Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

vent (suite)

Le vent d’autan (Haut-Languedoc, régions situées à l’ouest des Corbières et de la Montagne Noire) est un vent de sud-est souvent violent et rarement accompagné de pluie, bien que prolongeant normalement le marin venu de la Méditerranée, car il connaît l’effet de fœhn. On distingue l’autan blanc (ciel dégagé) et l’autan noir (ciel nuageux), qui précède la pluie. Il s’agit de vents résultant de situations où dominent tantôt les conditions dépressionnaires (autan noir), tantôt les situations anticycloniques (autan blanc). On peut substituer à ces dispositions la distinction en autan synoptique et en autan géographique. Ce dernier fait intervenir la barrière pyrénéenne. Un flux venu de l’Espagne crée « sous le vent » du relief (région de Toulouse) une zone de basses pressions dynamiques, qui attire l’air méditerranéen par le seuil du Lauragais.

Les vents étésiens sont surtout observés sur la Méditerranée orientale ; ce sont des vents chauds, fort turbulents et secs, bien que ceux de la mer Égée arrivant à Athènes y provoquent un temps lourd et nuageux. Ils soufflent entre les hautes pressions de surface qui s’étendent sur l’Europe méridionale et les basses pressions thermiques pelliculaires qui règnent sur l’Afrique et l’Arabie.

Le sirocco en Algérie, le khamsin en Égypte règnent surtout en hiver et aux changements de saison. Secs et chauds par leur origine africaine, ils sont attirés par les dépressions méditerranéennes.

Le norther du golfe du Mexique peut être très violent. Il impose à l’occasion des vagues de froid jusque sur le Mexique oriental. Il est contrôlé par un anticyclone mobile d’origine polaire ayant poussé très avant vers le sud avant de migrer vers l’est sur l’Atlantique (v. anticyclone).

Le pampero du río de La Plata se manifeste à l’arrière d’un front froid, quand une invasion polaire remonte vers le nord et affecte la Pampa. Vent continental de sud-sud-ouest, il est contrôlé par un anticyclone centré sur les Andes (fig. 8). Après la chaleur lourde régnant à l’avant du front, le pampero impose froid et turbulence. Il se manifeste toute l’année, mais surtout aux changements de saison.

Le blizzard est un vent fort qui règne, par exemple, sur l’inlandsis antarctique. Il résulte des fortes différences de pressions existant entre la périphérie des terres englacées (dépressions) et leur centre (hautes pressions).

Malgré la localisation de ses effets à des pentes montagnardes très localisées, le fœhn peut être analysé ici, du fait de l’ample système de pressions qu’il implique. C’est un vent sec, violent et chaud qui souffle dans les vallées septentrionales des Alpes suisses et autrichiennes. Il s’écoule perpendiculairement à ces chaînes, attiré, surtout en hiver, par les perturbations d’ouest ou de sud-ouest qui passent au nord des Alpes. Le monde méditerranéen est alors dominé par de plus hautes pressions. Sur les versants méridionaux, le vend du sud, ascendant, dépose son humidité (nuages, pluie, neige). Les crêtes, au nord, sont débordées par les nuages, qui s’interrompent en un « mur de fœhn ». L’air dévale les pentes septentrionales, où, dans les vallées, il subit un effet de compression, d’où le ciel clair et l’air très chaud et très sec, avec fonte de neige et grands risques d’avalanches (fig. 9).

Le chinook soufflant depuis les Rocheuses dans les vallées affluentes du Missouri est un véritable fœhn, dont il possède le système de pressions et les effets.


Vents locaux

• Brises de mer et brises de terre. Elles expriment des phénomènes très localisés. La brise de mer se manifeste normalement jusqu’à 500 m d’altitude et jusqu’à 40 km au plus dans l’intérieur des terres. Sa vitesse reste faible, ne dépassant pas 4 ou 5 m/s. Il est vrai que ces chiffres peuvent être très largement dépassés entre les tropiques. Les brises sont des vents thermiques qui correspondent à une alternance diurne avec renversement de la direction du souffle entre le jour et la nuit. Sous l’action solaire, la surface de la mer s’échauffe, beaucoup moins que la terre ; de nuit, le rayonnement fait perdre davantage de chaleur au sol qu’à l’eau. Ainsi, de jour, la terre constitue, par rapport à la mer, un centre chaud, dépressionnaire et aspirateur, au-dessus duquel l’air s’élève (d’où, présence de la brise de mer), alors que, de nuit, c’est l’inverse qui se produit (brise de terre) [fig. 10]. En l’absence de vents plus généraux venant en perturber l’ordonnance, les brises de mer soufflent du matin jusqu’au soir et les brises de terre, du soir au matin. Les premières sont plus fortes que les secondes, car les différences d’échauffement diurne entre terre et mer l’emportent sur les différences nocturnes.

• Brises de vallée, de montagne et de versants. Une montagne impose des ascendances dynamiques ; elle impose aussi des ascendances thermiques, qui s’intègrent dans un système de brises tantôt gravissant les pentes et tantôt les dévalant.
Brises de vallée et de montagne. Par temps calme, elles alternent, par 24 heures, avec la même régularité que les brises de mer et de terre. C’est en soirée que la brise fraîche ou froide de montagne descend dans l’axe de la vallée (brise d’amont). Elle dure toute la nuit. Vers 9 heures du matin, c’est l’inverse. Un vent parcourt la vallée en remontant vers les sommets. Ce vent chaud s’amplifie dans l’après-midi (brise d’aval). Des noms locaux désignent ces phénomènes (sur les lacs italiens, la Breva est la brise de vallée, le Tivano, la brise de montagne). Les brises thermiques d’amont et d’aval s’expliquent par les variations de températures et de pressions à un niveau constant situé à la fois au-dessus de la basse vallée et de la montagne. Ce niveau (N), influencé par le substratum (alors que plus haut l’effet de ce dernier disparaît), doit être pris de telle sorte qu’il passe immédiatement au-dessus des sommets (fig. 11). De jour, réchauffement du sol par radiation solaire affecte le niveau N au-dessus de la montagne (niveau proche du sol), ce qui crée de basses pressions thermiques. Au-dessus de la basse vallée et de la plaine, le niveau demeure plus froid (hautes pressions), d’où l’écoulement de l’air, au niveau N et en dessous, de l’aval (plaine) vers l’amont (sommets). De nuit, c’est l’intensité du rayonnement nocturne sur ces sommets qui crée le refroidissement de l’air et la tendance inverse des pressions et des flux.


Brises de pentes. Pendant le jour, l’air qui se trouve au contact du sol tend à s’élever le long des versants. La nuit, le rayonnement du sol en pente refroidit l’air à son contact. Cet air devient lourd et glisse vers le bas. Le processus d’écoulement par gravité auquel on assiste ici est certainement valable pour la brise de montagne. Il se retrouve également dans le cas des vents catabatiques parfois très violents qui se manifestent à la périphérie des inlandsis. Ces vents atteignent des vitesses très élevées dépassant largement 100 km/h tout en n’affectant qu’une lame très mince de l’atmosphère (quelques centaines de mètres). Les vents de relief, qu’ils soient à caractère thermique ou dynamique, ascendants ou descendants, subissent des effets de frottement qui se traduisent par des tourbillons à axes horizontaux.