Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Venizélos (Elefthérios) (suite)

Au début de la Première Guerre mondiale, d’abord partisan de la neutralité grecque, Venizélos incline rapidement vers l’Entente, comme la masse des républicains, alors que les germanophiles se groupent derrière le roi, beau-frère de Guillaume II. Lors de l’expédition franco-britannique des Dardanelles, Venizélos est sur le point d’engager les forces grecques contre les Turcs quand le roi l’oblige à se retirer (6 mars 1915). La victoire de son parti (libéral) aux élections législatives le ramène au pouvoir dès le mois d’août. Secrètement, il est favorable au débarquement des Alliés à Thessalonique.

Le 5 octobre 1915, Venizélos est remplacé par Zaímis, puis par Stéfanos Skouloúdhis (1838-1928), dont l’attitude proallemande exaspère les Alliés ; ceux-ci prennent de plus en plus appui sur Venizélos.


« Le plus populaire des Grecs »

En octobre 1916, celui-ci constitue à Thessalonique un gouvernement républicain provisoire. Les Alliés ayant acculé Constantin Ier à l’abdication (juin), son fils, Alexandre, devenu roi, rappelle Venizélos, qui, aussitôt, déclare la guerre aux Empires centraux (29 juin 1917). Les hostilités terminées, Venizélos, qui siège à la conférence de la paix, peut se croire sur le point de réaliser la « Grande Idée ».

Certes, la Grèce, « alliée tardive », n’obtient pas satisfaction quant à l’Épire du Nord (dévolue à l’Albanie) et au Dodécanèse (que conserve l’Italie) ; mais elle annexe le littoral de l’Égée jusqu’à la Marica, jusqu’alors bulgare (traité de Neuilly, nov. 1919) ; aux termes du traité de Sèvres (août 1920), la Turquie lui abandonne la Thrace orientale, Imbros et Tenedos, ainsi que l’administration de la région de Smyrne, dont l’annexion est prévue dans un délai de cinq ans en cas de plébiscite favorable. Ces clauses se heurtent toutefois au refus des Turcs de Mustafa* Kemal, farouchement opposés au dépeçage de leur pays.

Poussé par Lloyd George, Venizélos s’engage contre les Turcs dans une guerre qui le rend impopulaire. Après la mort d’Alexandre Ier (oct. 1920), le « grand Crétois » subit une dure défaite électorale au profit des partisans de Constantin Ier, qui est rappelé sur le trône par un plébiscite (déc.). Mais déjà Venizélos est installé à Paris.


La fin de l’ère vénizélienne

Cependant, le Premier ministre Dhimitrios Ghoúnaris (1867-1922) se montre incapable de faire face aux victorieuses offensives de Mustafa Kemal en Anatolie. Le 9 septembre 1922, la cavalerie kémaliste est à Smyrne ; le 26, une révolution éclate à Athènes, qui remplace Constantin Ier par son fils Georges II. Bientôt, le traité de Lausanne (24 juill. 1923), en remettant en cause les gains territoriaux des guerres balkaniques, met fin à la « Grande Idée ».

Cette dure humiliation provoque la chute de la royauté (18 déc. 1923) ; les élections ayant été favorables à son parti, Venizélos rentre en Grèce en 1924 ; il est de nouveau Premier ministre, mais, malade, moins d’un mois plus tard, il laisse le pouvoir à Aléxandhros Papanastassíou (1876-1936), qui proclame la république.

La Grèce sombre alors lentement dans l’anarchie et est à la merci de coups d’État militaires. Une éclaircie : la Constitution du 3 juin 1927, d’inspiration parlementaire. Redevenu Premier ministre (3 juill. 1928), Venizélos dissout la chambre et constitue un cabinet d’union nationale. La tâche qu’il s’impose alors est le rétablissement des bonnes relations de la Grèce avec ses voisins : Albanie (1928), Yougoslavie et Bulgarie (1929), Hongrie et Autriche (1930). De plus, croyant pouvoir créer un courant d’amitié helléno-turc, il se rapproche ostensiblement de la Turquie kémaliste (1930-31), allant jusqu’à refuser de soutenir le mouvement nationaliste cypriote.

Mais la conjoncture grecque et mondiale (crise monétaire et politique) rend ce rêve irréalisable. En mai 1932, ayant dû dévaluer la drachme, Venizélos démissionne, puis dirige de nouveau par deux fois le pays (juin-nov. 1932, janv.-mars 1933). Les positions de son adversaire, Panaghís Tsaldháris (1867-1936), chef du parti populaire, se renforcent. Le traité de défense balkanique, signé par Tsaldháris en février 1934, est un coup mortel au rêve helléno-turc de Venizélos.

En mars 1935, ses partisans tentent vainement un coup d’État en Crète. L’ère vénizélienne est terminée : le vieux leader libéral part pour Paris et il est condamné à mort par contumace. Il meurt un an plus tard, ayant marqué profondément l’histoire de la Grèce contemporaine. Son fils Sofoklís (Athènes 1894 - en mer 1964) deviendra le chef du gouvernement grec en exil en 1944. Leader du parti national, il sera de nouveau au pouvoir en 1950 et 1951, avant d’assumer le portefeuille des Affaires étrangères (oct. 1951 - nov. 1952) : c’est lui qui fera admettre la Grèce à l’O. T. A. N. (févr. 1952).

P. P.

➙ Grèce.

 S. B. Chester, Life of Venizélos (Londres, 1921). / G. Dafnis, la Grèce entre les deux guerres, 1923-1940 (en grec, Athènes, 1955 ; 2 vol.). / H. Venizélos, À l’ombre de Venizélos (Génin, 1955).

vent

Mouvement de l’air qui résulte de la transformation d’une partie de l’énergie du rayonnement solaire en énergie cinétique.


Le terme désigne plus précisément la translation des molécules d’air à l’horizontale, au plus près du sol et à différents niveaux d’altitude. Les reliefs peuvent cependant imposer au vent de gravir des pentes ou de les dévaler.


Mécanismes


Vent et force du gradient de pression

Les mécanismes du vent se rattachent à la dynamique* des fluides. Un fluide est en état d’équilibre lorsqu’un plan horizontal qui l’intègre subit en tous points une pression uniforme. L’équilibre disparaît à partir du moment où le plan supporte des pressions inégales. Une tendance se manifeste alors de l’écoulement du fluide des lieux de fortes pressions vers les lieux de basses pressions. À la place d’une surface horizontale où la répartition des pressions est ainsi inégale, on peut prendre en compte une surface gauchie où la pression reste la même (surfaces de 700 millibars [mb], 500 mb, etc.). Cette surface est plus élevée, à partir du niveau de la mer, là où les pressions sont fortes que là où elles sont faibles. L’écoulement de l’air s’organise des points hauts vers les points bas. Les systèmes de pressions impliqués dans un niveau constant (niveau de la mer par exemple) sont traduits par des cartes d’isobares (courbes d’égales pressions) ; les systèmes de pressions révélés par une surface de pression constante et gauchie sont exprimés par les cartes d’isohypses (sur chacune de ces courbes, la pression est à altitude constante) [fig. 1].