Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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U. R. S. S. (Union des républiques socialistes soviétiques) (suite)

Dans la zone désertique proprement dite, les milieux pédologiques et végétaux sont variés et nombreux : sols gris clair, sols sableux, sols salins, lœss, sols argileux ou takyr. Les associations végétales comportent des plantes de sable : les déserts du Karakoum (« sable noir ») et du Kyzylkoum (« sable rouge ») sont couverts d’éphémères dans une proportion de 25 à 45 p. 100. Il y a aussi des plantes de sel (salicornes), à densité de couverture de 15 à 30 p. 100 ; enfin, les saxaouls, ces arbustes étranges de 5 à 6 m de haut, privés de feuilles, forment de véritables petites forêts.

Le relief introduit d’autres nuances : dépressions des bords de la Caspienne, au-dessous du niveau de la mer ; cuvettes intérieures, dominées par des rebords de plateaux ; dépressions salines et marécageuses, les chory ; champs de dunes, très étendus ; plateaux très secs et pierreux ; piémont méridional, formé d’un glacis découpé par les torrents, de deltas fossiles et de cônes de déjections recouverts de lœss.

La culture sèche, dite bogara, n’est possible qu’au pied des montagnes ou dans des dépressions humides. L’amélioration des conditions physiques consiste à lutter contre trois ennemis : la sécheresse (par la plantation de pins dans le nord, par la constitution de réservoirs et par l’essai de plantes adaptées) ; le sel (par le dessalage par venue d’eaux et par l’introduction de plantes à longues racines) ; le sable (par la fixation des massifs dunaires ainsi que par la plantation de salicornes et de saxaouls blancs).

La densité moyenne de la population rend compte de la diversité des déserts. Il s’agit encore de semi-nomades et de transhumants, fixés par le gouvernement soviétique, suivant des itinéraires fixes, le long desquels se disposent habitats et réserves de fourrages ; les produits, surtout la laine, sont commercialisés. Plus rarement, des agriculteurs sont fixés dans les oasis, surtout au sud ou le long de l’Amou- et du Syr-Daria. Certains considèrent qu’il s’est produit une désertification des zones cultivées et de l’habitat ainsi qu’un transfert en des zones plus favorables au cours de l’histoire, mais ces faits ne sont pas exactement prouvés, que les raisons soient physiques (diminution du débit des cours d’eau) ou historiques (dévastations dues à l’invasion mongole).

Au total, plus de la moitié de la zone désertique est couverte de pâturages exploités ; de 2 à 3 p. 100 seulement de cette zone sont propres à la culture.

La transformation essentielle doit venir de l’irrigation. Sans doute les grands périmètres se situent-ils également dans la steppe — Ukraine méridionale, steppes du Manytch et du Kouban, sud de l’Oural —, mais l’essentiel intéresse le désert. La superficie des terres irriguées est passée de 3,5 millions d’hectares en 1913 à 6 millions d’hectares en 1940 et à plus de 10 millions d’hectares au début des années 70 ; Khrouchtchev espérait un maximum de 50 millions d’hectares. Environ 60 p. 100 des surfaces irriguées s’étendent actuellement en Asie moyenne, et le tiers dans l’Ouzbékistan.

L’irrigation moderne se substitue de plus en plus aux traditions artisanales : utilisation des eaux de ruissellement ; construction de réseaux de kiariz (ou qanāt, ressemblant aux foggaras) ; emploi de chadoufs, etc. Les nouveaux périmètres résultent de la construction d’énormes barrages-réservoirs. Ainsi, les canaux de la Fergana font le tour de cette grande vallée, recueillant les eaux des montagnes ; l’oasis de Tachkent est irriguée par de nombreux réservoirs situés dans la montagne. Des canaux de piémont unissent les oasis. Le plus important est le « grand canal turkmène », dont les premiers tronçons, à partir de l’Amou-Daria, sont achevés et qui dépasse Achkhabad. Il y aura 1 500 km de canaux et 600 000 ha sont déjà irrigués.

Partout ont été fondés des vodkhozes (« institutions » ou « économies » de l’eau), qui gèrent le système d’irrigation et la rotation des cultures. Au nord, ce sont encore les légumes, le maïs et les fourrages qui dominent. Au sud, le coton s’impose. L’« or blanc » fait la fortune des sovkhozes. La politique soviétique n’a fait qu’amplifier la politique tsariste, a permis la sédentarisation de nomades, la colonisation de régions désertiques, la formation d’institutions soviétiques, la création d’organisations modèles. À côté se développent les plantes fourragères pour l’élevage bovin, les légumes d’eau, les fruits méridionaux (amandes, pêches, abricots), le mûrier et le vignoble pour la production de raisins de table.

Facteur de stabilité démographique, élément essentiel du niveau de vie, condition première de l’industrialisation, l’irrigation présente le type d’aménagement à grande échelle le plus efficace, l’avenir le plus sûr de l’agriculture soviétique, le facteur de propagande le plus efficace en direction du tiers monde.

A. B.


L’histoire


La guerre civile (1917-1922)

La révolution d’Octobre (v. révolution russe de 1917) avait permis aux bolcheviks de conquérir le pouvoir à Petrograd, mais il faudra près de cinq ans au pouvoir soviétique pour s’affermir et vaincre ses adversaires de l’intérieur et de l’extérieur.

Dès le 8 novembre (26 oct. ancien style) 1917, un pouvoir exécutif est constitué : le Conseil des commissaires du peuple (Sovnarkom). Lénine* en est le président ; Alekseï Ivanovitch Rykov (1881-1938) est à l’Intérieur, Trotski* aux Affaires étrangères, Staline* aux Nationalités.

Le Conseil propose au IIe Congrès panrusse des Soviets, qui les adopte, deux décrets dont l’importance sera considérable pour la suite des événements. Le premier offre la paix « à tous les peuples en guerre et à leurs gouvernements » ; les accords secrets d’avant la révolution sont dénoncés. Le second confisque toutes les propriétés foncières appartenant au tsar, à l’Église orthodoxe, aux nobles, aux bourgeois ; ces terres seront distribuées aux paysans pauvres, à qui en est confiée l’exploitation, mais non la propriété.

Le 15 (2) novembre 1917, le Conseil des commissaires du peuple publie une « déclaration des droits des peuples de Russie », qui promet l’indépendance aux peuples de l’ancien Empire russe qui la désireraient et promulgue « l’égalité et la souveraineté des peuples de Russie ».