Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
U

U. R. S. S. (Union des républiques socialistes soviétiques) (suite)

Cependant, vers 1963-64, cette renaissance artistique paraît s’essouffler et l’académisme revient en force dans les studios de Moscou et de Leningrad. Les autorités freinent une fois de plus l’ardeur de certains metteurs en scène. Andreï A. Tarkovski voit la diffusion de son film (Andreï Roublev) longtemps différée dans son propre pays, alors même qu’il remporte un grand succès de prestige partout dans le monde. Cependant, tandis que Bondartchouk adapte consciencieusement un monumental Guerre et Paix, quelques individualités apparaissent : Sergueï Iossifovitch Paradjanov (né en 1924), Andreï Mikhalkov-Kontchalovski, Gleb Panfilov, Larissa Chepitko, Mikhaïl Boguine. Autour des années 70, c’est en Asie soviétique, en Transcaucasie et dans les républiques occidentales d’U. R. S. S. que le cinéma prend un essor important. Des réalisateurs s’imposent : Bolot Chamchiev et Tolomouch Okeïev en Kirghizie, Alty Karliev (né en 1909), Boulat Mansourov (né en 1937), Khodjakouli Narliev (né en 1937) au Turkménistan, Chaken Aïmanov (1914-1970) au Kazakhstan, Guenrikh Malian en Arménie, Rezo (Revaz) Tchkheidze (né en 1926), Eldar (né en 1933) et Gueorgui (né en 1937) Chenguelaïa, Otar Iosseliani (né en 1934), Georgui Danelia (né en 1930) en Géorgie, Elier Ichmoukhamedov (né en 1942) en Ouzbékistan, Tofik Tagui-Zade (né en 1919) en Azerbaïdjan, Leonid Ossyka, Iouri Guerassimovitch Ilienko (né en 1936), Viktor Illarionovitch Ivtchenko (né en 1912) en Ukraine, Lev Vladimirovitch Goloub (né en 1904) en Biélorussie, Vitaoutas Ialakiavitchous (Jalakavicius, né en 1930) en Lituanie.

J.-L. P.


Quelques metteurs en scène soviétiques


Boris Vassilievitch Barnet

(Moscou 1902 - id. 1965). Après avoir suivi les cours de Lev V. Koulechov et de V. I. Poudovkine à l’Institut du cinéma de Moscou, il devient à la fois acteur et metteur en scène. Sa première réalisation, en 1927, la Jeune Fille au carton à chapeaux, est suivie de plusieurs autres, drames néo-réalistes ou comédies sentimentales qui lui donnent une place à part parmi ses contemporains : la Maison de la place Troubnaïa (1928), la Rupture des glaces (ou le Dégel, 1931), Okraïna (1933), Au bord de la mer bleue (1936), Un été prodigieux (1950), Liana (1955), le Poète (1957), Anouchka (1960), Alenka (1962).


Sergueï Fedorovitch Bondartchouk

(Belozerka, Odessa, 1920 - Nice 1973). Élève de Poudovkine, il débute comme acteur à l’écran dans la Jeune Garde (1948) de S. Guerassimov, puis tourne dans divers autres films, dont la Cigale (1955) de S. Samsonov, Othello (1956) de S. I. Ioutkevitch et les Évadés de la nuit (1960) de R. Rossellini. Sa première mise en scène, le Destin d’un homme (où il interprète l’un des rôles principaux), date de 1959. De 1963 à 1967, il travaille à l’adaptation d’un monumental Guerre et Paix (en quatre volets). Il poursuit ensuite parallèlement sa carrière de comédien (Oncle Vania [1971] de A. Mikhalkov-Kontchalovski) et de réalisateur (Waterloo, 1969 ; Ils ont combattu pour la patrie, 1974).


Mark Semenovitch Donskoï

(Odessa, 1901). Son premier film, Dans la grande ville (coréal. : M. A. Averbakh), date de 1928. Mais il ne commence à s’imposer qu’en 1934 avec la Chanson du bonheur. Son œuvre la plus célèbre sera celle qu’il compose de 1938 à 1940 : une trilogie consacrée à Maxime Gorki : l’Enfance de Gorki (1938), En gagnant mon pain (1939) et Mes universités (1940). En 1942, il adapte Ostrovski (Et l’acier fut trempé). Il tournera ensuite successivement l’Arc-en-ciel (1944), Varvara (1947), la Mère (1956), Au prix de sa vie (ou le Cheval qui pleure, 1957), Thomas Gordeïev (1959), Bonjour les enfants (1962), le Cœur d’une mère (1965), le Dévouement d’une mère (1966), Chaliapine (1970), Nadejda (1973).


Aleksandr Petrovitch Dovjenko.

V. l’article.


Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein.

V. l’article.


Fridrikh Markovitch Ermler

(Rejitsa [Rezeknel], Lettonie, 1898 - Leningrad 1967). Ses premiers essais consacrés aux problèmes sociaux-économiques de son pays après la révolution sont néo-réalistes avant la lettre : Katka, petite pomme de reinette (coréal. : E. I. Ioganson, 1926), les Enfants de la tempête (coréal. : E. I. Ioganson, 1927), la Maison dans la neige (1928), le Cordonnier de Paris (1928). Il réalise ensuite Un débris de l’Empire (1929), Contre-Plan (coréal. : S. I. Ioutkevitch, 1932), les Paysans (1935), Un grand citoyen (1938-39), Camarade P (1943), le Tournant décisif (1945), la Grande Force (1950), le Roman inachevé (1955), le Premier Jour (1958), De New York à Iasnaïa Poliana (1963), Devant le jugement de l’histoire (1965).


Sergueï Iossifovitch Ioutkevitch

(Saint-Pétersbourg 1904). Fondateur avec G. M. Kozintsev et L. Z. Traouberg de la FEKS (Fabrique de l’acteur excentrique) en 1922, il remporte un succès d’estime dès son premier film, les Dentelles (1928). Ses films suivants l’imposent comme l’un des metteurs en scène les plus inventifs et les plus solides de son pays : Montagnes d’or (1931), Contre-Plan (en collab. avec F. M. Ermler, 1932), l’Homme au fusil (1938), Iakov Sverdlov (1940), les Nouvelles Aventures du brave soldat Švejk (1943), la France libérée (documentaire, 1954), Skander Beg (1954), Othello (1956), Récits sur Lénine (1958), les Bains (animation, 1962), Lénine en Pologne (1966), Un amour de Tchekhov (1969), Maïakovski rit (1975).


Mikhaïl Konstantinovitch Kalatozov

(Tbilissi 1903 - Moscou 1973). Son premier film, un documentaire tourné en Géorgie (le Sel de Svanétie, 1930), le place au rang des jeunes cinéastes dont on attend beaucoup, mais après son deuxième essai, le Clou dans la botte, qui a le malheur de déplaire aux autorités gouvernementales (1932), il se voit écarté des studios pendant sept années. Il revient à la mise en scène en 1939 avec l’Âge d’homme (ou Courage viril) et en 1941 avec Valeri Tchkalov. Consul à Los Angeles de 1941 à 1945, il tourne de nouveau dans son pays à partir de 1950 : le Complot des condamnés (1950), les Amis fidèles (1954), le Premier échelon (1956). En 1957, le jury du festival de Cannes couronne Quand passent les cigognes, qui sera un grand succès international. Kalatozov réalise ensuite la Lettre inachevée (1960), Je suis Cuba (1962) et la Tente rouge (1969).


Iossif Iefimovitch Kheïfits