Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Villa-Lobos (Heitor) (suite)

• Musique de chambre. 4 sonates pour piano et violon (1915-1923) ; 2 sonates pour piano et violoncelle (1915-16) ; duo pour violon-alto (1946) ; duo pour hautbois et basson (1957) ; 3 trios avec piano (1911-1918) ; trio d’anches (1921) ; trio à cordes (1945) ; 17 quatuors à cordes (1915-1957) ; quatuor à vent (1928) ; Quintette à vent en forme de Chôros (1928) ; quintette pour flûte, harpe et trio à cordes (1957) ; Sexteto místico (1917). Avec voix : Quatuor (flûte, saxo, harpe, célesta, chœur de femmes, 1921) ; Nonette (bois, célesta, harpe, percussions, chœur mixte, 1923) ; etc.

• Piano. Suíte floral (1917) ; Chôros no 5 (1925) ; A prole do bebê (3 cahiers, 1918-1926) ; Rudepoema (1921-1926, orch. 1932) ; Saudades das selvas brasileiras (1927) ; Francette et Pía (1929) ; Poema singelo (1938) ; Bachianas brasileiras no 4 (1930-1940) ; Guia prático (11 cahiers, 1932-1949) ; etc.

• Guitare. Suíte popular brasileira (1908-1912) ; Chôros no 1 (1920) ; 12 études (1929) ; 5 préludes (1940).

H. H.

 V. Mariz, Heitor Villa-Lobos (Rio, 1949 ; trad. fr., Seghers, 1967). / C. M. de Paula Barros, O Romance de Villa-Lobos (Rio, 1951). / A. M. de Giacomo, Villa-Lobos, alma sonora do Brasil (Sao Paulo, 1959 ; nouv. éd., 1962). / J. C. de Andrade Muricy, Villa-Lobos, uma interpretação (Rio, 1961). / Presença de Villa-Lobos (Rio, 1965). / Villa-Lobos. Sua obra (Rio, 1965). / M. Beaufils, Villa-Lobos, musicien et poète du Brésil (Rio, 1967). / L. M. Peppercorn, Heitor Villa-Lobos. Leben und Werk des brasilianischen Komponist (Zurich, 1972).

Villard de Honnecourt

Architecte français du xiiie s.


Sa notoriété repose sur l’album de croquis et de modèles qu’il dessina (Bibliothèque nationale, Paris) et qui révèle la science des constructeurs de l’époque gothique. Villard est sans doute né à Honnecourt, près de Cambrai, à la fin du xiie s. et il s’est formé dans l’abbaye cistercienne de Vaucelles, dont il a laissé un plan. Comme architecte, il a probablement fait les projets de la collégiale de Saint-Quentin*, entreprise vers 1225. Il a dessiné, avec Pierre de Corbie, le plan et l’élévation du chevet de la cathédrale de Cambrai. Il se rendit ensuite en Hongrie (« J’estoie une fois en Hongrie ») et, au cours de ses voyages, fil des croquis de détails des cathédrales de Meaux, de Laon, de Reims, de Chartres et de Lausanne.

Il a ainsi noté toutes sortes de choses sur les quelque soixante-cinq pages (24 × 16 cm) de son album, qu’il a commencé vers 1220 ou 1225 et qu’il a mené sans plan défini, peut-être d’abord pour rassembler des modèles et les emporter en Hongrie, et, plus tard, à l’intention de jeunes architectes qui s’initiaient à leur métier dans les loges. C’est ainsi que ce cahier de croquis est devenu peu à peu un livre d’enseignement, un livre de loge, comme il dut y en avoir beaucoup — bien que la plupart aient disparu. On y perçoit l’intérêt de Villard pour le décor intérieur et le mobilier, pour la maçonnerie, la charpenterie, les machines, les outils propres à la construction, pour la figure humaine et l’art animalier. Somme des connaissances nécessaires à l’architecte du xiiie s., l’ouvrage est accompagné de commentaires qui utilisent un vocabulaire spécialisé : le mot ogive y figure pour la première fois.

Villard dessine ce qui lui plaît et ce qui le frappe, sans souci de fidélité ; on voit ainsi que ses dessins de la cathédrale de Laon ne respectent pas exactement le modèle. Villard invente aussi des sujets pour les sculpteurs et se révèle un excellent dessinateur de figures ; sa Crucifixion est même en avance sur son temps dans son souci de représenter la douleur humaine du Sauveur. On a pensé qu’il était peut-être aussi bon peintre qu’architecte, et on lui a attribué les enluminures d’un manuscrit de Noyon, dont le style se rapproche de celui de ses personnages dessinés. Villard était aussi un ingénieur, curieux de machines dérivées de l’Antiquité, de mobiles perpétuels, d’engins de guerre, de mécanismes d’horlogerie, d’automates tels qu’une colombe capable de boire une coupe d’eau. Ses connaissances en géométrie s’appliquent d’une part à la construction, d’autre part à la représentation des personnages et des animaux dessinés à l’aide de mensurations, de triangles, de carrés ou de cercles qui facilitent la composition, la recherche des proportions et l’établissement des échelles.

Après la mort de Villard, dont on ignore la date, le manuscrit a été conservé dans une loge de maçons et augmenté par deux autres maîtres dont on distingue les écritures différentes. L’ouvrage passa ensuite de main en main et fit l’objet d’additions mineures ; il fut à la fin du xviie s. la propriété de l’architecte et historiographe André Félibien, puis de son fils dom Michel Félibien, qui le remit à la bibliothèque de Saint-Germain-des-Prés à Paris, d’où il est passé à la Bibliothèque nationale.

A. P.

 J. B. A. Lassus, Album de Villard de Honnecourt, architecte du xiiie siècle (Delion, 1858). / H. R. Hahnloser, Villard de Honnecourt. Kritische Gesamtausgabe des Bauhüttenbuches ms. fr. 19093 der Pariser Nationalbibliothek (Vienne, 1935 ; nouv. éd., Graz, 1972).

Villars (Claude Louis Hector, duc de)

Maréchal de France (Moulins 1653 - Turin 1734).


À des courtisans qui lui faisaient remarquer que Monsieur de Villars « faisait bien ses affaires », Louis XIV répondit : « Oui, mais il fait bien aussi les miennes ! ». Ce jugement royal caractérise la figure de ce brillant chef de guerre aussi adoré de ses soldats que contesté par ses pairs en raison de sa vantardise et de sa cupidité.

Après des études à Juilly, le jeune Villars se bat à dix-neuf ans en Hollande ; cornette de chevau-légers, il enlève une tranchée à Maastricht (1672), est blessé à Seneffe (1674) et est promu colonel à vingt et un ans. Envoyé à Vienne en mission (1683-1685), il parvient à détacher de l’alliance autrichienne l’Électeur de Bavière, Maximilien II (Max-Emmanuel), avec lequel il se bat contre les Turcs. Ce succès lui vaut à son retour la charge de commissaire général de la cavalerie et de commandant de la cavalerie de l’armée des Flandres, où il est promu maréchal de camp (1690), puis lieutenant général (1693). Après être retourné à Vienne comme ambassadeur de 1697 à 1701, il reprend du service au début de la guerre de la Succession* d’Espagne (1701-1714) ; le 14 octobre 1702, à Friedlingen, il obtient par son action personnelle sur l’infanterie un tel succès contre les Impériaux du margrave de Bade que ses soldats, enthousiastes, s’écrient : « Vive le maréchal de Villars ! », choix que Louis XIV ratifie peu après. Le 20 septembre 1703, il bat à Höchstädt l’armée des cercles germaniques, mais, ne pouvant obtenir de l’Électeur de Bavière qu’il marche sur Vienne, il demande son rappel en France. Le roi lui confie alors la délicate mission d’apaiser la révolte des camisards*. Grâce à son prestige et à la souplesse de son autorité, Villars pacifie le Languedoc et reçoit le 16 mai 1704, avec celle de ses dernières bandes, la soumission de leur chef, Jean Cavalier. Créé duc en 1705, il va guerroyer dans l’Est pendant trois ans contre les Impériaux, puis en 1708 au Piémont contre le duc de Savoie. Après la chute de Lille (déc. 1708), la situation étant devenue critique en Flandre, c’est à lui que Louis XIV fait appel pour prendre le commandement de l’armée du Nord, dont l’état matériel et moral est désastreux. Grâce à son activité inlassable, Villars rend confiance à ses 80 000 soldats et, quand, en 1709, le Prince Eugène et le duc de Marlborough* menacent Mons, il les attaque le 11 septembre à Malplaquet. L’agressivité des Français permettait d’espérer la victoire, quand Villars, gravement blessé, est remplacé par le maréchal de Boufflers, qui, face à l’énorme supériorité de ses adversaires, ordonne la retraite. L’ennemi avait perdu plus de 20 000 hommes, si bien que Villars peut écrire au roi : « Encore une pareille bataille perdue et vos ennemis seront détruits. » Nommé pair de France et gouverneur de Metz en 1710, Villars soigne ses blessures à Bourbonne. Mais, en 1712, le Prince Eugène, reprenant l’offensive, s’empare du Quesnoy (juill.) et met le siège devant Landrecies, qui barre la vallée de l’Oise et la route de Paris. C’est dans cette situation critique, où la barrière des places de Vauban est presque entièrement perdue, que le roi confie ses dernières réserves à Villars. Ce dernier décide d’attaquer le camp de Denain sur l’Escaut, relié à Marchiennes par une double ligne de tranchées. Le 24 juillet, Denain est enlevé par surprise ; le 2 août, Landrecies est dégagé, et le Prince Eugène doit évacuer la région, ce qui permet d’entamer les pourparlers qui conduiront au traité d’Utrecht en 1713.