Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

vivace (plante) (suite)

La forêt dense équatoriale, qui est en permanence toujours feuillue, n’est, cependant, pas composée en majorité d’arbres à feuilles persistantes ; en fait, la plupart des arbres perdent leurs feuilles chaque année pendant un laps de temps très court (deux à trois semaines), mais, suivant les espèces, à différentes périodes de l’année. Ils ont donc comme les autres une période de repos, mais ici très courte à cause du climat.

Dans les régions arides, les végétaux vivaces n’ont souvent de feuilles que pendant un laps de temps très court (Peresquia) ou même pas du tout. Adaptés à la sécheresse, ils fleurissent à l’état adulte tous les ans et forment des fruits et des graines.

Dans les régions semi-arides, de nombreuses plantes vivaces sont arbustives et forment des peuplements voisins de ceux que l’on trouve dans la région méditerranéenne (garrigue, maquis) ; ces arbustes sont, comme les plantes désertiques, très bien armés contre la sécheresse ; ils sont souvent épineux (Euphorbia spinosa, Astragale...) et perdent parfois leurs feuilles pendant la saison sèche (Genista horrida). Mais de nombreuses espèces ont des feuilles persistantes présentant des caractères xériques : forte cuticule, stomates enfoncés dans des cryptes, importante pilosité, donnant à ces plantes une couleur grisâtre (Lavande, Romarin, Bruyère). Souvent, les arbustes prennent une forme en coussin appliqué sur le sol, réduisant ainsi l’action desséchante du climat ; moins développé que dans les régions désertiques, le système souterrain est encore très important pour ces espèces et, dans bien des cas, empêche un peuplement fermé.

De nombreuses plantes herbacées sont également vivaces. Parmi elles, on en trouve qui ont un appareil végétatif aérien permanent (hémicryptophytes) en forme de rosette (Pâquerette, Pissenlit) ; seule la hampe florale s’élève et marque une différence entre les formes d’activité et de repos. La Renoncule jaune a également une rosette, mais pousse en outre, au printemps, une tige dressée feuillée. Pour d’autres, il ne subsiste pendant l’hiver qu’une partie souterraine presque inapparente, d’où repousse à la belle saison un nouvel organe aérien constitué de tiges, de feuilles et de fleurs (Ortie). Chez les Graminacées, il y a formation de touffes (plantes cespiteuses) persistantes qui repartent au printemps (Molinie) ou de souches traçantes par stolons (Chiendent, Oyat).

Parfois, les parties aériennes disparaissent si complètement que l’on ne distingue plus la plante pendant la mauvaise saison (cryptophytes). Il ne reste qu’un rhizome (tige souterraine) et des racines (Anémone Sylvie, Sceau-de-Salomon) ; au printemps, un bourgeon ébauché l’année précédente forme des feuilles et des fleurs. Parfois, ce sont des tubercules (Pomme de terre) qui assurent la pérennité de la plante : « les yeux » de la Pomme de terre sont des bourgeons qui peuvent se développer et donner un appareil végétatif complet en utilisant les réserves amylacées accumulées l’année précédente.

Les bulbes (géophytes) permettent également le passage de la mauvaise saison ; ainsi, chez l’Oignon, des feuilles charnues (écailles) sont insérées sur un plateau (tige télescopée) porteur en son milieu d’un bourgeon ; ce dernier se développe au printemps, donne une inflorescence élevée et des feuilles. Puis de nouvelles réserves s’accumulent à la base de ces dernières, constituant ainsi un nouvel Oignon pour attendre l’année suivante. Le processus n’est que légèrement différent chez le Crocus, qui possède un bulbe solide.

J.-M. T. et F. T.

Vivaldi (Antonio)

Violoniste et compositeur italien (Venise 1678 - Vienne 1741).



La vie

Il étudie d’abord le violon avec son père, Giovanni Battista, membre estimé de la chapelle ducale de Saint-Marc, où il est bientôt admis lui-même. Dans ce foyer musical qui, depuis A. Willaert*, les Gabrieli*, C. Monteverdi* et P. F. Cavalli*, est demeuré exceptionnel, il travaille l’orgue et la composition. Il aurait alors reçu l’enseignement du premier maître de la chapelle, Giovanni Legrenzi (1626-1690) ; mais celui-ci, en supposant qu’il en ait été ainsi, mourut trop tôt pour avoir sur son disciple une réelle influence.

Destiné dès sa jeunesse au sacerdoce, Vivaldi devient sous-diacre en 1699 et diacre en 1700. En 1703, il est ordonné prêtre, et, en même temps, nommé professeur de violon au séminaire musical d’un des quatre ospedali (hospices) vénitiens réservés aux jeunes filles pauvres, celui de la Pietà. Il s’applique aussitôt à concilier musique et religion, mais le zèle qui l’anime est de courte durée ; il renonce bientôt à exercer son pieux ministère. Une maladie de naissance, sans doute de l’asthme, provoque chez lui une angoisse chronique et le contraint à ne plus dire la messe. Il n’abandonne pas pour autant son habit sacerdotal et fait montre d’une dévotion sincère, qu’il manifestera toujours avec ostentation. Doté, comme tous les siens, d’une chevelure rousse, on le connaîtra surtout par son sobriquet : il Prete rosso (le Prêtre roux). Malgré son état précaire, Vivaldi mène alors une vie prodigieusement agitée et partage son temps entre ses occupations à Saint-Marc, à la Pietà, où il devient chef d’orchestre et compositeur ordinaire, et très rapidement au théâtre, qui absorbera la majeure partie de son temps.

Dès 1705, il publie à Venise l’opus 1 (12 Suonate da camera a tre), puis en 1709 l’opus 2 (12 Sonate a violino e basso per il cembalo) de sa musique instrumentale, la seule qui, de son vivant, aura, en partie seulement, les honneurs de l’édition. Ses autres recueils, dont la parution s’échelonnera jusqu’à la fin de sa vie, verront le jour (sauf les deux derniers) à Amsterdam, chez Étienne Roger et ses successeurs : Jeanne Roger et Michel Le Cène. Tandis qu’apparaissent ses premières sonates, Vivaldi a, au théâtre San Giovanni Crisostomo, où l’on représente en 1707 Il Mitridate Eupatore et Il Trionfo della libertà de A. Scarlatti*, et en 1709 Agrippina de Händel*, la révélation de l’opéra. Compositeur déjà connu — il a lui-même dirigé en 1709 vingt-sept concerts à la Pietà —, il songe à son tour à aborder la scène, qui permet alors à tout musicien italien de toucher un public plus large, de gagner de l’argent et de humer la gloire de plus près.