Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

typographie (suite)

Le papier reçoit directement l’encre de la forme, sur laquelle il est pressé. La netteté et la précision de l’image ainsi décalquée caractérisent la frappe de la machine. Une pression insuffisante donnerait une image faible, avec des parties mal encrées, une pression exagérée écraserait l’encre sur le papier. Pour éviter le passage du papier entre deux surfaces dures, les presses typographiques portent sur leur platine ou leur cylindre un habillage, garnissage relativement souple constitué par une superposition de feuilles de papier, de carton ou de tissu caoutchouté. L’emploi de clichés en caoutchouc ou en plastique souple laisse une plus grande latitude au conducteur pour le réglage de sa machine. Il faut que tous les éléments imprimants exercent sur le papier une pression autant que possible égale par unité de surface. Or, la majeure partie des formes d’impression ne sont pas homogènes ; elles contiennent des caractères neufs ou vieux, des filets, des clichés tramés. Aussi doit-on d’abord amener toutes leurs surfaces sur un même plan, à la hauteur d’impression, ou hauteur en papier ; c’est le but de la mise de niveau. Puis il faut leur donner de petites différences de hauteur, de l’ordre de ± 0,02 mm, en fonction de leur pourcentage de surface imprimante : c’est la mise de puissance. L’ensemble de ce travail sur la forme d’impression constitue la mise en train, vieille habitude en typographie. L’imprimeur du xvie s. collait déjà sur sa platine des petits morceaux de parchemin ou de papier pour compenser les défauts de la forme et ceux de la presse. Actuellement, les imprimeurs font encore certaines mises en train par découpage manuel de papier pelure. Mais c’est une perte de temps sur la machine à imprimer. L’usage s’est répandu de contrôler la hauteur des éléments de la forme d’impression et de préparer celle-ci avant son calage sur la presse. C’est la prémise en train, travail qui va de pair avec l’imposition et qui utilise les méthodes dites « de la protométrie » : tirage d’épreuves sur des presses de précision, mesures de hauteur avec des comparateurs, confection par des procédés mécaniques et chimiques des feuilles de mise en train qui seront placées dans l’habillage de la presse.


Caractéristiques de la typographie

Elle permet d’imprimer sur toutes sortes de papiers, à condition d’adapter la grosseur de trame des clichés au lissé de leur surface : textes seuls sur papier bouffant, trame grossière sur le papier satiné des journaux, trame fine sur du papier couché, où les fins détails sont nettement reproduits. L’aspect des imprimés, mis en pages avec des éléments rigides, a une allure géométrique et classique ; les textes sont bien nets. On imprime souvent sur la composition elle-même, qu’on appelle le mobile ; la forme d’impression est alors peu coûteuse. On peut y apporter des corrections, des changements, la conserver pour un nouveau tirage. En plus de l’impression proprement dite, les presses typographiques peuvent faire du numérotage, de la perforation, du découpage, du gaufrage ; de robustes presses à platine sont construites spécialement à cet effet. Le procédé convient toujours bien aux petits tirages, mais la nécessité de la mise en train et la faible vitesse des presses à mouvement alternatif l’handicapent vis-à-vis de l’offset. Procédé traditionnel d’impression de livres, on l’emploie aussi pour l’impression de périodiques à petit ou moyen tirage, de travaux de ville (cartes, têtes de lettres), de catalogues, d’étiquettes, de billets.

Mis à part les imprimeries de presse, les imprimeries typographiques sont actuellement de petites ou moyennes entreprises qui ont des ateliers de composition, d’impression, de façonnage simple et qui font appel à des entreprises spécialisées pour la photogravure et pour des travaux particuliers. Nombre d’entre elles ont acheté des petites machines offset et impriment par les deux procédés. Ayant souvent une clientèle locale, elles peuvent lui offrir des services tels que conception des imprimés, présentation de maquettes, réapprovisionnement rapide, fourniture d’articles de papeterie.

G. B.

➙ Clicherie / Composition / Imprimerie / Photogravure / Presse / Rotative.

 A. Bargilliat, Typographie, impression (Institut nat. des industries et arts graphiques, 1956 ; 5e éd., 1968). / G. Baudry et R. Marange, Comment on imprime (Dunod, 1956 ; 4e éd., 1971). / E. Kollecker et W. Matuschke (sous la dir. de), Der moderne Druck (Hambourg, 1956 ; 2e éd., 1958). / A. Javet et H. Matthey, Typographie (École romande de typographie, Lausanne, 1967). / V. Strauss, The Printing Industry (New York, 1967).

Tyr

Antique métropole phénicienne, située en bord de mer, entre Beyrouth et Haïfa, au pied du Liban. C’est l’actuelle Sour (Sūr), dont le nom arabe signifie « rempart ».


La ville phénicienne était située en partie dans une île proche de la côte, mais l’agglomération primitive se trouva d’abord dans la colline voisine, le Tell al-Ma’cheek, qui demeura par la suite un lieu vénéré. On y voit une nécropole phénicienne dont les tombes rupestres portent le signe de Tanit.

La tradition rapportée par Hérodote situe la fondation de la ville et de son temple de Melqart vers 2750 av. J.-C. Colonie de Sidon, elle n’est vraiment connue qu’à dater du xive s. Elle est alors mentionnée dans la correspondance de Tell al-Amarna, et dans des papyrus du xiiie s., sous le nom d’Usu. Elle s’accroît ensuite d’un flot de réfugiés venus de Sidon, qui a perdu sa suprématie, puis, renonçant à ses juges (ou suffètes), se donne un roi. Un des membres de la dynastie, Hiram Ier (969-935), est l’allié des rois hébreux David et Salomon. Il leur fournit des bois du Liban et de la main-d’œuvre pour la construction du Temple de Jérusalem. Pendant ce long règne se développe la colonisation phénicienne en Occident (Sicile, Afrique, Tarsis) et s’aménagent les deux ports, sidonien au nord, égyptien au sud, de part et d’autre de la digue et de l’aqueduc joignant au continent l’île principale ainsi que l’îlot voisin, où une poignée de Grecs avaient établi une colonie marchande et édifié un temple. L’activité économique est alors considérable. De Tarsis viennent l’argent et l’étain. Ayant adopté les techniques babyloniennes en matière de fours, les Tyriens profitent de leurs ressources en sable très pur pour devenir les verriers les plus réputés. À cela s’ajoutent l’industrie de la pourpre et les constructions navales.