de Mull : affectées par la subsidence du centre de l’édifice, les coulées les plus anciennes mises à jour par l’érosion se relèvent vers la périphérie en donnant naissance à une succession de reliefs monoclinaux.