Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Vigne et vins (suite)

L’association porte-greffes-greffon du cépage choisi pose le problème fondamental du greffage. Celui-ci est un art qui demande réflexion et application. Il était l’apanage du vigneron. Sa compétence était transmise de père en fils. Aujourd’hui, il n’en est plus ainsi, et la main-d’œuvre qualifiée se fait de plus en plus rare. Aussi voit-on se développer la plantation directe de greffés-soudés, plants racines et greffés dans des ateliers de pépiniéristes spécialisés, au détriment des modalités de plantation de plants racines américains, greffés ultérieurement au vignoble. Chacune de ces techniques a ses avantages et ses inconvénients. De toute façon, le greffage exige une main-d’œuvre hautement spécialisée. Le problème du recrutement et de la formation de celle-ci est fondamental pour la pérennité du vignoble.

Les cépages cultivés appartiennent presque en totalité à l’espèce Vitis vinifera et sont plantés sur porte-greffes, à quelques exceptions près dues à la nature du sol et aux possibilités efficaces de défense contre le Phylloxéra.

En France, la classification des cépages en cépages recommandés, autorisés et tolérés, l’élimination autoritaire des rares cépages hybrides existant encore, les avantages accordés exclusivement aux cépages recommandés, les travaux remarquables de sélection et de création déjà réalisés contribuent à donner au vignoble une jeunesse et une qualité générale prometteuse.

La révolution créée par l’invasion du Phylloxéra, il y a un siècle à présent, qui a vu la disparition de la Vigne franc de pied et l’apparition de variétés américaines, des porte-greffes et des hybrides producteurs directs, n’est pas encore terminée, eu égard aux nombreux problèmes posés, dont quelques-uns sont encore à résoudre.

En améliorant l’encépagement, qu’il s’agisse des cépages et des porte-greffes, on a enrichi les connaissances sur les principes fondamentaux et les méthodes de sélection.

L’objectif final de tous les travaux d’amélioration et de création est l’obtention de cépages aux qualités supérieures à celles que l’on connaissait, résistants au Phylloxéra ainsi qu’au plus grand nombre d’atteintes pathogènes et cultivés franc de pied.

Avec la sélection massale et clonale on poursuit deux objectifs : d’une part, une amélioration de la qualité et du rendement ; d’autre part, une plus grande résistance aux atteintes pathogènes de quelque nature qu’elles soient. Le dépistage des maladies de dégénérescence est fondamental.

La sélection clonale est marquée par plusieurs étapes d’une durée longue de dix ans au moins. On peut effectuer ainsi une vérification complète et précise de tous les caractères et de toutes les propriétés : état sanitaire, rendement, qualité des raisins, volume des grappes et des baies, résistance des raisins à la pourriture, au gel, à la sécheresse, aux maladies (tout spécialement aux viroses), à la coulure et au millerandage.

L’importance du contrôle sanitaire des bois et des plants de Vigne est fondamental. En France, ce contrôle officiel a en particulier pour objet de garantir la pureté spécifique et variétale des produits, de faire obstacle à la propagation des maladies contagieuses et de promouvoir les travaux de sélection.

C’est par la voie de l’hybridation qu’on peut créer de nouveaux cépages, et ce non seulement pour l’amélioration qualitative, mais aussi pour une résistance certaine aux atteintes pathogènes les plus diverses et pour une résistance au Phylloxéra permettant des plantations franc de pied. L’augmentation de rendement, régulièrement recherchée, peut être discutée.

L’hybridation intraspécifique entre cépages Vinifera a permis d’améliorer les cépages de cuve, de table, de raisins secs, mais aussi, dans certains cas, d’augmenter le rendement et la résistance au mildiou.

L’hybridation interspécifique a poursuivi plusieurs objectifs : obtenir des hybrides producteurs directs, des porte-greffes, des plants qui ajoutent à la résistance des espèces sauvages la productivité et la qualité supérieure des vignes américaines ainsi que la résistance au Phylloxéra et au mildiou.

On associe généralement pour l’amélioration du vignoble qualité et rendement. La qualité est toujours perfectible, surtout si l’on ouvre les plus larges horizons, allant de la résistance aux accidents de quelque nature qu’ils soient aux qualités proprement dites, qui touchent les caractères gustatifs, hygiéniques et nutritionnels. À ce titre, elle est sans limite.

Il n’en est pas de même pour le rendement. Pour un cépage donné, dans des conditions écologiques bien définies, il existe une limite de productivité au-delà de laquelle la qualité régresse : plus encore, la résistance à la pourriture, par exemple, peut être diminuée. La productivité est essentiellement un concept économique, qui ne doit pas être prioritaire, surtout en raison des conséquences pathologiques qu’elle provoque.

La création de cépages ayant les avantages des meilleurs porte-greffes, les qualités améliorées des Vitis vinifera et une résistance accrue ou totale aux accidents climatiques ou pathogènes est aujourd’hui dans le domaine des possibilités.

L’ère d’un nouveau cépage franc de pied est plus proche qu’on n’osait l’espérer il y a quelques décennies. Cette nouvelle révolution fermera le cercle ouvert par la crise du Phylloxéra.

L’essentiel pour les vignobles bénéficiant encore d’une classification hiérarchique est de leur conserver les caractères qualitatifs fondamentaux.

En un mot, une œuvre génétique créatrice doit marquer l’activité viticole et dépasser les travaux de sélection, si remarquables, pourtant, dans leurs résultats.


L’entretien du vignoble

Il comprend la culture, la fertilisation et la taille.


La culture

Les méthodes de travail du sol sont en pleine évolution. Autrefois, labours et culture superficielle avaient pour objet essentiel de maintenir le sol propre et souple, et de lui conserver une humidité suffisante : d’où la multiplication des labours superficiels. Tout cela exigeait une main-d’œuvre importante, qui, aujourd’hui, fait défaut. Aussi la viticulture s’oriente-t-elle vers des techniques capables de permettre une culture avec un minimum de personnel sans nuire pourtant au rendement qualitatif et quantitatif des récoltes.

L’objectif essentiel est la destruction de la flore parasitaire. C’est ainsi qu’est né le désherbage chimique et, pour les nouvelles plantations surtout, le paillage en matière plastique.