Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
U

ulcère (suite)

• Neuropathie (affection nerveuse). Des ulcères du pied, indolores et siégeant aussi aux points d’appui et de frottement, et que l’on qualifie de « maux perforants », se voient dans le tabès (neuropathie syphilitique), les myélopathies (lésions de la moelle épinière), le diabète (à la neuropathie diabétique s’associe une artériolite diabétique), les plaies du nerf sciatique, etc. On invoque dans leur pathogénie un rôle trophique de certains nerfs et la perte de la sensibilité douloureuse, qui ne permet plus aux tissus locaux de signaler leur souffrance.

• Ulcères de causes complexes. Les plus connus des ulcères, ceux qui siègent au niveau de l’œsophage, de l’estomac et du duodénum, ne rentrent pas dans ces cinq premiers chapitres. Leur pathogénie est certainement plurifactorielle. On invoque dans leur survenue la fragilité muqueuse, l’hérédité, les agressions physiques et psychiques. Un seul fait certain est la provocation des ulcères de l’œsophage et du duodénum par le suc gastrique acide : soit qu’il y ait arrivée d’un suc trop riche en acide dans le duodénum, soit qu’il y ait reflux d’un suc gastrique même normal dans l’œsophage. Dans la plupart des ulcères gastriques, au contraire, on ne retrouve pas d’hyperacidité du suc gastrique.

Enfin, il est au niveau de l’estomac et du duodénum des ulcérations aiguës dites « de stress », parce qu’on les observe quand l’organisme doit faire face à une agression grave : traumatisme crânien, brûlure étendue, septicémie, insuffisance rénale aiguë, poussée aiguë d’insuffisance respiratoire, etc. Ces ulcères ont une forte propension à saigner et constituent une cause importante de mortalité chez les malades des services de réanimation. La pathogénie de ces ulcérations gastriques est encore inconnue, bien qu’on sache les reproduire chez le rat en agissant sur son psychisme (ulcère de contrainte) ou par des prises médicamenteuses.

J. T.

➙ Estomac / Veine.

 P. Gérard, les Ulcères de jambe de cause circulatoire (ESF, 1961). / P. Hillemand, Comment prescrire le traitement des ulcères gastro-duodénaux et de leurs complications (ESF, 1962). / H. Weiner (sous la dir. de), Duodenal Ulcer (Bâle, 1971). / R. Wiel, l’Ulcère d’estomac (Laffont, 1975).

ultrason

Phénomène périodique dont la fréquence est supérieure à celle de la limite physiologique d’audibilité.



Généralités

Le seuil de la bande utilisable d’ultrasons est très flou, car il dépend, entre autres choses, de l’état physiologique de chaque individu et de son âge. C’est la raison pour laquelle on considère qu’il se situe à des fréquences de l’ordre de 20 à 25 kHz. On ne peut non plus définir la limite supérieure de la bande d’ultrasons, mais elle peut être très élevée pour certaines applications. Sous l’effet d’ultrasons, les éléments de la matière subissent des accélérations énormes, même avec des amplitudes très faibles : à 800 kHz, une amplitude de 1 Å correspond à une accélération de 250 g. Il se produit alors une dissociation de la matière qui se traduit par des effets destructeurs, mais il s’agit là de ce que l’on peut considérer comme un cas limite.


Applications

Pour des fréquences beaucoup plus basses, les effets des ultrasons sur la matière sont innombrables. En traversant un corps, une partie de leur énergie peut se dégrader en chaleur à l’intérieur même de ce corps, et cet effet thermique assure un chauffage à cœur. D’autre part, les ultrasons peuvent se réfléchir et revenir à leur point d’émission. Il est alors possible, avec un équipement approprié, d’explorer la surface d’un élément et de déceler la moindre irrégularité, ce qui permet d’effectuer un contrôle non destructif.

En chimie, les applications des ultrasons sont très nombreuses, notamment si l’on réalise un brassage de substances différentes. C’est ainsi qu’en photographie on peut obtenir des émulsions stables à partir de substances normalement non miscibles. De même, les ultrasons peuvent jouer le rôle de catalyseur en accélérant certaines réactions. Ils permettent le dégazage des liquides. Dans les gaz soumis à des ultrasons, on observe un phénomène de coagulation des particules fines, dont la précipitation apporte une solution au problème de la pollution par les suies et les fumées.

Enfin, en biologie, on a pu lutter avec succès contre les bactéries et les micro-organismes (stérilisation du lait) et même envisager de véritables traitements thérapeutiques.

L’application la plus spectaculaire des ultrasons s’apparente à celle du radar pour la mesure des distances en milieu marin ; on lui a donné le nom de sonar (SOund Navigation And Ranging). Le premier, Paul Langevin* réalisa un tel sondeur au cours de la Première Guerre mondiale pour la détection des sous-marins ennemis. Schématiquement, le sondeur comprend un générateur d’impulsions ultrasonores concentrées en un étroit faisceau par un système de projection qui les dirige vers le fond. Ces impulsions se réfléchissent et reviennent au récepteur, où les deux signaux sont enregistrés. La vitesse de propagation dans l’eau de mer étant de l’ordre de 1 500 m/s, il s’écoule un temps très court entre l’émission du signal et sa réception, de sorte que la durée de celui-ci doit être beaucoup plus courte que le temps total de propagation : pour un fond de 150 m, le décalage de temps est de 0,2 s et les impulsions émises ne peuvent durer que quelques microsecondes. Deux types principaux de générateurs sont utilisés. Le premier fait appel à la magnétostriction, phénomène par lequel un corps ferromagnétique modifie ses caractéristiques dimensionnelles par compression, traction ou torsion sous l’influence de son aimantation, ce phénomène étant réversible. Le grand avantage d’un tel système est d’être robuste et d’un prix relativement bas. En revanche, il est très sensible aux variations de température. Le second type est fondé sur les propriétés des substances piézoélectriques, telles qu’une lame de quartz taillée en fonction de la fréquence désirée ou une lame de sels de Seignette sur laquelle une excitation électrique provoque une déformation. En raison de la réversibilité du phénomène, une déformation de la lame entraîne son électrisation. Indépendamment de sa fragilité, d’ailleurs toute relative, un dispositif à cristal est d’une très grande stabilité, assurant une fréquence constante et une grande précision de relèvement, ce qui justifie son prix plus élevé.

D’autre part, en modifiant les trajectoires des impulsions ultrasonores, il est possible avec un sonar « latéral » de tracer le relief des fonds marins, donc d’y déceler éventuellement des épaves ; il existe également des balises répondeuses à ultrasons pour déterminer avec précision la distance qui les sépare de l’interrogateur, etc.