Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Urticales (suite)

Moracéess

Cette famille, où sont groupés environ 70 genres et 1 000 espèces, est dominée surtout par le genre Ficus, qui comprend plus de 800 espèces ; le Figuier commun est la seule spontanée en Europe ; la plupart des Moracées vivent dans les régions intertropicales. Ce sont ordinairement des arbres ou des arbustes, parfois des lianes. Les fleurs, unisexuées, sont souvent groupées en inflorescences curieuses : en épi chez les Mûriers, elles sont incluses chez les Maclura dans un réceptacle charnu ; chez certains Dorstenia, les fleurs femelles sont réparties sur un plateau ; enfin, chez le Ficus, c’est à l’intérieur d’une urne charnue qu’elles sont réunies ; on est là en présence de condensations d’inflorescences. La fécondation est le plus souvent entomophile, parfois myrmécophile.

Le genre Morus (Mûrier ; une dizaine d’arbres ou d’arbrisseaux) vit dans l’hémisphère tempéré Nord ; nombre de ses espèces ont un suc laiteux dans leurs tissus. Le fruit, une drupe, est entouré d’un périanthe charnu. Le Mûrier blanc (originaire de Chine), bel arbre pouvant atteindre une quinzaine de mètres de haut et introduit en Europe en 1494, est répandu dans le midi de la France ; ses feuilles servaient de nourriture aux Vers à soie élevés dans la région du bas Rhône ; il existe de nombreux cultivars de Mûrier blanc, distincts surtout par la forme de leurs feuilles. Le Mûrier noir de l’ouest de l’Asie donne des fruits pouvant entrer dans la confection de confitures, et le Mûrier rouge du sud des États-Unis est le plus rustique de tous les Mûriers. Le genre Maclura (Oranger des Osages), avec une espèce en Amérique du Nord (Louisiane), est un arbre épineux, qui devrait être plus utilisé comme arbre d’ornement ; grâce à ses épines, il pourrait être employé pour constituer des haies défensives ; son fruit ressemble beaucoup à une orange, mais n’a pas d’intérêt économique. Son nom vernaculaire proviendrait d’une tribu peau-rouge (Osages) qui se servait de la pulpe des fruits pour se teindre en jaune ; son bois, très dur, est apprécié. Le genre Broussonetia (2 espèces), parfois rattaché au genre Morus, est originaire de l’Asie orientale ; l’écorce de B. papyrifera, ou Mûrier à papier, sert à la fabrication du « papier japon ».

Comme genres voisins, il y a les Dorstenia (70 espèces), vivant sous les tropiques en Amérique et en Afrique, et les Artocarpus (50 espèces) d’Indo-Malaisie, dont une espèce, l’A. incisa, ou Arbre à pain (très bel arbre de plus de 20 m de haut), donne de gros fruits de 20 cm de diamètre, comestibles, hérissés de piquants ; A. integrifolia, ou Jacquier de l’Inde et des îles Moluques, a des fruits très volumineux (15 kg), directement insérés sur les troncs ; ses graines peuvent être mangées comme des châtaignes. Les espèces du genre Ceropia (50 espèces en Amérique tropicale) sont des plantes à l’intérieur desquelles vivent des Fourmis (plantes myrmécophiles) ; elles possèdent un latex riche en caoutchouc. Le genre Ficus (800 espèces) est de beaucoup le plus important ; seul F. carica vit en Europe (spontané dans le bassin méditerranéen), les autres espèces étant localisées dans les zones chaudes. Le Figuier commun est un petit arbre odorant, à suc laiteux, à feuilles palmitilobées en cœur ; on distingue le Figuier domestique, qui dériverait de diverses espèces originaires principalement de l’Asie antérieure, et le Figuier sauvage, ou Caprifiguier, le « Figuier mâle » cultivé en Afrique du Nord. Les réceptacles floraux de ces deux types, identiques dans leur jeunesse, évoluent différemment : ainsi, chez le Caprifiguier, les fleurs hermaphrodites du sommet de cette inflorescence deviennent mâles et les fleurs femelles sont brévistylées ; au contraire, chez le Figuier domestique, les fleurs du sommet sont stériles et les fleurs femelles longistylées. La biologie florale de ces espèces est extrêmement complexe et il y intervient un Insecte parasite (Blastophaga) ; certaines figues peuvent être parthénocarpiques.

Le Figuier-Sycomore, souvent dénommé seulement Sycomore et connu depuis la plus haute antiquité en Égypte, a joué un rôle dans la théogonie de ce pays. Un autre Figuier, F. pipula, de Ceylan, est aussi un arbre sacré pour les bouddhistes. Le Figuier du Bengale est particulièrement curieux grâce à ses nombreuses racines adventives qui descendent des branches, formant ainsi de véritables colonnes. Il faut encore citer le Figuier élastique (appelé Caoutchouc), très employé comme plante d’appartement, mais qui, cultivé en Asie tropicale, fournit, dans de mauvais sols, un caoutchouc de moyenne qualité.

Comme autres genres, on peut nommer les Antiaris (Indo-Malaisie), qui possèdent un latex toxique qui servait aux indigènes pour leurs flèches (il agit sur le cœur), les Castillea (Amérique centrale), qui ont un latex donnant du caoutchouc, les Chlorophora, en particulier C. excelsa (Côte-d’Ivoire), qui procure un bois précieux, l’iroko ; C. tinctoria produit une matière colorante.


Cannabinacées

Les genres Humulus (Houblon) et Cannabis (Chanvre) sont parfois séparés de cette famille pour former celle des Cannabinacées. Le genre Humulus (Houblon) comprend 2 espèces vivant dans l’hémisphère Nord. Il s’agit de plantes dioïques (les deux sexes sur des pieds différents) ; les fleurs mâles sont réunies en grappes rameuses, et les fleurs femelles, par deux à l’aisselle d’une large bractée foliacée, en un chaton en forme de cône. Ce sont les inflorescences femelles, munies de glandes (lupulin), que l’on utilise pour parfumer la bière* ; ces glandes, de couleur jaune doré, sécrètent une substance tonique contenant des résines, des essences et un principe amer, nommé lui-même lupuline. La récolte se fait lorsque les bractées, encore vert-jaune, ne sont pas ouvertes.

À côté du Houblon, on trouve le genre Cannabis (Chanvre) avec une espèce originaire de l’Asie centrale, mais cultivée en grand en Europe occidentale comme plante textile (v. textiles [industries]). Ce sont les fibres qui entourent le cylindre central qui sont employées dans l’industrie ; les graines de Chanvre (chènevis) sont recherchées pour les Oiseaux, et l’on en tire une huile siccative. Les extrémités fleuries femelles de certaines variétés de l’Inde possèdent des résines dont on tire un certain nombre de stupéfiants dangereux (haschish, kif, marihuana...).