Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

Varsovie (suite)

De cette période charnière de l’histoire de la Pologne, rien ne rend mieux compte que le petit ensemble des « Bains » (Łazienki, « Palais sur l’eau », 1775-1784), legs magnifique de Stanislas II Auguste à son royaume perdu. Dans le parc, des constructions comme l’Ancienne et la Nouvelle Orangerie ou la Maison Blanche sont de délicates reliques, et le palais lui-même, entièrement refait, est le témoin d’un style caractéristique, qui n’est plus le style Louis XVI et qui n’est pas encore le style Empire ; Domenico Merlini (1730-1797), Jan Chrystian Kamsetzer (1753-1795), Marcello Bacciarelli (1731-1818), André Lebrun (1732-1811) ont travaillé à ce joyau discret, plus précieux que le froid Belvédère, son voisin.

Le xixe s. industriel a été cruel à Varsovie, et plus encore le xxe s. (église du Sauveur, palais de la Culture et de la Science). Mais il faut rendre hommage aux architectes polonais d’après 1945 pour avoir réhabilité le site de la falaise sur la Vistule et rendu un corps à leur ville meurtrie.

P. M.

 B. Malisz, La Pologne construit des villes nouvelles (Éd. Polonia, Varsovie, 1961). A. Giborowski et S. Jankowski, Varsovie reconstruite (Éd. Polonia, Varsovie, 1962).

Varsovie (pacte de)

Alliance militaire résultant du traité d’amitié, d’assistance mutuelle et de coopération signé à Varsovie le 14 mai 1955 par l’U. R. S. S., l’Albanie, la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Tchécoslovaquie, rejointes le 27 janvier 1956 par la République démocratique allemande.


Le pacte de Varsovie a d’abord consacré une situation résultant de la Seconde Guerre mondiale. Lorsque les forces soviétiques pénétrèrent dans les pays de l’Europe orientale, elles étaient accompagnées d’unités formées en U. R. S. S. par des nationaux de ces pays, émigrés ou prisonniers de guerre. Ces unités constituèrent les noyaux d’armées nationales, mises sur pied sur le modèle soviétique avec l’aide de conseillers militaires venus d’U. R. S. S. et qui, à partir de 1950, furent dirigés par le maréchal Koniev*. Une série de traités bilatéraux signés de 1943 à 1949 tissèrent un étroit réseau d’alliances entre l’U. R. S. S. et ces États « satellites ».

Mais le pacte de Varsovie fut surtout une réplique de l’Union soviétique aux accords de Paris, qui, en 1954, préparaient le réarmement de la République fédérale d’Allemagne et son entrée, en 1955, dans le pacte de l’Atlantique Nord. Ce réarmement de l’Allemagne occidentale « revancharde » était, en effet, considéré par l’U. R. S. S. et ses alliés comme une menace grave pour le nouveau statut territorial européen et pour la sécurité du camp socialiste.


Principes, objectifs et structures du pacte

L’Alliance de Varsovie, strictement défensive, est fondée sur la solidarité de ses membres et leur obligation de participer à la défense commune, en conformité avec l’article 51 de la Charte de l’O. N. U. Les signataires s’engagent à apporter une assistance immédiate par tous les moyens, y compris la force, à tout État membre objet d’une agression en Europe (art. 4). Le pacte, conclu pour une durée de vingt ans, sera reconduit automatiquement pour dix ans à défaut de dénonciation au cours de sa vingtième année. Ouvert à tous les États qui, « indépendamment de leur régime social et politique », se déclareraient prêts à y adhérer, il n’est donc théoriquement pas réservé aux seuls États socialistes. En outre, l’article 8 du traité exclut la participation à toute opération de police ou de maintien de l’ordre sur les territoires des États membres des forces alliées stationnées sur ces territoires.

Les structures établies en 1955 ont été modifiées en 1969 pour remédier à certaines faiblesses, révélées notamment par la crise tchécoslovaque de 1968.

Au sommet, un Comité politique consultatif non permanent définit la ligne politique commune. Présidé à tour de rôle par chacun des pays membres, il réunit les premiers secrétaires des partis communistes nationaux, les chefs de gouvernement, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense. La Mongolie et la Corée du Nord y envoient des observateurs.

Le Comité des ministres de la Défense, la plus haute instance militaire du pacte, créé en 1969, est chargé de traduire en décisions militaires, à l’usage du commandant en chef, les options politiques du Comité consultatif.

Le Haut Commandement unifié, siégeant à Moscou, prépare les plans militaires, fixe le déploiement des troupes, organise les manœuvres, etc. Il est assisté depuis 1969 d’un Conseil militaire, présidé par le commandant en chef et réunissant les représentants militaires permanents de chacune des forces alliées. Le commandant en chef des Forces unifiées, toujours soviétique (les maréchaux Koniev* [1955-1960], A. A. Gretchko [1960-1967] et I. I. Iakoubovski [1967-1976] et V. Koulikov [depuis 1977]), dispose d’un état-major dirigé par un général soviétique, mais qui, depuis 1969, comprend des officiers appartenant aux forces alliées.

Un Secrétariat permanent, siégeant à Moscou et dirigé par un officier soviétique, est chargé des affaires courantes et de la préparation des sessions du Comité politique consultatif.

Un Comité spécial assure la liaison avec le Comecon*, dont font partie des pays non membres du pacte.


Évolution et crises de 1956 et 1968

Suivant la lettre du traité, le pacte est une alliance militaire d’États souverains et égaux. En fait, il tend à devenir une alliance politique supranationale, à direction soviétique, des pays socialistes soucieux d’assurer la sécurité de leur territoire autant que de conserver la pureté du marxisme-léninisme. Pour l’U. R. S. S., le pacte de Varsovie est à la fois une institution lui permettant de contenir à son profit les tendances centrifuges internes du camp socialiste et, par le contrôle du glacis conquis en 1944-45 par l’armée rouge, un élément essentiel de sa sécurité.

Toute son histoire a été dominée par la contradiction entre les tendances centralisatrices de Moscou et le désir, voire les tentatives des autres États de sauvegarder une certaine indépendance et de se réserver le choix de leur propre voie vers le communisme. Cette contradiction a été à l’origine des deux crises de 1956 et de 1968 comme de la tension latente entre Moscou et Bucarest.