Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

aviation (suite)

Fighter command de la R. A. F. aux ordres de Dowding. 4 groupements : 11e groupe (350 avions) dans le sud-est de l’Angleterre, 10e groupe (90 avions) près de Bristol, 12e groupe (150 avions) dans les Midlands, 13e groupe (150 avions) en Écosse.
Au total, 52 escadrons (« squadrons ») de 15 avions, dont 40 en première ligne et 12 en réserve, soit plus de 700 chasseurs, dont 600 « Hurricane », constamment renforcés ou remplacés par des « Spitfire » grâce à un effort extraordinaire de la construction aéronautique, animée par son ministre lord William M. Beaverbrook (1879-1964).

Pertes

Luftwaffe : environ 2 000 avions.

R. A. F. : environ 700 avions (mais seulement 400 pilotes). Entre l’été de 1940 et le 1er mai 1941, les pertes humaines de la Grande-Bretagne, du fait de la bataille aérienne, atteignent environ 41 000 morts et 48 000 blessés.


L’aviation militaire à l’heure de l’atome

Au lendemain du conflit, les États-Unis occupent indiscutablement la première place dans le domaine aérien : l’U. S. Air Force dispose alors de 45 000 avions de combat et de 2 300 000 hommes. À cette supériorité écrasante du nombre s’ajoute celle, plus déterminante encore, de la puissance. La « Superforteresse » B-29 est le meilleur bombardier du moment, mais combien son efficacité est-elle encore multipliée par le fait qu’elle est porteuse de la bombe* atomique, dont une seule équivaut aux effets d’un raid de 500 bombardiers lourds larguant des bombes classiques. La densité minimale requise pour provoquer la fameuse « tempête de feu » dévastatrice n’exige plus désormais qu’un seul équipage et qu’un seul projectile. Tandis que se poursuit dans le sillage des expériences de la guerre l’évolution de l’aviation tactique, le rôle stratégique de l’avion semble avoir atteint son apogée.

• 1947-1955 : le règne du Strategic Air Command. Avec les très rapides progrès en puissance des bombes atomiques, le problème du seuil minimal justifiant la théorie de Douhet ne se posait plus. Il devenait alors facile aux Américains de construire et d’entretenir en temps de paix une force de bombardement capable de causer en une journée plus de destructions que la totalité des avions alliés n’en provoqua de 1941 à 1945. C’est le monopole atomique des États-Unis qui assura pendant dix ans le règne de leur Commandement aérien stratégique (Strategic Air Command), créé en 1947 et sur lequel repose toute la politique de défense américaine. Fondée sur le concept de dissuasion, celle-ci est d’autant plus efficace qu’aucune puissance ne dispose alors d’une possibilité de riposte comparable. Le principal souci du Pentagone est d’améliorer le porteur de bombes. Au « B-29 » succéderont le « B-36 », puis, très vite, le « B-47 » à réaction, dont le seul défaut est une réduction assez sensible du rayon d’action, qui obligera les États-Unis à rechercher les alliances propres à leur assurer les bases aériennes nécessaires à la périphérie de l’U. R. S. S. Il s’agit de contenir l’expansionnisme soviétique dans les zones d’influence qui lui ont été reconnues en 1945 par les accords de Yalta, et ce sont en fait les possibilités de l’aviation qui sont à l’origine de ce qu’on a appelé la stratégie périphérique. L’U. R. S. S. prend conscience de son infériorité : pour elle comme pour la Grande-Bretagne et plus tard pour la France, le problème numéro un se ramène à la possession de l’arme nucléaire.

• 1955-1962 : fin du monopole atomique américain. Compétition avion-missile. L’U. R. S. S. parviendra à faire exploser son premier engin atomique en 1949 et sa première arme thermonucléaire en 1953, moins d’un an après les Américains. La parité théorique étant ainsi très rapidement acquise, restait le problème du vecteur de l’arme. Les Soviétiques, tout en maintenant une puissante aviation stratégique (Dolnaïa Aviatsiïa ou D. A.), s’assurent alors un net avantage en adoptant la fusée (missile) de portée intercontinentale. Leur maîtrise dans le domaine du guidage est attestée par la mise sur orbite, en 1957, du premier satellite, le « Spoutnik », dont les techniques de lancement sont très voisines de celles des missiles militaires. Les Américains ont également travaillé dans ce domaine, mais ne lui ont pas donné une priorité suffisante par rapport au bombardier à réaction (700 « B-52 » sont construits avant 1960), que l’U. R. S. S. a un peu négligé. Habitués à être toujours en tête du progrès technique, les États-Unis, qui ont pris presque un an de retard dans le secteur spatial, pensent en avoir un plus grand encore dans celui des missiles balistiques. En 1961 se produit une sorte de rupture d’équilibre, ce que les Américains ont appelé le Missile Gap (l’écart dans le domaine des missiles). La Grande-Bretagne se lance dans la constitution d’une force d’une centaine de bombardiers V subsoniques (« Valiant », « Victor » et « Vulcan »). Elle entreprend aussi l’étude d’un missile, le « Blue-Streak », mais renonce assez vite à poursuivre seule dans cette voie. La France construit à partir de 1960 ses premiers « Mirage IV », bombardiers bisoniques ; quant à l’aviation américaine, elle équipe alors ses bombardiers « B-52 », puis « B-58 » de missiles air-sol à ogive atomique, mais concentre désormais ses efforts sur les missiles intercontinentaux (« Atlas », en 1958, « Minuteman », en 1961, etc.).

À partir de 1962, on peut dire que le niveau technique et quantitatif des deux Grands est analogue. L’arsenal nucléaire de chacun d’eux, estimé à près de 30 000 Mt, équivaut environ à dix mille fois la totalité des bombes larguées au cours de la Seconde Guerre mondiale : c’est l’équilibre de la terreur !

• 1962-1970 : missions stratégiques demeurant en propre à l’aviation. Dans cette situation nouvelle, le nombre des vecteurs de l’atome s’est multiplié et, au cours des années 1960-1970, l’avion a perdu son rôle exclusif de vecteur du projectile nucléaire stratégique, qu’il partage désormais avec le missile.