Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Venezuela (suite)

Le Venezuela des civils

Depuis le début du siècle, les militaires avaient dirigé le pays, à trois ans près (1945-1948), et voici que, phénomène étrange, au moment où les régimes militaires s’installent partout sur le continent, le Venezuela réussit à poursuivre son expérience civiliste.

Non seulement l’A. D. exerce le pouvoir à travers les présidents Rómulo Betancourt (1959-1964) et Raúl Leoni (1964-1969), mais elle peut le transmettre en 1969 à un autre parti, le C. O. P. E. I. (Comité d’organisation politique électoral indépendant), parti démocrate-chrétien du président Rafael Caldera (né en 1916). Le régime manifeste ainsi sa capacité à résister à un changement de majorité.

Les difficultés ne manquent pas : la chute de Pérez Jiménez est suivie de plusieurs années confuses ; une série de putschs manqués accompagne le développement d’une guérilla appuyée par Fidel Castro. Betancourt est accusé à droite d’être le fourrier du communisme, à gauche d’être un social traître vendu à l’impérialisme. S’il se maintient contre vents et marées, c’est que son énergie s’appuie sur une large base populaire. Les gens ne veulent pas choisir entre la dictature et le chaos, ils optent pour le réformisme représenté par une réforme agraire qui vaut à l’A. D. l’appui des campagnes, et par une politique pétrolière modérée qui porte ses fruits à long terme (le Venezuela est responsable de la fondation de l’O. P. E. P., Organisation des pays exportateurs de pétrole), et qui aboutit en 1975 à la nationalisation de l’industrie pétrolière.

Le succès n’est pas sans danger : l’A. D. expérimente l’usure du pouvoir, les difficultés de la compromission ; le C. O. P. E. I. ne parvient pas à enthousiasmer les masses, qui, désenchantées, se retournent vers le vieux dictateur. La résurrection politique de Pérez Jiménez, dont les partisans organisent la Croisade civique nationaliste en vue des élections de 1968, ressemble à celle de son collègue colombien, Gustavo Rojas Pinilla. Dans les deux cas, on retrouve les ambiguïtés du populisme, du nationalisme et du césarisme, incarnées à merveille en Argentine par Perón. Élu sénateur par les gens des bidonvilles qui, quelques années auparavant, appuyaient la guérilla castriste, Pérez Jiménez est si populaire qu’il faut amender la Constitution pour l’empêcher de se présenter aux élections présidentielles de décembre 1973. Cependant, à ces élections, la Croisade civique nationaliste marque un net recul, tandis que le candidat de l’A. D., Carlos Andrés Pérez Rodrigues, est élu à la présidence.

J. M.

➙ Amérique latine / Caracas / Démocratie chrétienne / Empire colonial espagnol.

 P. Vila, Geografia de Venezuela (Caracas, 1960). / E. Lieuwen, Venezuela (Londres, 1961). / M. Picon-Salos et coll., Venezuela independiente, 1810-1960 (Caracas, 1962). / R. J. Alexander, The Venezuelan Democratic Revolution (New Brunswick, N. J., 1964). / P. Cunill, l’Amérique andine (P. U. F., coll. « Magellan », 1966). / C. Balestrini, La Industria petrolea en America latina (Caracas, 1967). / D. H. Levine, Conflict and Political Change in Venezuela (Princeton, 1973). / J. P. Perez Alfonzo, Petróleo y dependencia (Caracas, 1973).

venin

Substance chimique d’origine animale, sécrétée et libérée soit comme moyen de défense, soit comme moyen de capture des proies, et qui provoque chez la victime des accidents locaux ou généraux, dus le plus souvent à des protéines (enzymes et toxines polypeptidiques).


Les substances toxiques sont abondantes dans les règnes végétal et animal, et certains animaux se contentent de concentrer dans leurs tissus les toxines végétales qu’ils consomment ; c’est cette hypothèse qu’on retient actuellement pour expliquer les accidents dus à l’ingestion des Poissons tropicaux (Ciguatera) [v. Coffre]. À côté de ces animaux vénéneux — mais souvent inoffensifs à manipuler — se rencontrent des animaux venimeux — mais souvent comestibles —, et l’on réserve en général le nom de venin aux substances toxiques que les animaux peuvent injecter ou libérer à l’extérieur, soit pour assurer leur défense, soit pour capturer leurs proies.


Les animaux venimeux

Les animaux venimeux sont présents dans presque tous les embranchements. Rares sont les animaux dont le venin est sécrété passivement, comme c’est le cas des Amphibiens* (glandes parotoïdes des Crapauds, glandes latérales des Salamandres). Le plus souvent se différencie un organe inoculateur. Quand ils sont liés à la défense de l’individu, ces organes sont des plus variés : cnidocystes des Cnidaires, soies des Annélides*, des Araignées* et des chenilles urticantes, rayons des Oursins*, épines dorsales ou operculaires des Poissons (Raies*, Vives...), aiguillon des Scorpions* et des Hyménoptères*. Certains animaux peuvent projeter leur venin à distance ; c’est le cas de certains Insectes comme les Bombardiers, des Zorilles et des Skunks, qui projettent les substances repoussantes de leurs glandes anales, et enfin des Cobras* cracheurs.

Les organes venimeux d’inoculation peuvent aussi assurer la capture des proies. Il faut citer dans cette catégorie les cnidocystes de nombreux Cnidaires, l’aiguillon des Scorpions, celui des Hyménoptères solitaires (alors que l’aiguillon des Abeilles ouvrières est un organe de défense collective) et surtout des organes liés à l’orifice buccal (trompes des Némertes et des Glycères [Annélides], chélicères des Araignées, forcipules des Myriapodes*, crochets des Serpents*).


Animaux venimeux dangereux pour l’Homme

Les accidents provoqués par les divers venins vont des accidents locaux souvent bénins (piqûre d’Abeille*, contact avec une Méduse*) aux paralysies et aux arrêts respiratoires et cardiaques pouvant entraîner la mort. Parmi les animaux dangereux et mortels, citons les Scorpions, les Serpents (Crotale et Cobra notamment), quelques Araignées (Veuve noire du Brésil), quelques Hyménoptères (Guêpes*, Frelons), les Scolopendres (Myriapodes), les Synancées (Poissons venimeux tropicaux) et les Cones (Mollusques gastropodes*). Sont également dangereux, mais plus rarement mortels, les venins des Hélodermes (Reptiles américains), de l’Ornithorynque (Mammifère ovipare muni d’un ergot inoculateur), de nombreux Poissons* (Vives, Rascasses, Raies venimeuses, Poissons-Chats, dont Plotosus), de presque tous les Céphalopodes, des Cuboméduses tropicales et des Physalies (Cnidaires). On trouve enfin des animaux venimeux pouvant affecter l’Homme, mais plus faiblement, parmi les Vers plats, les Annélides, quelques Mollusques, de nombreux Échinodermes* et Poissons.