valeurs (analyse des) (suite)
Critères d’efficacité
La méthode s’est développée sous la pression de la concurrence et ne peut être efficace que sous cette pression. Elle réussit le mieux dans les entreprises situées en tête de leur profession, là où les méthodes d’organisation et de gestion modernes sont bien implantées. Enfin, toute réforme doit se plier à une certaine lenteur de pénétration, sous peine d’échec. Il faut un an pour former un bon analyste travaillant à temps complet et pour obtenir une majorité d’adhésion à cette nouvelle discipline de pensée et d’action. Les résultats ne peuvent donc pas être espérés à très court terme et ils seront d’autant plus riches que l’action aura été continue dans l’entreprise.
L’analyse des valeurs de quelque secteur que ce soit suppose une participation de divers services, sous l’autorité d’un analyste, appelé encore animateur. L’entreprise peut se contenter d’avoir un analyste qui constitue, au fur et à mesure des études, des groupes mobiles fonctionnant de façon temporaire. Il existe également des services spéciaux d’analyse des valeurs, généralement rattachés à la direction générale, parfois à un service d’organisation interne.
Résultats à attendre
Les résultats obtenus peuvent conduire à des économies de l’ordre de 15 à 25 p. 100. Mais la méthode entraîne également un certain nombre de résultats non chiffrables, très importants. Les autres méthodes de réduction des prix de revient s’attaquent aux rendements, aux façons de faire parfois. Elles agissent de l’extérieur par rapport aux exécutants et aux responsables. Elles constatent une situation. Elles ne posent jamais la question sous la forme : ce produit, cette activité existent, pourquoi, dans quel but ? En outre, ce qui manque le plus dans les activités non directement productives, c’est le sentiment de contribuer à l’utilité et à l’efficacité de l’entreprise ; l’analyse des valeurs renforce, voire crée ce sentiment en posant le problème au niveau des motifs même d’action.
Dans le domaine des tâches administratives, elle permet de distinguer entre les tâches permanentes et les tâches temporaires, entre les besoins urgents et les besoins différables. Par exemple, si l’on fait des statistiques, il faudra savoir où s’arrête la précision utile (« à quoi ça sert ? ») et combien coûte une décimale sans signification (le superflu, l’inutile). Elle fait réfléchir sur la distinction entre fonctions productives (calculer, juger, détecter des changements, etc.) et fonctions mécaniques, qui permettent d’assurer les premières (réclamer, mettre en fiche, faire des additions, etc.), mais qui, souvent, prennent le pas sur elles. L’analyse systématique rétablit l’équilibre. Elle accroît, à effectif constant ou même réduit, la quantité et la qualité des prestations intelligentes et rentables. L’analyse des valeurs implique les responsables et les exécutants dans la recherche de solutions nouvelles, dans la prise d’initiatives.
Fr. B.
L. D. Miles, Techniques of Value Analysis and Engineering (New York, 1961 ; trad. fr. l’Analyse de la valeur, Dunod, 1966). / C. Jouineau, l’Analyse de la valeur et ses nouvelles applications industrielles (Entreprise moderne d’éd., 1968). / G. Gouze, l’Analyse des valeurs, ses implications pour les dirigeants (Hommes et techniques, 1970). / M. Couétoux, les Problèmes de l’approvisionnement (Dunod, 1972).