Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
V

valeurs (analyse des) (suite)

Critères d’efficacité

La méthode s’est développée sous la pression de la concurrence et ne peut être efficace que sous cette pression. Elle réussit le mieux dans les entreprises situées en tête de leur profession, là où les méthodes d’organisation et de gestion modernes sont bien implantées. Enfin, toute réforme doit se plier à une certaine lenteur de pénétration, sous peine d’échec. Il faut un an pour former un bon analyste travaillant à temps complet et pour obtenir une majorité d’adhésion à cette nouvelle discipline de pensée et d’action. Les résultats ne peuvent donc pas être espérés à très court terme et ils seront d’autant plus riches que l’action aura été continue dans l’entreprise.

L’analyse des valeurs de quelque secteur que ce soit suppose une participation de divers services, sous l’autorité d’un analyste, appelé encore animateur. L’entreprise peut se contenter d’avoir un analyste qui constitue, au fur et à mesure des études, des groupes mobiles fonctionnant de façon temporaire. Il existe également des services spéciaux d’analyse des valeurs, généralement rattachés à la direction générale, parfois à un service d’organisation interne.


Résultats à attendre

Les résultats obtenus peuvent conduire à des économies de l’ordre de 15 à 25 p. 100. Mais la méthode entraîne également un certain nombre de résultats non chiffrables, très importants. Les autres méthodes de réduction des prix de revient s’attaquent aux rendements, aux façons de faire parfois. Elles agissent de l’extérieur par rapport aux exécutants et aux responsables. Elles constatent une situation. Elles ne posent jamais la question sous la forme : ce produit, cette activité existent, pourquoi, dans quel but ? En outre, ce qui manque le plus dans les activités non directement productives, c’est le sentiment de contribuer à l’utilité et à l’efficacité de l’entreprise ; l’analyse des valeurs renforce, voire crée ce sentiment en posant le problème au niveau des motifs même d’action.

Dans le domaine des tâches administratives, elle permet de distinguer entre les tâches permanentes et les tâches temporaires, entre les besoins urgents et les besoins différables. Par exemple, si l’on fait des statistiques, il faudra savoir où s’arrête la précision utile (« à quoi ça sert ? ») et combien coûte une décimale sans signification (le superflu, l’inutile). Elle fait réfléchir sur la distinction entre fonctions productives (calculer, juger, détecter des changements, etc.) et fonctions mécaniques, qui permettent d’assurer les premières (réclamer, mettre en fiche, faire des additions, etc.), mais qui, souvent, prennent le pas sur elles. L’analyse systématique rétablit l’équilibre. Elle accroît, à effectif constant ou même réduit, la quantité et la qualité des prestations intelligentes et rentables. L’analyse des valeurs implique les responsables et les exécutants dans la recherche de solutions nouvelles, dans la prise d’initiatives.

Fr. B.

 L. D. Miles, Techniques of Value Analysis and Engineering (New York, 1961 ; trad. fr. l’Analyse de la valeur, Dunod, 1966). / C. Jouineau, l’Analyse de la valeur et ses nouvelles applications industrielles (Entreprise moderne d’éd., 1968). / G. Gouze, l’Analyse des valeurs, ses implications pour les dirigeants (Hommes et techniques, 1970). / M. Couétoux, les Problèmes de l’approvisionnement (Dunod, 1972).

valeurs mobilières

Titres représentatifs de droits acquis par une personne qui a apporté des espèces ou des biens à une collectivité publique ou privée et dont les caractères essentiels sont d’être négociables, c’est-à-dire librement transmissibles par les modes du droit commercial, fongibles, c’est-à-dire qui peuvent se remplacer les uns par les autres lorsqu’ils représentent les mêmes droits, et enfin susceptibles d’être cotés sur un marché de Bourse.


Les valeurs mobilières se scindent en deux grandes familles, dont l’origine diffère selon la nature du contrat intervenu, lors de leur émission, entre la collectivité demanderesse de capitaux ou de biens, ou personne morale, et ceux qui ont répondu à son appel. Ce sont :
— les valeurs à revenu variable, à titre principal les actions, qui font de ceux qui les ont souscrites ou acquises des associés, des copropriétaires de la société émettrice, avec toutes les conséquences que cette notion comporte ;
— les valeurs à revenu fixe, c’est-à-dire les obligations, créées à l’occasion d’un emprunt et représentatives pour leurs porteurs d’un droit de créance, né d’un prêt à intérêt.

Cette distinction classique demeure fondamentale. Cependant, dans leurs formes juridiques traditionnelles, les valeurs mobilières ne sont pas une fin en soi. De fait, pour offrir à l’épargne des formules nuancées qui lui permettent de répondre dans le plus grand nombre de cas possible aux sollicitations de l’économie, ces deux grandes familles de titres ont réalisé un véritable croisement des espèces dans les obligations convertibles ou échangeables en actions.

Calcul théorique de la valeur du droit de souscription dans le cas d’une augmentation de capital

Une société au capital de 2 millions de francs, divisé en 20 000 actions de 100 F, ayant besoin de se procurer 600 000 F d’argent frais, procède à une augmentation de capital en numéraire par émission de 6 000 actions nouvelles au prix de 100 F (ce prix ne peut être inférieur à la valeur nominale, 100 F dans l’exemple, mais peut lui être supérieur). Le droit préférentiel reconnu aux actionnaires est de souscrire à trois actions nouvelles de 100 F pour dix actions anciennes également de 100 F (6 000 : 20 000 = 0,3, soit 3 pour 10). Ce droit, matérialisé par un coupon détachable de l’action, est négociable à un prix fondé en théorie sur la valeur attribuable ou attribuée à l’action ancienne. Si, la veille du détachement du droit, la valeur boursière de l’action ancienne a été de 165 F, tout propriétaire de dix actions anciennes, avant détachement du droit, détient des titres dont la valeur patrimoniale est de 10 × 165 = 1 650 F. S’il utilise ses dix droits de souscription pour souscrire trois actions nouvelles, il doit décaisser 3 × 100 = 300 F. La valeur globale de ses treize actions est donc égale à 1 650 + 300 = 1 950 F, et la valeur théorique de chacune de ces treize actions, après l’augmentation de capital, 1 950 est alors de Le droit de souscription est égal à la différence entre le prix de l’action ancienne (avant souscription) et celui de l’action nouvelle (après souscription), c’est-à-dire 165 − 150 = 15 F.

Le même raisonnement est applicable au calcul du droit d’attribution gratuite en retenant comme nul le prix d’émission.