Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

violoncelle (suite)

Les hommes et les œuvres

Au début du xviiie s., l’école italienne domine. A. Vivaldi*, L. Leo, T. Albinoni, B. Marcello, F. Geminiani destinent au violoncelle les premières sonates et les premiers concertos. Cependant, ces œuvres sont sans commune mesure avec celles de L. Boccherini*, dont les vingt-sept sonates et les onze concertos, parus entre 1756 et 1785, requièrent une haute virtuosité. L’Allemagne est beaucoup plus pauvre. G. F. Händel*, G. P. Telemann* utilisent surtout l’instrument dans des ensembles. Les six suites pour violoncelle seul de Bach* (v. 1720) — la dernière est à l’origine pour viola pomposa et violoncello piccolo — restent une expérience unique. La fin du siècle verra pourtant l’apparition de concertos : celui de Carl Philipp Emanuel Bach* (1753) et ceux de J. Haydn* (ut majeur [v. 1760] ; majeur [1783, mais publié seulement en 1804]). En France, les premières sonates, très proches de la suite, sont dues à Joseph Bodin de Boismortier en 1726. Le développement du violoncelle connaît une grande résistance du fait de la popularité dont jouit depuis longtemps la viole de gambe. La disparition de cette dernière à la fin du siècle met en valeur la brillante école de Martin Berteau (1709-1771) et de ses disciples : les frères Jean-Baptiste (1742-1803) et Louis (1749 - v. 1815) Janson, Jean-Pierre (1741-1818) et Jean-Louis (1749-1819) Duport, et Jean-Baptiste Bréval (1753-1823), qui acquièrent une renommée européenne. C’est à eux que nous devons la première littérature française du violoncelle, dont l’intérêt réside surtout dans la difficulté technique.

Le xixe s. est avant tout pour le violoncelle le siècle de l’Allemagne. Avec un partenaire nouveau, le piano-forte, la littérature s’oriente vers la forme de la sonate dialoguée. Telles seront les cinq sonates de Beethoven*, qui s’échelonnent de l’opus 5 à l’opus 102, auxquelles s’ajoutent deux séries de variations sur un thème de la Flûte enchantée (mi majeur et fa majeur op. 66). Elles constituent avec les deux sonates de J. Brahms* (op. 38 et 99) et celles de F. Mendelssohn* (op. 45 et 58) un ensemble imposant. Les concertos connaîtront par contre un certain arrêt, puisqu’on n’en compte guère que deux, celui de R. Schumann* (op. 129) et le double concerto pour violon et violoncelle de Brahms (op. 102). Parmi les virtuoses de cette époque, nous citerons Bernhard Romberg (1767-1841), Julius Johann Friedrich Dotzauer (1783-1860), Friedrich Grützmacher (1832-1903), David Popper (1843-1913) et Julius Klengel (1859-1933) pour l’Allemagne, Alfredo Piatti (1822-1901) pour l’Italie, Adrien Servais (1807-1866), Jules de Swert (1843-1891) et Jules Delsart (1844-1900) pour l’école franco-belge. Tous publient d’excellentes études et méthodes. Cependant, plus importante que les nationalités et les œuvres, est sans conteste l’orientation nouvelle dont le siècle marque l’instrument. Les romantiques exploitent et magnifient ses possibilités expressives. Contrairement aux classiques, qui avaient développé son registre aigu, à l’imitation du violon, ils mettent en valeur sa tessiture grave. C’est à eux que nous devons l’identification du violoncelle à la voix humaine, qui prévaut encore de nos jours.

Au début du xxe s., le violoncelle connaît un regain d’intérêt parmi les compositeurs, qui découvrent en lui certains effets inédits auxquels il se prête, comme la finesse ou l’humour. Los sonates de C. Debussy*, de G. Fauré*, de A. Honegger*, de B. Martinů*, de S. Prokofiev*, de B. Britten*, les concertos de C. Saint-Saëns*, de E. Lalo*, de A. Dvořák*, auxquels sont venus s’ajouter ceux de A. Khatchatourian, de D. Chostakovitch*, de D. Milhaud*, de A. Jolivet*, de H. Dutilleux*, illustrent, chacun avec sa personnalité, une forme classique.

À côté fleurissent les suites pour violoncelle seul de M. Reger*, de Z. Kodály*, de L. Dallapiccola*, de A. Jolivet, de H. Sauguet, de Y. Xenakis*, ou des œuvres symphoniques avec violoncelle récitant, comme Don Quichotte de Richard Strauss*, Schelomo d’Ernest Bloch*, Épiphanie d’André Caplet. Parmi les interprètes de la première partie du siècle, la personnalité de Pablo Casals (1876-1973) a marqué la technique comme le jeu de l’instrument. Actuellement, l’école française est illustrée par de brillants représentants : Pierre Fournier, André Navarra, Paul Tortelier, Maurice Gendron, auxquels se joignent les Russes Grigori Piatigorski et Mstislav Rostropovitch.

S. M.

➙ Lutherie / Viole de gambe / Violon.

 J. W. von Wasielewski, Das Violoncell und seine Geschichte (Leipzig, 1899 ; 3e éd., 1925). / C. Liégeois et E. Nogué, le Violoncelle, son histoire, ses virtuoses (Féret et fils, 1913). / M. Eisenberg, Cello Playing of today (Londres, 1957).

Vipère

Reptile Ophidien solénoglyphe, venimeux, appartenant à une famille (Vipéridés) à répartition africaine et eurasiatique (tribu des Vipérines) ou américaine — et accessoirement asiatique (Crotalinés).


Tous les Vipéridés sont solénoglyphes et possèdent des crochets venimeux canaliculés, portés par des maxillaires très courts, qui basculent à l’ouverture de la gueule et sont ainsi prêts à frapper. La mandibule et le carré, très longs, permettent l’ingestion de proies volumineuses. La rétine comporte des cônes et des bâtonnets. Les organes de Jacobson (organes olfactifs accessoires) sont bien développés et s’ouvrent au plafond buccal par deux orifices, qui correspondent aux pointes de la langue bifide. Les Crotalinés, ou Vipères à fossettes, possèdent de chaque côté, entre l’œil et la narine, un organe sensoriel thermorécepteur (également présent chez les Boïdés), qui détecte l’émission calorique des Vertébrés homéothermes, dont ils font leurs proies. Chaque fossette comporte deux chambres, séparées par une membrane contenant les extrémités sensorielles de branches du nerf trijumeau. Même aveuglé, un Crotale détecte à plus de 20 cm une source chaude, alors que la section des fibres trigéminées ne lui permet pas d’identifier une proie visible, sauf si le hasard le met en contact avec elle.

Tous les Vipéridés sont vivipares et font leurs petits vivants. On a décrit chez la Vipère des formations placentaires qui permettent aux embryons de se nourrir, concurremment avec les réserves vitellines dont les œufs sont pourvus.