Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Troubetskoï (Nikolaï Sergueïevitch) (suite)

Les Principes de phonologie ont eu une importance fondamentale. Aujourd’hui, les critères de phonétique articulatoire sur lesquels ils sont fondés en limitent considérablement la portée ; mais la définition du phonème et les perspectives de recherche restent encore fécondes. Le classement des distinctions phonologiques pertinentes utilisées dans le langage humain et l’effort pour définir, à travers l’extrême diversité des langues étudiées, un nombre très limité de types sont à la base des recherches les plus modernes sur les « universaux du langage ».

M. G.

➙ Phonologie.

Troyes

Ch.-l. du départ. de l’Aube ; 75 500 hab. (Troyens). L’agglomération compte environ 130 000 hab.



La géographie

Si la commune a une population inférieure à 80 000 habitants, et qui diminue même parce qu’elle est totalement urbanisée, Troyes n’en est pas moins à la tête d’une agglomération notable qui la classe parmi les neuf villes de la « couronne parisienne » et par conséquent en fait un point d’appui du développement du Bassin parisien. Comme ses homologues, elle est en effet à quelque 160 km de Paris, sur l’axe de communication Paris-Bâle (chemin de fer et R. N. 19) ; elle bénéficie en outre d’une partie des flux entre le Nord (plus la Grande-Bretagne et le Benelux) et le Sud-Est, par les R. N. 77 et 71, voire de sa position sur un axe théorique Lorraine-Loire qui n’est pas encore une transversale très active.

Son rayonnement, toutefois, est à peu près exclusivement départemental ; mais, dans ce cadre, il est souverain, puisque l’agglomération groupe plus des deux cinquièmes de la population auboise et que sa seconde, Romilly-sur-Seine, n’a que 17 573 habitants. Elle y a une position centrale, tout en se situant au contact entre la Champagne crayeuse et les pays plus morcelés de Champagne humide, puis des plateaux céréaliers et viticoles (vignoble d’appellation champagne) qui annoncent la bande de hautes terres accidentées étirée de la Bourgogne à la Lorraine ; elle se situe exactement à l’endroit où la Seine pénètre en Champagne crayeuse en un large entonnoir de plaines. Son environnement est donc varié, contribuant à lui assurer une fonction d’échange et à asseoir son rôle touristique, grâce à la proche forêt d’Othe, aux forêts d’Aumont et d’Orient et surtout au nouveau lac d’Orient (à 20 km), autour duquel on a ouvert un parc régional très fréquenté. Si l’Aube, surtout au sud, n’a pas tout à fait le même dynamisme démographique que le reste de la Champagne, du moins les résidences secondaires sont-elles assez nombreuses : on est aux franges de la zone de week-end des Parisiens.

Troyes même ajoute à ces attraits, outre un curieux village de jeunes (Copainville), un ensemble architectural original, legs de son brillant passé commercial. Ancienne ville de foires sur l’axe Méditerranée-Flandre, capitale des comtes de Champagne, Troyes a connu une active période artistique et une école de sculpture originale, au moment de la Renaissance. À côté de ses célèbres églises gothiques enrichies au xvie s., elle a conservé nombre de vieilles maisons en colombage et de rues étroites, de tourelles et de pignons qui font le charme de ses quartiers centraux.

Ceux-ci, bâtis dans la plaine inondable de la Seine au milieu d’un lacis de chenaux, dessinent un « bouchon de champagne » aux contours jadis soulignés par les remparts, maintenant par des boulevards. Leur forme tient à la juxtaposition d’une ville ecclésiastique (la tête, avec la cathédrale), assez peu peuplée, et d’une ville commerçante (le corps du bouchon), où, auprès de l’hôtel de ville, se tiennent aujourd’hui le centre des affaires et, au nord-ouest, le centre des professions libérales. Une partie du bouchon est très dégradée et fait l’objet d’une importante rénovation (Gros-Raisin). Un secteur sauvegardé a été délimité.

C’est au xixe s. surtout que Troyes a développé une fonction de négoce, bien qu’elle en soit née : la bonneterie, longtemps diffuse dans toute l’Aube, s’est rassemblée dans la ville (et à Romilly), jusqu’à la dominer. Une couronne de quartiers industriels cerne le centre, mais se rénove peu à peu avec la décentralisation et la reconstruction de certaines usines. Toute une série de grandes firmes aux marques célèbres ont conservé leur siège à Troyes : Devanlay-Recoing (DR, 2 000 salariés) et Gillier (Jil, chemises Lacoste, 1 600), du groupe Lévy ; Vitoux (Vitos, 2 200), Poron (Absorba, 1 700) ; Valton (Petit-Bateau, 1 400) ; Fra-for (1 200) ; et une trentaine d’entreprises de 100 à 500 salariés dont Exciting, Mauchauffée (Emo), etc. La spécialisation porte surtout sur les sur- et sous-vêtements.

L’agglomération compte 18 000 salariés dans cette branche et dans les activités annexes (teintures et apprêts, machines pour bonneterie), la seule bonneterie fournissant 62 p. 100 de l’emploi industriel. Cette domination, appuyée par l’existence d’un centre de recherches, d’une école et d’un centre de productivité, a posé quelques problèmes (mono-industrialisation et pénurie d’emplois masculins).

Aussi, depuis 1960, d’autres usines sont-elles venues ou se sont-elles agrandies (tandis qu’une partie de la bonneterie abandonnait l’agglomération à la recherche des bas salaires de l’Ouest ou du Massif central) : jantes de roues (Michelin) et pneus (Kléber-Colombes) à La Chapelle-Saint-Luc, appareils de levage Fenwick, luminaires Petitjean, papiers minces Bolloré, serrures Vachette notamment, en des unités de 500 à plus de 1 000 emplois.

Ces implantations, et l’extension corrélative de l’habitat, se sont faites en grande partie à la périphérie de l’agglomération, souvent spontanément dans la mesure où la politique des zones industrielles et des Z. U. P. n’est intervenue qu’avec retard ; ce retard tient en partie à l’ampleur des problèmes posés par le caractère pluricommunal de l’agglomération (divergences entre communes de composition sociale et d’orientation politique différentes).