Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Vendée. 85

Départ. de la Région Pays de la Loire ; 6 721 km2 ; 450 641 hab. (Vendéens). Ch.-l. La Roche-sur-Yon. S.-préf. Fontenay-le-Comte, Les Sables-d’Olonne.


La Vendée — dont le nom, tiré d’un petit affluent de la Sèvre niortaise, a trouvé dans les épreuves de la Révolution une brutale consécration — correspond au Bas-Poitou historique. Terre de contacts, géologique, maritime, climatique, elle multiplie les contrastes. Le socle primaire armoricain, qui couvre les quatre cinquièmes de son territoire, commande ses traits généraux. À l’est, une épaisse boursouflure cristalline N.-O.-S.-E. élève à 285 m, au Puy Crapaud, les hauteurs de la Gâtine, ventées et arrosées (1 000 mm). À son pied, vers l’ouest, un long glacis schisteux haché de failles de même direction, le Bocage, au nom significatif, enveloppe d’un réseau de haies vives une petite plaine calcaire plus ouverte (bassin de Chantonnay). Gâtine et Bocage ont vécu, dans leurs grandes métairies comme dans leurs petites borderies dispersées, d’une maigre polyculture fondée sur le seigle, le sarrasin, le chou, le mouton ; amendés, ils s’adonnent à de lucratifs élevages bovins (foires de Pouzauges et de La Châtaigneraie).

Au sud, déjà aquitaine par son appartenance géologique et climatique, la plaine de Fontenay-le-Comte est une grande table calcaire jurassique aux campagnes découvertes, à l’habitat groupé, aux riches cultures céréalières et fourragères. Un petit vignoble autour de Mareuil-sur-Lay et Rosnay souligne les affinités méridionales du pays.

La côte désigne encore une autre Vendée. Ensablée et envasée par des apports marins, elle offre, de la baie de Bourgneuf à la Sèvre Niortaise, sur 170 km, une succession de dunes boisées, de falaises rocheuses, de marais. Un labeur opiniâtre a fait des marais, depuis le xie s., des terres de rapport. Au nord, le Marais breton des bourrines élève le canard blanc « nantais » (Challans) ; au sud, le Marais poitevin, « desséché » devant Luçon dans son tracé géométrique de canaux hollandais du xviie s., « mouillé » vers l’intérieur dans son décor de saules, d’ormeaux et de peupliers (la « Venise verte »), nourrit un gros bétail laitier et d’embouche. Leurs grasses terres de bri portent de belles cultures légumières (pommes de terre nouvelles, petits pois, oignons), florales (tulipes de La Tranche-sur-Mer), de tabac. Les ports, Les Sables-d’Olonne, Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Fromentine, et les îles, Noirmoutier et Yeu, pratiquent la pêche ; la baie de Bourgneuf, l’ostréiculture ; l’anse de l’Aiguillon, la mytiliculture. Avec Saint-Jean-de-Monts, Sion-sur-l’Océan, La Tranche-sur-Mer, La Faute-sur-Mer, ils sont devenus, servis par un ensoleillement exceptionnel (2 400 heures par an contre 1 800 à Paris) dont témoigne la floraison du mimosa en février, des stations balnéaires réputées.

Riche et diverse, la Vendée n’en a pas moins ses problèmes. Elle est, en dépit d’une natalité supérieure à la moyenne française (17,6 pour 1 000 contre 16,7), relativement peu peuplée (67 hab. au km2 ; France, 95). Un sous-emploi chronique contraint de nombreux jeunes à l’exode (25 000 départs entre 1954 et 1968). La concentration des exploitations agricoles a éliminé plus d’un quart d’entre elles en quinze ans (42 754 en 1955, 31 396 en 1970 ; − 27 p. 100). Celles qui restent totalisaient, en 1968, 36 p. 100 des emplois du département (59 000 sur 165 000, contre 16 p. 100 pour la France entière), proportion beaucoup trop lourde pour les rendre viables, et il faut s’attendre à d’autres départs massifs. L’industrie progresse (31 p. 100 des emplois ; France, 39 p. 100), soutenue par les ressources locales, de vieilles traditions textiles, une décentralisation parisienne sensible aux attraits d’une main-d’œuvre à bon marché et d’un régime d’aides de l’État substantiel en zone 1 (conserves de viandes à Pouzauges, de poissons aux Sables-d’Olonne et dans l’île d’Yeu, machines à laver et conteneurs à La Roche-sur-Yon, roulements à billes et contre-plaqués à Fontenay-le-Comte, pièces automobiles à La Bruffière, confection, lingerie, chaussures dans le nord du département au contact du Choletais, laiteries, minoteries, tanneries, briqueteries, meubles, bateaux de pêche et de plaisance, mine d’uranium des Herbiers), mais les industries de haute technicité, électriques, électroniques, manquent. Le barrage de Mervent, sur la Vendée, en forêt de Vouvant, sert davantage l’alimentation en eau du sud du département et le tourisme nautique que la production d’énergie (4,5 GWh par an). Le secteur tertiaire ne présente, le tourisme mis à part, qu’un éventail de services mince et banal (31 p. 100 d’actifs ; France, 45 p. 100).

La Vendée se transforme, mais souffre de l’isolement dans lequel la confinent son bocage et sa situation excentrique, de graves lacunes d’équipement (transports, formation professionnelle, habitat), de l’inertie d’une grande propriété nobiliaire longtemps figée, de mentalités d’un conservatisme social et religieux suranné, de l’éloignement de Paris. Les villes sur lesquelles elle s’appuie, mal épaulées, sont petites. Le taux d’urbanisation du département ne dépasse pas 39 p. 100 (France, 70 p. 100). Fontenay-le-Comte, ancien chef-lieu départemental déchu, est une agglomération de 16 768 habitants ; Luçon, siège épiscopal, compte 9 574 habitants ; Sainte-Gilles-Croix-de-Vie, 6 851 ; Les Herbiers, 10 977 ; Challans, 12 214 ; Saint-Jean-de-Monts, 5 543 ; Chantonnay, 7 430. Seuls se hissent à un meilleur niveau Les Sables-d’Olonne, pittoresquement serrés, à l’abri de son célèbre « Remblai », entre son port et sa plage (18 204 hab.), et La Roche-sur-Yon, le chef-lieu, né de la volonté de Napoléon Ier en 1804 pour tenir un pays encore peu sûr et devenu centre régional (viandes, haras, crédit et mutualité agricoles, industries ; 48 053 hab.). Mais le coup d’envoi est peut-être donné. La Vendée semblerait chercher dans l’affermissement de ses structures urbaines le support de ses nécessaires mutations.

Y. B.

➙ Loire (Pays de la).

 M. Ters, la Vendée littorale (Impr. Oberthur, Rennes, 1963). / La Vendée (Delmas, 1967).