Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Viêt-nam (suite)

Période « protovanlangienne »

Vers la fin du Néolithique (IIIe-IIe millénaire av. J.-C.), les Lac Viêt colonisent les deltas fluviaux. C’est la civilisation du fleuve Rouge : vastes villages de maisons sur pilotis ; outils, armes, parures en pierre polie ; céramique au tour et au four, à décor imprimé, gravé, incisé, peint ; tissage ; vannerie (Phung Nguyên, Lung Hoa) ; formation des premiers mythes de la dynastie des Hông Bang.


Période « vanlangienne »

Vers le IIe millénaire av. J.-C., le Viêt-nam entre dans l’âge du bronze.


Époque Go Bông : bronze inférieur (2000-1500 av. J.-C.)

Le métal étant encore rare, on continue à fabriquer des outils en pierre polie, des parures en jade (boucles d’oreilles, bracelets, anneaux), des statuettes en terre cuite animalières. Une petite figure en pierre polie de Van Diên représente un homme portant un chignon. Le chef Lac de la tribu Van Lang, d’après les textes, se serait donné le titre de roi.


Époque Dông Dâu : bronze moyen (1500-1000 av. J.-C.)

Les objets et les armes en bronze sont abondants : haches, pointes de flèche, de lance, de javelot, décorées de figures géométriques ou zoomorphes (oiseau lac, crocodile-dragon...). C’est l’époque de fédération des quinze tribus Lac Viêt.


Époque Go Mun : bronze supérieur (1000-500 av. J.-C.)

La fédération Lac Viêt devient le royaume de Van Lang. Le roi Hung fonde la capitale à Mê Linh. On fabrique des tambours de bronze richement décorés, des armes et des récipients divers. Les grandes maisons ont un toit incurvé, décoré d’oiseaux-totems. Les barques sont longues et portent l’effigie de l’oiseau lac et du giao long (crocodile-dragon).


Époque Dông Son* : bronze final et début du fer (500-258 av. J.-C.)

La culture vanlangienne rayonne en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique. Le port de Dông Son devient prospère grâce à des échanges vers l’extérieur. On trouve de riches mobiliers funéraires près de Dông Son, à Thiêu Dúóng et à Viêt Khê (bronze, fer, céramique, laque...). En 258, les guerres entre Lac Viêt et Âu Viêt entraînent la fin du Van Lang.


Période « postvanlangienne »

C’est la continuation de la culture vanlangienne.


Époque Âu Lac (258-208 av. J.-C.)

Le roi An Duong fonde le royaume Âu Lac et transfère la capitale à Cô Loa, où il construit une citadelle en forme de conque de 8 km de périmètre.


Époque Nam Viêt (208-111 av. J.-C.)

Le Âu Lac est conquis par Triêu Da, qui fonde le royaume de Nam Viêt. C’est l’époque de l’expansion de la culture « vanlango-âulacéenne » en Chine du Sud (riziculture irriguée, culture du cotonnier et de la canne à sucre, usage de l’araire en métal, maisons au toit recourbé et décoré, tambours de bronze, arbalètes, etc.).


Époque Giao Chi pré-Trung (111 av. J.-C. - 40 apr. J.-C.)

Les Han* antérieurs envahissent le Nam Viêt, qui devient le Giao Chi, dont la capitale est Luy Lâu. Mais la société et la culture « aulacviêtiques » sont maintenues jusqu’à la révolte des sœurs Trung, qui réussiront à fonder un éphémère royaume indépendant en 40 apr. J.-C.


Période « giaochalléenne »

C’est la période d’assimilation de la culture des Han.


Époque Giao Chi post-Trung (43-541)

La défaite des sœurs Trung en 43 marque la fin de la culture des Âu Lac. Les Han postérieurs réoccupent le Giao Chi, qui deviendra le Giao Châu de l’empire des Han. La capitale est transférée à Mê Linh. Les « Giaochalléens » adoptent le bouddhisme, le confucianisme, le taoïsme et élaborent un art « hanoviêtique » (temples, sépultures en briques décorées, modèles réduits de maisons, de fermes, de châteaux, de citadelles...). En 264, la capitale est transférée à Long Biên.


Époque Van Xuân (541-603)

En 541, Ly Bi chasse les Chinois et fonde le royaume de Van Xuân. Il reconstruit Long Biên, bâtit le palais Van Tho, les temples Khai Quôc, Van Phuc(?)... Le premier chef-d’œuvre de l’art bouddhique vietnamien est créé à cette époque : la grande statue en pierre d’Amitābha de Van Phuc (2,80 m de haut). Cent cinquante temples et monastères et vingt pagodes sont construits dans tout le pays.


Époque du protectorat général d’Annam (603-905)

Le Van Xuân est occupé par les Sui (Souei), puis par les Tang (T’ang*), qui créent le protectorat d’Annam. La capitale est transférée à Tông Binh. Le Giao Châu devient un haut lieu du bouddhisme. Cent neuf temples y sont encore construits. La céramique voit l’apparition du grès à engobe, sans ou avec décor sous couverte unie ou craquelée, et les débuts du céladon et de la porcelaine.


Période « protodaiviêtique »

Première période de l’indépendance, elle est marquée par la naissance d’un art national.


Époque pré-Dinh (905-968)

La capitale est transférée à Cô Loa sous Ngô Quyên. Sépultures royales et temples subsistent encore aujourd’hui, mais non les six statues en or de patriarches qu’abritait le temple Truong liêu. Après la mort de Ngô Quyên, le pays est morcelé en douze seigneuries militaires : c’est l’époque des châteaux forts et des guerres féodales.


Époque Dinh (968-980)

Dinh Bô Linh unifie le pays, qu’il nomme Dai Co Viêt, installe la capitale à Hoa Lu et se proclame empereur. L’art de cette époque est fruste et violent. On assiste à l’essor de l’art animalier (les dix animaux monolithiques de plus de 2 m de haut à Van Phuc). Le bouddhisme devient religion d’État. On érige à Hoa Lu cent colonnes en pierre gravées de textes de sūtra (kinh trang).


Époque Tiên Lê (980-1009)

À l’avènement de Lê Dai Hanh, le jeune État se distingue par des guerres victorieuses contre la Chine et le Champa*. On construit à Hoa Lu nombre de tours, de palais, de temples (Dai vân, Van tuê...). L’architecture paysagiste connaît un grand essor. La sculpture, influencée par l’art cham, devient raffinée, vigoureuse, sensuelle (Van Phuc).


Période « daiviêtique »

C’est la grande période de l’art vietnamien.