Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Turquie (suite)

Malgré les apparences, la situation n’a pas fondamentalement changé et la division du pays demeure entière. Le rétablissement de l’ordre, des progrès substantiels qui se dessinent, le temps aussi devraient, sinon rapprocher des idéologies essentiellement divergentes, du moins atténuer leur passion. En attendant, la conscience du danger que peut faire courir à la Turquie un affrontement trop violent, l’incontestable maturité politique qu’on constate jusque dans les couches les plus pauvres et les moins évoluées de la population, la froide raison des Turcs devraient permettre de traverser la crise.

J.-P. R.

➙ Anatolie / Grèce d’Asie / Mustafa Kemal / Ottomans / Seldjoukides / Turcs.

 J. Denys et R. Marchand, Petit Manuel de la Turquie nouvelle (Haumont et A. Maisonneuve, 1934). / Société pour l’étude de l’histoire turque, Histoire de la République turque (Istanbul, 1935). / G. Jäschke, Die Türkei in den Jahren 1935-1941 (Leipzig, 1943) ; Der Islam in der neuen Türkei (Leyde, 1951) ; Die Türkei in den Jahren 1942-1951 (Wiesbaden, 1955). / R. Mantran, Histoire de la Turquie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1952 ; 3e éd., 1968). / J.-P. Roux, la Turquie (Payot, 1953) ; Turquie (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1968). / G. L. Lewis, Turkey (Londres, 1955 ; 3e éd., 1965). / Z. Gökalp, Turkish Nationalism and Western Civilization (trad. du turc, Londres, 1959). / B. Lewis, The Emergence of Modern Turkey (Londres, 1961 ; 2e éd., 1968). / N. Berkes, The Development of Secularism in Turkey (Montréal, 1964). / T. Z. Tunaya, Atatürk, the Revolutionary Movement and Ataturkism (Istanbul, 1964). / F. W. Frey, The Turkish Political Elite (Cambridge, Mass., 1965). / F. Bahrampur, Turkey Political and Social Transformation (New York, 1967). / B. N. Esen, la Turquie (L. G. D. J., 1969). / F. A. Vali, Bridge across the Bosporus, the Foreign Policy of Turkey (Baltimore, 1971). / K. B. Hartputlu, la Turquie dans l’impasse (Anthropos, 1974).

Quelques repères chronologiques pour l’histoire de la Turquie

VIIIe-VIIe millénaire

Çatal höyük.

IIe millénaire

Civilisation hittite. Guerre de Troie.

vie s. av. J.-C.

Fin du Royaume lydien et début de l’Empire perse.

ve s. av. J.-C.

Révolte de l’Ionie.

ive s. av. J.-C.

Alexandre III* le Grand en Asie Mineure.

iie s. av. J.-C.

Conquête romaine.

88-66 av. J.-C.

Mithridate VI* Eupator, roi du Pont, menace l’ordre romain en Asie Mineure.

330-395

Fondation de Constantinople*, partage de l’Empire romain et naissance de l’Empire byzantin*.

viie s.

Les Arabes prennent Antioche (636) et assiègent Constantinople (669-678).

1071

Bataille de Mantzikert : les Turcs* s’installent en Asie Mineure.

1219-1237

Règne de ‘Ālā al-Dīn Kay Qubād Ier : apogée de l’empire des Seldjoukides* de Rūm.

1243

Victoire des Mongols en Anatolie.

1299

Début officiel de la dynastie ottomane.

1308

Fin de la dynastie seldjoukide.

1326

Les Ottomans* prennent Brousse (Bursa) et en font leur capitale.

1361 ou 1362

Installation des Ottomans en Thrace.

1402

Invasion de Tīmūr Lang (Tamerlan).

1453

Prise de Constantinople.

1515-1517

Annexion par les Ottomans de l’Est anatolien, de la Syrie et de l’Égypte.

1520-1566

Règne de Soliman* le Magnifique : prise de Tunis, d’Alger, de Bagdad, de Belgrade, de Rhodes, de Buda. Capitulations avec la France. Apogée de l’Empire ottoman.

1571

Bataille navale de Lépante : première défaite turque.

1699

Premier recul de l’Empire ottoman : traité de Karlowitz.

1808-1839

Réformes de Mahmud et massacre des janissaires (1826).

1830

Indépendance de la Grèce.

1839-1861

Tanzimat : période des réformes.

1876

Première constitution turque.

1908

Révolution des Jeunes-Turcs.

1918

Armistice de Moudros.

1922

Fin de l’Empire ottoman.

1923

Proclamation de la république. Signature du traité de Lausanne.

1924

Abolition du califat.

1938

Mort de Mustafa* Kemal.

1950-1960

Gouvernement démocrate.

1960 (27 mai)

Coup d’État militaire. L’armée quitte le pouvoir, mais se réserve le droit d’intervenir.

1961

Promulgation d’une nouvelle constitution.

1961-1965

Gouvernement de coalition d’Ismet Inönü (parti républicain du peuple) — la majorité parlementaire appartient au parti de la justice.

1965-1971

Gouvernements de Süleyman Demirel (parti de la justice).

12 mars 1971

Ultimatum de l’armée demandant la constitution d’un gouvernement fort.

1971-72

Gouvernement de coalition de Nihat Erim (parti républicain du peuple).

1972-73

Gouvernement de coalition de Ferit Melen (d’un petit parti centriste).

janv.-sept. 1974

Gouvernement de Bülent Ecevit (nouveau leader du parti républicain du peuple).

avr. 1975

Gouvernement de Süleyman Demirel (parti de la justice).


Les littératures turques


Les littératures turques anciennes

On considère actuellement que les « inscriptions » de l’Orkhon et de Ienisseï, écrites en dialectes göktürk et ouïgour (732 et 735 apr. J.-C.), sont les premiers textes de la littérature turque, avec les écritures trouvées lors des fouilles de Tourfan. Certains de ces écrits relatent l’acceptation de la religion manichéenne par Bügü khaghān, chef des Ouïgours, et appartiennent à la période préislamique.

Après l’islamisation des Turcs, on assiste, en Asie centrale, au développement des littératures karakhānide, khārezmehāh et djaghtaï (ces dénominations correspondent aux dynasties qui se sont succédé).

La littérature karakhānide s’étend du xe au xiiie s. Sous la dynastie karakhānide, les arts et les lettres sont florissants en Asie centrale : Yūsuf Khass Hadjib (Yusuf Has Hâcib) traite, en dialecte ouïgour et sous une forme poétique, de la nation, de l’État, de la justice et de la foi (1069-1070), tandis que Maḥmud al-Kāchgarī écrit, contre l’envahissement de l’arabe, un dictionnaire de la langue turque (1072-1074). Il faut encore citer, pour cette période, les noms d’Aḥmad ibn Maḥmud Yügnäkī (Edib Ahmed bin Mahmud Yükneki) et de Aḥmad Yasawī (Ahmed Yesevî) [† 1166]. La littérature des Khārezmchāh atteint son épanouissement au xive s. La littérature djaghataï correspond au règne de Tīmūr Lang (Tamerlan) et de ses fils (1370-1507). Elle est caractérisée par le développement de la langue turque (dialecte djaghataï ou tchagatay) aux dépens du persan, langue « noble » parlée dans les palais.