Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
U

U. R. S. S. (Union des républiques socialistes soviétiques) (suite)

Les dirigeants de l’U. R. S. S.


Leonid Ilitch Brejnev

(Kamenskoïe [auj. Dnieprodzerjinsk] 1906). Bolchevik de la deuxième génération, fils d’un ouvrier métallurgiste ukrainien obligé de gagner sa vie dès l’âge de quinze ans, il poursuit ses études aux cours du soir. Ayant obtenu différents diplômes techniques, membre des komsomols (jeunesses communistes) dès 1923, il entre au parti communiste en 1931. En 1938, il abandonne la carrière d’ingénieur pour se consacrer à la politique ; il gravit alors les échelons du comité régional de Dnieprodzerjinsk, son « patron » étant Nikita Khrouchtchev, à qui il devra une grande part de sa carrière. Chef de la direction politique du front ukrainien durant la Seconde Guerre mondiale, on le trouve, après la guerre, au comité central de la république d’Ukraine, puis en 1950 premier secrétaire du parti dans la république de Moldavie.

En 1952, Leonid Brejnev entre au Comité central comme membre de plein droit et au Politburo comme suppléant. Hostile aux thèses de Malenkov, il connaît une éclipse avant d’être ramené au premier plan par N. Khrouchtchev, qu’il appuie d’abord dans sa politique de « conquête des Terres vierges » et ensuite contre le groupe antiparti. Secrétaire du Comité central à partir de 1956, il abandonne en 1960 cette fonction pour le poste honorifique de président du Praesidium du Soviet suprême. Le 14 octobre 1964, Leonid Brejnev succède à Khrouchtchev, à la chute de qui il a contribué, comme premier secrétaire du parti communiste de l’U. R. S. S., à l’occasion du XXIIIe Congrès (mars-avril 1966), son titre est remplacé par celui de secrétaire général, abandonné depuis Staline.

Chef de file de la direction collégiale à partir de 1968, c’est lui qui décide d’intervenir militairement contre le « révisionnisme » tchécoslovaque. Car la « doctrine Brejnev » de la « souveraineté limitée » est fondée sur le devoir pour l’U. R. S. S. de défendre, dans les pays socialistes, la cause du socialisme orthodoxe. Mais, tout en tenant fermement les rênes de cette orthodoxie, Brejnev pratique, à l’extérieur, une politique de concertation et de coexistence pacifique. En mai 1976 il est nommé maréchal de l’U. R. S. S.


Alekseï Nikolaïevitch Kossyguine

(Saint-Pétersbourg [Leningrad] 1904). Fils d’un ouvrier tourneur, il s’engage à quinze ans dans l’armée rouge. Contremaître dans une usine de textile, il parfait ses connaissances à l’institut du textile de Leningrad. Président du soviet de cette ville en 1938, Alekseï Kossyguine est remarqué par Staline, qui fait de lui le commissaire du peuple à l’Industrie textile (1939). Président, de 1943 à 1946, du Conseil des commissaires du peuple de la R. S. F. S. R., il est titulaire, ensuite, de divers ministères économiques (industrie textile, industrie légère, industrie alimentaire). Membre du Politburo (1948-1952), puis du Praesidium (1960), c’est en qualité de président du Gosplan (1959-60) et de vice-président du Conseil des ministres de l’U. R. S. S. (1957-1960) que Kossyguine accompagne Khrouchtchev dans ses voyages. Le 14 octobre 1964, il le remplace comme président du Conseil des ministres de l’U. R. S. S.


Nikolaï Viktorovitch Podgornyï

(Karlovka, Ukraine, 1903). Ouvrier serrurier, il fréquente l’université ouvrière de Kiev, entre au parti communiste (1930) et exerce comme ingénieur dans diverses fabriques de sucre en Ukraine (1931-1939). Vice-commissaire du peuple pour l’industrie alimentaire en Ukraine (1939), il dirige, durant la Seconde Guerre mondiale, l’Institut technologique de Moscou pour l’industrie alimentaire (1942-1944). Premier secrétaire du parti pour le district de Kharkov (1950-1953), il suit son ami et compatriote Khrouchtchev dans son ascension. En 1957, il est Premier secrétaire du parti communiste pour l’Ukraine. Khrouchtchev le charge alors du développement de la culture du maïs. En 1963, Nikolaï Podgornyï devient secrétaire du Praesidium ; deux ans plus tard (déc. 1965), sur proposition de Brejnev, il remplace A. Mikoïan à la présidence du Praesidium du Soviet suprême. À ce titre, il effectue de nombreux voyages dans le cadre de la politique extérieure ouverte de l’U. R. S. S.

P. P.


La population

Le dernier recensement date de 1970. Il est de loin plus complet que ceux qui l’ont précédé, 1959, 1939, 1926, et, pour l’époque tsariste, 1897. Les fiches de recensement portent notamment sur les migrations de population, les degrés de scolarisation, les catégories sociales.


Le dynamisme démographique
La croissance de la population

On peut évaluer la population des territoires couverts actuellement par l’U. R. S. S. à 30 millions d’habitants sous Pierre le Grand, à 74 millions en 1868. Le recensement officiel de 1897 donne 125 millions ; l’estimation de 1914, 140 ; le premier recensement de l’ère soviétique, en 1926, 147 ; le deuxième recensement de 1939, 170 dans les frontières actuelles. L’estimation après la guerre se monte à 181 ; le recensement de 1959 indique 208 ; celui de 1970, 242 millions.

On observe des mouvements irréguliers dus à la guerre civile et à la famine entre 1920 et 1930, à la cession où à l’acquisition de territoires, enfin aux pertes de la dernière guerre, évaluées à plus de 20 millions de victimes (plus celles qui sont dues à la sous-alimentation, aux déportations et au déficit des naissances : 6 à 11). Les pertes ont été rapidement comblées. On remarque ensuite un ralentissement de la croissance, révolution (au moins de la partie européenne) se calquant sur celle des sociétés occidentales, avec une baisse sensible de la natalité.

Les migrations étant très faibles (quelques départs de population juive), c’est le mouvement naturel qui règle l’évolution de la démographie. Le taux de mortalité est tombé de 40 p. 1 000 en 1913 à moins de 10 p. 1 000 aujourd’hui. La natalité, supérieure à 45 p. 1 000 en 1913, a décliné assez régulièrement pour atteindre un taux de 25 p. 1 000 en 1934 (politique antinataliste des premières années du régime). Elle a remonté après la Seconde Guerre mondiale pour fléchir régulièrement à 25 p. 1 000 dans la décennie 1950-1960, à 18 p. 1 000 entre 1965 et 1970, le taux des villes étant un peu plus faible.