Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Vitruve (suite)

Quoi qu’il en soit, le De architectura réunit une irremplaçable information sur les principes généraux (livre I), les matériaux et leur emploi (II), les ordres* et leur application aux temples (III-IV), les bâtiments publics et privés (V-VI), les revêtements décoratifs (VII), les eaux (VIII), l’astronomie appliquée à la mesure du temps (IX), les machines (X). Sa technicité même devait rendre ce texte de moins en moins accessible aux générations d’utilisateurs qui, durant tout le Moyen Âge et à force de le recopier, en ont obscurci le sens.

Depuis la Renaissance, nombre d’éditeurs se sont attachés à restituer les figures de l’ouvrage, à commenter les passages difficiles de celui-ci à la lumière des fouilles. Cela sans atteindre, il est vrai, à un résultat définitif : l’architecture impériale romaine a bien souvent effacé celle de la République, et elle ne saurait servir à interpréter cette dernière. Par ailleurs, la nature didactique de l’ouvrage avait incité les plus grands architectes (de Palladio*, de Serlio*, de Vignole* à Jean-Baptiste Rondelet [1743-1829] en passant par Perrault*...) à le corriger ou à le compléter de leur propre expérience, quitte, à la limite (le Vitruvius britannicus par exemple), à n’en conserver que le titre.

Retour à la pureté antique, le néo-classicisme aurait pu, grâce aux fouilles de Campanie, rendre au message vitruvien sa vraie grandeur. Il n’en fut rien ; et d’un texte dépouillé d’une tradition prestigieuse il ne devait survivre qu’un simple témoignage archéologique, désormais sans influence.

H. P.

 A. Choisy, Vitruve. Texte, traduction, analyse et figures (Lahure, 1909, 4 vol. ; nouv. éd., F. de Nobèle, 1972, 2 vol.). / H. Koch, Vom Nachleben des Vitruv (Baden Baden, 1951).

vivace (plante)

Une plante est dite vivace ou encore pérennante lorsqu’il lui faut plusieurs années pour germer, se développer et se reproduire ; l’expression plante vivace s’oppose à celle de plante annuelle, utilisée lorsque tout le cycle s’opère en moins d’un an (souvent en quelques mois, voire en quelques semaines dans les régions désertiques à la suite d’une pluie [éphémérophytes]).


Certaines plantes vivaces n’ont, comme les annuelles, qu’une floraison : ce sont les « monocarpiques » ; pour la plupart, leur époque de reproduction se situe la deuxième année (plantes bisannuelles), la première année correspondant à une vie purement végétative, pendant laquelle s’accumulent des réserves. Chez la Carotte, par exemple, la racine devient tuberculeuse, riche en glucides, et c’est à la fin de cette période qu’on la recueille à des fins alimentaires. Si, par contre, on la laisse en terre, la couronne de feuilles découpées disparaît par flétrissement à l’automne, et le végétal passe l’hiver à l’état de vie ralentie (respiration plus faible et assimilation nulle), puis au printemps, à partir d’un bourgeon situé au milieu du collet, lui aussi gonflé de réserves, se développe une tige portant latéralement quelques feuilles et terminée par une ombelle de fleurs blanches ; à ce moment, la racine lignifiée a perdu ses réserves et, après la formation des graines, la plante meurt totalement. D’autres, pluriannuelles, ont un mode de vie analogue, mais la période végétative est très longue, et la floraison unique marque la dernière année de vie de la plante. Ainsi, chez l’Agave, on voit apparaître au bout d’un temps variable (de 10 à 100 ans) une immense hampe florale pouvant atteindre de 10 à 12 m chez certaines grandes espèces ; ces inflorescences constituent une caractéristique des paysages mexicains.

La plupart des espèces vivaces possèdent, par contre, plusieurs floraisons successives, et la permanence de l’appareil végétatif est liée à diverses caractéristiques anatomiques et physiologiques.

Les arbres sont un bon exemple de plantes vivaces : leur croissance est théoriquement indéfinie et se poursuit chaque année aussi bien en longueur qu’en épaisseur. La ramification, due au fonctionnement de certains bourgeons axillaires, se développe intensément ; les organes anciens, racines et tiges, se lignifient, donnant de la rigidité à l’ensemble ; seules les parties terminales restent relativement molles. Après plusieurs années (60 ans chez le Chêne rouvre), des fleurs commencent à se former, et une nouvelle floraison apparaît régulièrement chaque année. De tels végétaux ont dans nos régions des périodes de vie active (printemps, été) et de vie ralentie (automne, hiver). Le départ de la végétation au printemps, au moment où la température extérieure devient plus clémente, se caractérise par une montée abondante de sève (dans les vaisseaux du bois), transportant les réserves accumulées au cours de l’année précédente dans les parenchymes corticaux, médullaires, libériens ou lignifiés des racines ou des tiges. Ces substances vont permettre le développement des bourgeons, formés en automne et entourés d’écaillés protectrices, assurer l’amorce d’une phase de croissance et aussi la formation des fleurs. La nutrition générale du végétal, la maturation des graines et une nouvelle mise en réserve sont ensuite assurées par une photosynthèse intense au printemps et en été.

Les arbres, comme les arbustes et les arbrisseaux, peuvent porter des feuilles caduques (Chêne, Hêtre, Peuplier...) ou, au contraire, pérennes (Conifères, Chêne vert, Romarin, Bruyère...). Les premières jaunissent et tombent dans nos régions à l’automne et en zone tropicale avant la saison sèche (végétation tropophile) ; elles se détachent des tiges qui les ont portées au niveau d’une zone d’abscission qui se subérise et se cicatrise. Cela a pour effet de diminuer considérablement la perte d’eau et, de ce fait, le courant de sève dans les vaisseaux ; d’autre part, la photosynthèse se trouve arrêtée. À ce moment, l’intensité respiratoire s’affaisse et la plante résiste ainsi à la mauvaise saison. Chez les Conifères, on observe aussi une période de vie ralentie en hiver, pendant laquelle la croissance est arrêtée jusqu’au printemps ; l’existence de réserves favorise alors le départ de la végétation. La perte d’eau par les aiguilles de Conifères est très faible du fail de leur forme, de leur cuticule épaisse et aussi de la disposition des stomates.