Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
U

U. R. S. S. (Union des républiques socialistes soviétiques) (suite)

Un des deux super-grands

Malgré d’énormes pertes de population, l’U. R. S. S. est sortie renforcée de la Seconde Guerre mondiale et elle apparaît de nos jours comme la grande rivale économique et stratégique des États-Unis : elle est considérée comme la seconde superpuissance du globe, laissant loin derrière elle les puissances de taille moyenne.

Toutes les conditions ont été réunies pour qu’elle occupe ce rang. La taille de l’Union d’abord : le pays couvre le sixième des terres émergées. Onze fuseaux horaires le découpent, si bien que le jour se lève en Extrême-Orient quand la nuit tombe dans les États baltes. La distance du nord au sud, environ 5 000 km, représente la moitié de la distance du pôle à l’équateur. L’U. R. S. S. s’étend d’ouest en est sur une longueur de 10 000 km, ce qui représente le quart du globe terrestre à l’équateur. Enfin, ses frontières terrestres se déroulent sur plus de 36 000 km.

Puissance géante, l’U. R. S. S. l’est également par l’énormité des réserves de minerais et d’énergie qu’elle renferme. Ainsi, elle contient les premières réserves mondiales prospectées dans le domaine houiller, soit plus de 4 000 milliards de tonnes. Son sous-sol renferme 40 p. 100 des réserves de minerai de fer du monde, 2,5 milliards de tonnes de manganèse (plus de la moitié des réserves mondiales). L’U. R. S. S. est en tête pour les métaux suivants : plomb et zinc (15 p. 100 des réserves mondiales), nickel, molybdène, mercure, antimoine, auxquels il faut ajouter les métaux précieux (or en quantités illimitées ; platine [90 p. 100 des réserves du monde]) et des minerais tels que la potasse. C’est le seul grand pays qui ne soit pratiquement tributaire d’aucune autre puissance quant aux hydrocarbures.

Enfin, le réseau hydrographique, par sa longueur, ses débits, représente 11 p. 100 des réserves mondiales, ce qui signifie qu’il pourrait fournir plus de 2 000 TWh annuellement.

Super-puissance, l’U. R. S. S. l’est encore par ses productions annuelles. Dans certains domaines, elle l’emporte sur les États-Unis, surtout dans celui de l’industrie lourde, alors qu’elle a beaucoup de retard dans les industries élaborées.

Elle se distingue également, parmi presque toutes les puissances mondiales, par ses taux de croissance très élevés, d’autant plus que l’industrie partait du niveau très bas de l’époque tsariste ou d’après la révolution. C’est ainsi que la production a été multipliée par 60 pour l’ensemble de l’industrie depuis 1917, par 166 pour l’industrie faisant partie du groupe A, dit « des moyens de production », par 23 seulement pour le groupe B, ce qui représente cependant un gros progrès en faveur d’un secteur déshérité.

Il faut donc attribuer cet essor rapide sans doute à la richesse du territoire de l’Union, mais aussi à l’effort des dirigeants et de la population dans le cadre des plans quinquennaux.

Enfin, l’U. R. S. S. est une superpuissance qui a forgé de puissants liens avec d’autres pays socialistes, grâce, sur le plan stratégique, au pacte de Varsovie* et, sur le plan économique, au Comecon*, qui, bien que la Chine et l’Albanie s’en soient retirées, occupe une grande place dans l’économie mondiale. Elle détient le rôle prépondérant dans ces ensembles. Elle anime les organes de liaison, apporte son aide technique, procède à la détermination des normes des plans coordonnés, détient, de loin, la majeure partie du capital de deux banques liées au Comecon, la Banque internationale de coopération économique et la Banque internationale d’investissements. Elle représente des parts considérables dans les importations des pays d’Europe centrale, allant de 70 à plus de 90 p. 100 selon les cas (minerai de fer, pétrole, coke, etc.). La majeure partie de son commerce s’effectue d’ailleurs avec les pays du Comecon. L’Allemagne orientale, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Bulgarie, la Hongrie et la Roumanie sont, dans un ordre décroissant, ses principaux partenaires commerciaux. L’U. R. S. S. est d’ailleurs, de très loin généralement, le premier client et le premier fournisseur de chacun de ces pays. La division internationale du travail permet à chaque État une spécialisation de ses productions, souvent au profit de l’U. R. S. S. Celle-ci est donc à la tête d’un bloc qui lui est presque entièrement soumis, qu’elle protège, mais dont elle retire également des ressources appréciables.


La zonalité des climats et des milieux de vie

Tous les savants soviétiques ont mis en valeur l’importance du principe de zonalité dans la description physique, les ressources, la population et l’aménagement du territoire. Ce sont des séries d’indices climatiques et biogéographiques qui caractérisent une zone. Toutes les cartes montrent que ces zones — à l’exception du désert, qui ne concerne que l’Asie moyenne — s’étirent d’ouest en est, depuis les terres glacées du Grand Nord jusqu’aux montagnes du Sud.


La forêt soviétique

La zone étendue est la zone médiane, celle de la forêt : le cinquième de la superficie des forêts de la planète, la moitié du potentiel de la production mondiale, faisant de l’U. R. S. S. le premier producteur de bois d’œuvre. Ainsi, la moitié de l’U. R. S. S. est couverte de forêts, dont la masse s’étale sur toutes les cartes entre l’isotherme de + 10 °C en juillet (limite thermique) au nord et l’isohyète de 400 mm au sud (limite xérophytique). Cette forêt est plus variée qu’il n’y paraît au premier abord. Au nord de la Russie, la taïga se compose de résineux et de bouleaux épars. Certaines espèces (sapin, épicéa) et des sous-bois font place par endroits à une forêt sombre, mais qui s’éclaircit aux approches de la toundra. En Sibérie, la forêt de mélèzes à petites aiguilles, supportant les plus grands froids, est très claire, à l’exception des « domaines de la peur », les forêts marécageuses du bassin méridional de l’Ob. Vers le sud, à partir du parallèle de Moscou, la forêt devient mixte et correspond à des hivers moins longs. Les essences caduques (tilleul, chêne, aulne) se joignent alors aux conifères. Mais c’est la zone la plus défrichée en Europe ; elle ne s’étend guère en Asie, et la forêt primitive est difficile à reconnaître tant les clairières y sont nombreuses et vastes. Enfin, vers le sud (nord de l’Ukraine, plaines du Don) apparaît la lessostep, la steppe boisée, qui, très essartée, ne laisse que des boqueteaux le long des fleuves ou au fond des ravins.