violon (suite)
Les violonistes de jazz
Instrument roi de la musique bourgeoise (classique, romantique...), le violon n’apparut qu’assez rarement dans le jazz, musique d’origine sous-prolétarienne et non européenne. Les critères classiques de « son pur » ou de « beau son » le rendaient peu compatible avec les objectifs de la musique négro-américaine. Ce n’est que vers les années 60 que certains musiciens noirs, au contact d’un climat politique en mutation, « découvrirent » que l’Afrique, notamment, possédait une très ancienne tradition concernant les instruments à cordes et archet, tradition évidemment fort différente de celle des concerts européens et plus voisine du « jazz ». Une fois de plus, la pratique d’un instrument avait été déterminée par une certaine façon de « lire » l’histoire.
Le premier soliste important dans l’histoire du violon « jazz » fut l’Italo-Américain Joe Venuti. Dans les années 30, trois violonistes s’imposèrent : Eddie South, Stéphane Grappelli et Stuff Smith. Parmi les utilisateurs du violon citons aussi les saxophonistes Juice Wilson et Darnell Howard, Ray Perry (un des premiers à se servir de l’amplification électrique), le trompettiste Ray Nance dans l’orchestre de Duke Ellington, les Français Michel Warlop et Claude Laurence (pseudonyme d’André Hodeir), le Suédois Svend Asmussen.
Les styles modernes ont été illustrés au violon par Harry Lookofsky, Dick Wetmore, Joe Kennedy, tous remarquables techniciens au sens classique. Outre l’excellent et incontesté Jean-Luc Ponty, nombre de musiciens — à la suite d’Ornette Coleman, saxophoniste qui joue aussi de la trompette et du violon — firent du violon un des instruments les plus « free » : Michael White, Alan Silva, Leroy Jenkins... Côté « rock » citons Don « Sugarcane » Harris, véritable bluesman moderne du violon. Parmi les disciples de Ponty : le Polonais Michał Urbaniak.
P. C.
Biographies complémentaires
Stéphane Grappelli
(Paris 1908). Dans les années 30, il participe à l’activité des premiers musiciens français passionnés par le jazz. En 1934, il rencontre Django Reinhardt*, avec qui il crée le quintette du Hot Club de France.
enregistrements : Dinah (avec Django Reinhardt, 1934), Willow weep for me (1965).
Jean-Luc Ponty
(Avranches 1943). Premier prix de Conservatoire, il s’imposera dans les années 70 comme le premier violoniste de jazz du monde. Encouragé et conseillé par Grappelli, engagé par Jef Gilson, il est très vite sollicité par des musiciens américains très populaires. Après avoir fait partie des « Mothers of Invention » du guitariste Frank Zappa, il entre dans le Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin.
enregistrements : Anna Livia Plurabelle (avec André Hodeir, 1970), Apocalypse (avec McLaughlin, 1974).
Stuff Smith
(Portsmouth, Ohio, 1909 - Munich 1967). Surtout célèbre dans les années 30 à New York (avec le trompettiste Jonah Jones et le batteur Cozy Cole), il a été un des premiers violonistes à faire « swinguer » son instrument sans trop tenir compte des impératifs classiques.
enregistrement : Skip it (1944).
Eddie South
(Louisiana, Missouri, 1904 - Chicago 1962.) Il étudie le violon à Chicago, puis à Paris et à Budapest ; il joue en France avec Grappelli et Reinhardt ; la maladie, dès 1942, l’oblige à renoncer à toute activité. Il a été un des plus brillants parmi les violonistes de jazz.
enregistrements : Eddie’s Blues (1937), Premier Mouvement du concerto pour deux violons de J.-S. Bach (avec Grappeli, Reinhardt, 1937).