Trotski (suite)
Jusqu’alors, les principaux adversaires de Trotski ont été Zinoviev et Kamenev et non point Staline. Mais celui-ci écarte Kamenev et Zinoviev et combat avec vigueur Trotski, qui s’allie avec ses deux anciens ennemis. Cependant, Staline représente la majorité du parti, désireuse de poursuivre la NEP et de construire le socialisme dans un seul pays, tandis que Trotski inquiète les paysans, qui craignent le retour de la guerre.
Exclu du bureau politique en octobre 1926, Trotski a le soutien d’environ 190 des membres du parti ; il doit quitter le Comité central du parti bolchevik en octobre 1927, puis le parti lui-même en novembre de la même année.
Jusqu’en 1927, la lutte est restée une lutte d’idées et s’est située sur le plan politique. Mais Staline et la majorité du parti, inquiets des manifestations organisées par l’opposition à Moscou et à Leningrad à l’occasion du dixième anniversaire de la révolution d’Octobre, décident de recourir à des mesures répressives. Trotski est alors exilé au Kazakhstan (janv. 1928) et expulsé d’Union soviétique en février 1929.
L’exil
Dès lors, Trotski mène une vie errante d’émigré politique. L’Allemagne ayant refusé de l’héberger, il doit se réfugier en Turquie, à Prinkipo, dans l’archipel des Princes. De là, il continue à diriger l’opposition intérieure, mais avec de moins en moins de possibilités. Il vit de sa plume, écrivant de nombreux articles et rédigeant plusieurs ouvrages, dont une autobiographie, Ma vie, et une Histoire de la révolution russe. En même temps, il tente de grouper ses partisans à l’intérieur du Komintern dans les différents partis communistes des autres pays. Mais ni en U. R. S. S. ni dans le Komintern, ses efforts ne connaissent de grands succès : la plupart des anciens dirigeants de l’opposition se rallient à la politique du parti, dès lors dirigée d’une façon de plus en plus dictatoriale par Staline.
En novembre 1932, Trotski quitte la Turquie pour le Danemark, où il reste quelques semaines ; il veut entrer en Belgique, qui lui refuse le séjour, et s’installe un temps à Paris. Revenu à Prinkipo, il assiste impuissant, mais lucide, au triomphe de Hitler en Allemagne : il propose alors la création d’une nouvelle Internationale.
En juillet 1933, Trotski obtient un nouveau permis de séjour en France : il réside à Saint-Palais près de Royan, puis à Barbizon et dans l’Isère. En juin 1935, il quitte la France pour la Norvège, où il reste jusqu’en décembre 1936 ; il y publie deux pamphlets (la Révolution trahie et l’École stalinienne de falsification, 1937). Durant ce temps, une vague de terreur s’est abattue sur l’U. R. S. S. : des centaines d’anciens amis ou adversaires de Trotski ont été arrêtés, jugés et fusillés.
La Norvège refusant de renouveler un permis de résidence, Trotski gagne le Mexique. De sa villa, près de Mexico, il ne cesse — tout en soutenant l’Union soviétique — de mener la lutte contre le stalinisme, affirmant, dans son Bulletin de l’opposition, la nécessité de la « révolution permanente ». Cependant, Trotski est poursuivi par la haine de Staline. Plusieurs attaques contre sa résidence de Mexico échouent, mais il est finalement mortellement blessé le 20 août 1940 (il mourra le lendemain) par un Espagnol, Ramón Mercader, que l’on soupçonne — non sans raison — d’être un agent de la Guépéou.
J. E.
➙ Communisme / Internationales (les) / Lénine / Marxisme / Révolution russe de 1917 / Staline / Trotskisme / U. R. S. S.
V. trotskisme.