Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Autriche (suite)

La marche d’Autriche

• iiie-vie s. : invasion des Goths, des Huns et des Avars.

• ixe s. : destruction de l’empire des Avars ; pour prévenir les invasions, Charlemagne constitue en 803 la marche des Avars (ou marche de l’Est [Ostmark]).

• xe s. : invasion hongroise sur toute la marche. Mais Otton le Grand écrase les Hongrois au Lechfeld (955). La maison de Babenberg hérite de la marche (976) et la gardera trois siècles. Le nom d’Autriche (Österreich) apparaît pour la première fois dans un document signé par l’empereur Otton III.


Le duché d’Autriche (xiiie-xive s.)

• 1156 : les Babenberg obtiennent de l’empereur la transformation de la marche en duché héréditaire, dont la capitale est Vienne.

• 1192 : les Babenberg héritent de la Styrie et d’une partie de la Carniole.

• Mort de Frédéric II le Batailleur, le dernier des Babenberg (1246). Éphémère réunion à la Bohême ; mais Rodolphe Ier de Habsbourg, hobereau de la Suisse alémanique, devenu empereur germanique en 1273, bat Otakar (Ottokar) II, roi de Bohême, à Dürnkrut, dans le Marchfeld (1278), et place sous son obédience les duchés de Carniole, de Styrie et d’Autriche, dont il assure la succession à ses fils. (V. Habsbourg.)

• Grâce à une habile politique matrimoniale, la Carinthie (1335) et le Tyrol (1363) deviennent possessions autrichiennes.


L’Autriche des Habsbourg au xve siècle

• 1379 : les Habsbourg se divisent en deux branches : la branche Léopoldine et la branche Albertine ; les territoires autrichiens sont partagés entre ces deux branches.

• Albert V de Habsbourg, duc d’Autriche, est reconnu roi de Bohême et de Hongrie sous le nom d’Albert Ier (1437), puis est élu empereur germanique sous le nom d’Albert II (1438). Avec son fils Ladislas le Posthume († 1457) s’éteint la ligne Albertine de la maison de Habsbourg.

• Frédéric V de Styrie, chef de la branche Léopoldine, rassemble la majeure partie des territoires habsbourgeois ; en 1440, il devient empereur germanique (Frédéric III). Ce titre va désormais être pratiquement héréditaire dans la famille des Habsbourg. C’est Frédéric qui forge la devise familiale : A. E. I. O. U. (Austriae est imperare orbi universo) [« Il appartient à l’Autriche de commander au monde entier »].


Les xvie et xviie siècles


Maximilien Ier (1493-1519)

• Œuvre économique : développement des ressources des domaines héréditaires (sel, cuivre, argent).

• Œuvre institutionnelle : pour unifier l’Empire, institution de conseils communs aux provinces (Hofrat, Conseil aulique ; Hofkammer, Chambre aulique ; Hofkanzlei, chancellerie). Cette unification est en fait assez artificielle.

• Extension territoriale : par son mariage avec Marie de Bourgogne (1477) et surtout le traité de Senlis (1493), Maximilien acquiert l’Artois, la Franche-Comté et le Charolais. Le mariage de son fils Philippe Ier le Beau avec Jeanne la Folle étend ses prétentions à la maison d’Espagne et jette les bases de l’immense empire de Charles Quint. Le double mariage de ses petits-enfants, Ferdinand et Marie, avec les enfants du roi de Bohême et de Hongrie Ladislas VII Jagellon prépare le passage de ces deux royaumes dans l’héritage des Habsbourg.


L’Autriche au xvie siècle

• 1519 : Charles Quint, petit-fils de Maximilien Ier, devient empereur.

• 1521 : il abandonne à Ferdinand les domaines autrichiens ; ceux-ci sont réunis sous la même autorité héréditaire. La maison des Habsbourg se confond désormais avec la « maison d’Autriche ».

• 1526 : la Bohême et la Hongrie, possessions de Louis II, passent à la mort de celui-ci (bataille de Mohács) aux mains de Ferdinand Ier de Habsbourg.


Les luttes du xviie siècle

Lutte contre l’expansion ottomane.

• 1529 : siège de Vienne par les Turcs, qui échouent.

• 1664 : l’offensive des Turcs à Saint-Gotthard est brisée sous la direction de Léopold Ier.

• 1683 : l’attaque des Turcs contre Vienne est arrêtée au Kahlenberg, grâce à Jean Sobieski.

• 1697 : la victoire du Prince Eugène au pont de Zenta oblige les Turcs à céder à l’Autriche toute la Hongrie (sauf le banat de Temesvár) et la Transylvanie (traité de Karlowitz, 1699) ; la paix de Passarowitz (1718) reconnaît à l’Autriche le banat de Temesvár, une partie de la Valachie et de la Serbie.

Lutte contre la Réforme protestante.

La Réforme s’étant implantée assez fortement dans les États héréditaires, les Jésuites s’installent à Vienne en 1551 (rôle capital de saint Pierre Canisius [1521-1597]). Ferdinand II, champion de la Contre-Réforme, écrase les Tchèques à la Montagne Blanche (1620). Mais les traités de Westphalie (1648) marquent l’échec de la politique autrichienne d’unification religieuse de l’Allemagne (v. Trente Ans [guerre de]).


L’État autrichien au xviiie siècle


L’accroissement territorial

• La monarchie autrichienne, qui a fortifié, au cours des luttes contre l’islām et les protestants, son caractère catholique et absolutiste, est engagée à trois reprises contre la France : guerres de Hollande (1672-1679), de la ligue d’Augsbourg (1686-1697) et de la Succession d’Espagne (1701-1714).

• 1714 : au traité de Rastatt, elle acquiert les Pays-Bas, le Milanais, Naples et la Sardaigne.

• Développement économique : mise en valeur des terres incultes restituées par les Ottomans ; développement des industries ; construction de la route du Semmering (1728), qui aboutit à Trieste et à Fiume, déclarés ports francs ; création de la seconde « Compagnie d’Orient pour le commerce » et de la « Compagnie d’Ostende » (1721-1722).

• L’indivisibilité des États autrichiens est affirmée par la Pragmatique Sanction, promulguée en 1713 par Charles VI (1711-1740) ; mais l’insuffisance des garanties matérielles et militaires entraîne la guerre de la Succession d’Autriche (1740). Marie-Thérèse, au prix de la reconnaissance des privilèges de la Hongrie, réussit à conserver l’héritage des Habsbourg, Parme et la Silésie exceptés (traité d’Aix-la-Chapelle, 1748).

• L’électeur de Bavière Charles VII Albert, empereur de 1742 à 1745, compétiteur de Marie-Thérèse à la succession d’Autriche, est évincé par elle.