Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

vétérinaire (art) (suite)

Les services vétérinaires de l’État datent, dans un premier temps non suivi d’une totale réalisation, de 1909 par suite d’une loi plaçant les vétérinaires départementaux, fonctionnaires, sous l’autorité du ministre de l’Agriculture, et, définitivement, de la loi du 8 juillet 1965, cette loi ayant organisé un Service national centralisé comportant un directeur, des contrôleurs généraux à action régionale, les directeurs départementaux et de nombreux laboratoires.

Ce service est chargé de l’ensemble des questions relatives à la défense sanitaire des élevages et à l’inspection sanitaire et qualitative des produits animaux et des denrées d’origine animale destinés à la consommation humaine et animale.

Il a dans ses attributions :
— l’organisation et l’application de la police sanitaire aux frontières, l’étude et la mise en œuvre des conventions sanitaires internationales, dont, en particulier, celles de la Communauté économique européenne ;
— sur l’ensemble du territoire, la surveillance et la protection sanitaires du cheptel, la prophylaxie des maladies contagieuses ;
— le contrôle administratif des produits biologiques et la réglementation de la pharmacie vétérinaire ;
— l’inspection sanitaire et de salubrité ainsi que le contrôle qualitatif et bactériologique des denrées animales ou d’origine animale, y compris les produits de la pêche ;
— le contrôle sanitaire des abattoirs, des frigorifiques et des établissements de stockage, de conservation, de traitement et de transformation des produits animaux et d’origine animale, ainsi que des établissements d’équarrissage.

Il assure en outre le secrétariat permanent de la Commission nationale vétérinaire et de la commission instituée pour la protection des animaux de laboratoire.

Les activités vétérinaires se sont à la fois étendues et déplacées.

Le traitement individuel des animaux d’élevage, bien que toujours nécessaire, fait place à des mesures de large prophylaxie en vue d’obtenir des troupeaux sains et de produire des aliments initialement propres à la consommation humaine. En outre, la thérapeutique des animaux de compagnie s’est développée.

L’hygiène alimentaire de l’Homme et des animaux constitue maintenant un important secteur d’intérêt professionnel. C’est pourquoi, si l’objet des Services vétérinaires a résidé longtemps, de façon essentielle, dans la lutte contre les maladies contagieuses en exerçant leur surveillance à la fois sur le territoire national et aux frontières, il s’est aujourd’hui diversifié. Les interventions directes contre les zoonoses, c’est-à-dire contre les maladies animales transmissibles à l’Homme, sont ainsi complétées par une inspection sévère et généralisée des denrées d’origine animale pour prévenir les toxi-infections justement redoutées à titre individuel, mais pouvant prendre, avec l’extension de la restauration collective, l’allure de véritables épidémies.

Un tel champ d’action fait que, outre son rôle primordial dans l’économie agricole, le vétérinaire est devenu l’associé du médecin pour protéger la santé publique.

G. T.

 E. Leclainche, Histoire de la médecine vétérinaire (Office du livre, Toulouse, 1936). / C. Bressou, Histoire de la médecine vétérinaire (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1970). / K. Wamberg et McPherson, Encyclopédie vétérinaire (Vigot, 1974 ; 4 vol.).

Veuillot (Louis)

Journaliste et polémiste français (Boynes 1813 - Paris 1883).


Fils de François Veuillot, ouvrier tonnelier que la conjoncture économique oblige à venir s’établir à Bercy, Louis Veuillot doit, dès l’âge de treize ans, entrer en qualité de petit clerc chez un avoué parisien, Fortuné Delavigne, frère du poète Casimir Delavigne, alors dans l’éclat de sa gloire. Grâce à ce dernier, Louis se frotte aux milieux littéraires ; lui-même s’essaie dans la poésie romantique. Heureusement pour lui, Henri de Latouche, l’un des fondateurs du Figaro, le lance dans le journalisme, sa véritable vocation.

Attaché à la rédaction de l’Écho de la Seine-Inférieure en 1830, il quitte Rouen en 1832 pour Périgueux, où il devient rédacteur en chef du Mémorial de la Dordogne ; il entre alors dans les bonnes grâces du général Bugeaud, qui, en 1838, le fait venir à Paris, où il écrit à la Charte, puis à la Paix ; il bataille sans grand plan politique, mais il est remarqué déjà pour sa verve et ses dons de polémiste. D’un voyage qu’il fait à Rome (1838), Louis Veuillot revient converti à un catholicisme intégral que désormais il vivra pleinement et dont il défendra constamment les exigences par l’exemple de sa vie et surtout par la vertu de sa plume alerte et souvent acérée. L’Église romaine n’aura pas de plus solide défenseur que Louis Veuillot.

Employé au ministère de l’Intérieur, puis secrétaire de Bugeaud (alors gouverneur général de l’Algérie), le jeune converti se dépense obscurément en productions édifiantes jusqu’au jour de l’année 1843 qui le voit entrer dans le noir local de la rue des Fossés-Saint-Jacques, où, depuis sa fondation par l’abbé Migne en 1833, vivote le journal catholique l’Univers (1 500 abonnés), dont Louis Veuillot va faire la plus fameuse feuille ultramontaine de la France, voire de la chrétienté.

D’abord simple rédacteur, Louis Veuillot, qui complète son instruction, se fait remarquer d’emblée par une vivacité de style qui étonne des lecteurs habitués aux tons compassés des écrivains catholiques. À partir de 1844, il mène dans l’Univers — qui compte bientôt 6 000 abonnés — une violente campagne contre l’Université : il encourt même un mois de prison pour une introduction qu’il donne au Mémoire aux évêques de l’abbé Théodore Combalot, lorsque éclate la révolution de février 1848. Rédacteur en chef adjoint du journal, il se brouille, sur la Question romaine, avec le rédacteur en chef, le lamennaisien Charles de Coux (1787-1864), qui, le 25 février 1848, quitte le journal, laissant Veuillot maître des lieux et de l’orientation désormais très ultramontaine de l’Univers.