Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Vénétie (suite)

C’est l’industrie qui emploie la plus forte fraction de population active (50 p. 100). Ce fut longtemps une industrie ponctuelle : carrières, hydroélectricité, sucreries du Polesine, travail du coton à Vicence, artisanat du meuble près de Vérone, lunetterie de Cadore, verrerie d’art de Murano. Il s’agissait de petites entreprises. L’installation d’une puissante industrie lainière à Valdagno (Marzotto) et à Schio (Lanerossi) a été un premier élément de transformation. Mais ce sont surtout les grandes implantations métallurgiques et chimiques à Porto Marghera, près de Venise, qui ont procuré de nouveaux emplois. Aujourd’hui, de nombreuses entreprises moyennes s’ouvrent dans les villes de Vénétie.

Les activités tertiaires sont toutes aussi essentielles. La fonction de carrefour est marquée par le rôle du port de Venise et par la gare internationale de Vérone. Le tourisme est très florissant. Il s’agit d’un tourisme balnéaire, d’un tourisme de montagne (Cortina d’Ampezzo) et d’un tourisme artistique et historique dans de célèbres cités.

Les villes de Vénétie sont nombreuses et vivantes. Belluno (35 000 hab.), Trévise (91 000 hab.), Rovigo (50 000 hab.) et même Vicence (116 000 hab.), la ville de Palladio, sont d’abord des centres régionaux en cours d’industrialisation. Padoue (232 000 hab.), outre ses fonctions commerciales et industrielles, est une grande cité universitaire et un lieu de tourisme religieux. Vérone (264 000 hab.), riche d’histoire, est un carrefour fondamental sur la route du Brenner. Mais Venise (364 000 hab.) demeure la première ville de la région par ses fonctions administratives, son attrait touristique unique au monde, ses établissements industriels de Porto Marghera. La pollution de ces derniers menace l’ancienne capitale des Doges, symbole des contradictions entre le poids du passé et l’exigence de l’essor économique contemporain, que l’on retrouve dans bien des parties de la Vénétie.

E. D.

➙ Dolomites / / Venise.

 E. Migliorini, Veneto (Turin, 1962).

Venezuela

État d’Amérique du Sud.


On ne peut parler du Venezuela sans évoquer le pétrole. En effet, ce pays, relativement pauvre auparavant, sans ressources spectaculaires dans le cadre de l’économie latino-américaine, est devenu, par suite de l’exceptionnelle richesse du sous-sol en pétrole, la nation apparemment la plus riche de l’Amérique du Sud. Le produit intérieur brut par habitant y est le plus élevé ; l’équipement urbain y apparaît souvent comparable à celui des pays développés, si l’on considère les équipements collectifs et l’organisation de la voirie ; la monnaie y est stable, alors que bon nombre de pays de l’Amérique du Sud connaissent une inflation plus ou moins galopante. Cet ensemble de facteurs fait faire au pays figure d’exception au sein de l’Amérique latine. Pourtant, les quartiers pauvres des villes, particulièrement ceux de la capitale, la misère des campagnes, les déséquilibres de l’économie sont autant de révélateurs de la situation réelle du Venezuela, qui n’échappe pas à la plupart des formes et des manifestations du sous-développement.


Le milieu physique

Situé entre 2° et 12° de lat. N., le Venezuela est un pays essentiellement tropical et équatorial, ce qui lui vaut, d’une façon générale, un climat chaud dont les aspects se trouvent cependant assez nuancés en fonction du relief. En effet, le territoire se caractérise par une topographie contrastée où alternent les grandes plaines, les plateaux et les hautes montagnes. Ce relief est constitué d’abord par la partie nord-est de la grande chaîne des Andes*, qui se divise au niveau de la Colombie et dont la partie la plus orientale constitue le bord occidental du Venezuela, puis son littoral nord, par suite d’une large virgation de la chaîne plissée. Souvent, les Andes se partagent, en fait, en deux crêtes parallèles séparées par une zone effondrée et occupée par des vallées ou des lacs, tel celui de Valencia ; les plus hauts sommets atteignent 4 000 à 5 000 m d’altitude. Dans l’angle nord-ouest, au-delà de la partie occidentale de cette cordillère, appelée cordillère de Mérida, s’individualise une seconde zone avec le golfe et le lac de Maracaibo : c’est en fait un bassin d’effondrement sur le bord de la sierra, ce qui explique la richesse du sous-sol en pétrole. De l’autre côté, sur le bord sud-est de la Cordillère, s’étend la grande plaine de l’Orénoque, drainée par de très nombreuses rivières descendant des Andes et chargées des matériaux alluviaux qui se répandent sur une partie de la plaine au moment des grandes crues. Cette zone est à son tour bordée par de moyennes montagnes qui forment l’ensemble de la partie sud-est du Venezuela et se rattachent au massif ancien des Guyanes, constitué de roches cristallines parfois recouvertes de grès rouges. Le paysage le plus fréquent est celui de moyennes montagnes anciennes plus ou moins transformées en collines, avec cependant quelques monts plus élevés, dont le Roraima, qui atteint 2 800 m. Cette diversité du relief apporte un certain nombre de nuances au caractère généralement élevé des températures annuelles ; situées entre 27 et 28 °C près du lac Maracaibo, elles tombent à 20 °C à 1 000 m d’altitude, au niveau de Caracas, et descendent jusqu’à 15 °C sur les pentes des Andes, aux alentours de 2 000 m d’altitude. À cette zonation climatique en altitude, correspondant à la variation des températures, s’ajoute une zonation en latitude caractérisée par une diminution générale des précipitations, en allant du sud vers le nord. Certes, le climat comporte partout une saison sèche et une saison humide, mais cette dernière fournit des précipitations supérieures à 1 m, voire 1,50 m dans la région du massif des Guyanes, tandis que les pluies annuelles ne dépassent plus 1 m dans les llanos et tombent à moins de 500 mm sur la côte nord ; dans cette zone, le climat très sec réduit la végétation à une brousse à cactus, alors que la plaine de l’Orénoque est couverte d’une savane, les llanos, et que la Guyane vénézuélienne est le domaine de la grande forêt tropicale.