Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

volcan (suite)

Afin d’essayer de limiter tous ces dangers, des règles de protection ont été édictées depuis quelques années par les services volcanologiques et les autorités administratives des pays concernés. Elles supposent d’abord une étude des « habitudes » de chaque volcan et l’emploi de toutes les méthodes de prévision qui ont fait leurs preuves (interprétation des séismes, des variations de l’inclinaison du sol, de la variation de composition des fumerolles, de l’élévation de température, etc.). Dans les cas favorables, la probabilité d’une éruption peut ainsi être annoncée à quelques jours près et plusieurs mois à l’avance. Ensuite, ces règles comprennent des moyens de défense passive (évacuation bien organisée) et de défense active (par exemple, bombardement des coulées pour les détourner ou provoquer leur cristallisation, création rapide d’ouvrages de terre déviant les coulées de lave très fluide ou de boue, etc.). Elles envisagent enfin la prévision et l’annonce de la fin de danger, avec le retour des populations et leur protection contre les dangers d’épidémie.


L’utilité du volcanisme

Sans insister sur l’intérêt de la plupart des laves et même des tufs suffisamment compacts comme excellentes pierres à bâtir, on peut rappeler que de nombreuses meules de moulin et, autrefois, de pierres à moudre ont été faites en basalte, que les verres volcaniques (obsidiennes) ont été utilisés pour donner des pointes de flèches en tous pays, parfois de magnifiques poignards (notamment au Mexique), que beaucoup de pierres ornementales de valeur sont aussi des produits éruptifs (porphyres rouges et porphyres verts antiques, certains jaspes, etc.), que les ponces ont de multiples emplois comme abrasifs industriels ou comme accessoires de toilette, que des laves poreuses, telles celles de Volvic, sur lesquelles l’émail adhère bien, fournissent de parfaites tables de laboratoire, des panneaux indicateurs, des revêtements de fours. En outre, des laves vitreuses caractérisées par des fentes de retrait les faisant ressembler à de petites perles (perlites) et que l’on fait éclater ainsi que des lapilli de petite taille (pouzzolanes), mélangés à un peu de plâtre ou de ciment, permettent la fabrication d’un matériau léger, incombustible, isolant pour les bruits et les variations de température, qui est de plus en plus employé dans les constructions modernes.

Les laves, dans une certaine mesure, mais surtout les éléments dits « minéralisateurs », que sont les gaz fumerolliens et les solutions hydrothermales liées au volcanisme, entraînent la genèse de gîtes minéraux d’un intérêt économique évident. Ce sera par exemple le cas de l’argent, de l’or, du cuivre, de l’étain des cordillères américaines, du nickel, du chrome, du cobalt issus des péridotites de Nouvelle-Calédonie, du soufre, de l’arsenic, du fer natif ou en composés, parfois d’autres éléments plombifères, zincifères, etc., en bien des régions. Souvent, l’altération des laves conduit en outre à la concentration superficielle en grands gisements exploitables du fer ou du manganèse. Des cheminées remplies d’une brèche volcanique très particulière (kimberlite) se montrent diamantifères en Afrique du Sud, au Zaïre, en Sibérie, etc. Enfin, certains minéraux courants donnent par endroits des gemmes recherchées (péridot-olivine, zircon, silice sous la forme d’opale ou de calcédoine) ou utiles pour la fabrication d’engrais (leucite, riche en potasse, du Vésuve ; apatite, riche en acide phosphorique, près de Murcie, en Espagne), ou encore intéressants parce que manquant sous des formes courantes dans les régions considérées (gypse venant de l’évolution du soufre et de sulfures, pour faire du plâtre ; argiles kaoliniques ou montmorillonitiques venant de l’altération pédologique de laves, pour faire des céramiques ou des produits absorbants).

Le rôle des volcans dans l’alimentation en eau n’est pas moins important. Il faut d’abord noter que l’émission de poussières volcaniques et de gaz ionisés ou même de simples fumerolles provoque toujours la condensation de l’humidité atmosphérique, donc des pluies, jusque dans les régions désertiques. En outre, l’altitude relative des cônes par rapport à leur environnement explique qu’ils accrochent souvent les nuages, ce qui motive aussi les précipitations. Comme l’ensemble des édifices est généralement assez poreux, les volcans jouent donc le rôle de véritables capteurs d’eau, celle-ci étant habituellement restituée vers leur base, pour peu que leur substratum soit imperméable. Le fait est particulièrement net aux extrémités des coulées de « basalte des vallées », où se trouvent souvent de grosses sources très pures (exemple de l’eau de Volvic). Par ailleurs, lorsque le volcanisme n’est pas trop ancien, les eaux thermales ou thermominérales s’avèrent fréquentes. En Auvergne, elles sont innombrables et d’un grand intérêt économique (exemple Vichy) ; cependant, elles jouent parfois un rôle non seulement médical, mais presque vital, comme au Japon, où elles assurent une partie du chauffage du pays, et en Islande, où elles permettent en outre la culture en serre des plantes vivrières méditerranéennes et tropicales près du cercle polaire.

De plus, l’existence de hautes températures à faible profondeur dans le sol des régions volcaniques, même bien après la fin des périodes d’activité évidente, représente une considérable source d’énergie potentielle. Cette énergie, dite « géothermique » ou, d’une façon pittoresque, « houille rouge », a déjà été captée par forage en plusieurs régions (Larderello en Italie, Wairakei en Nouvelle-Zélande, Californie aux États-Unis, etc.), et des recherches se poursuivent un peu partout dans le monde. Jusqu’à maintenant, on n’a pas su utiliser directement l’énergie volcanique (qui est trop forte et discontinue), mais celle de la vapeur d’eau surchauffée entre 100 et 250 °C et naturellement « piégée » dans des terrains poreux au-dessous de formations géologiques imperméables, un peu à la façon des hydrocarbures liquides ou gazeux.