Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

trombonistes de jazz (les) (suite)

(Kansas City, 1936). Compagnon des saxophonistes Archie Shepp et John Tchicai, soliste tout à fait remarquable du Liberation Music Orchestra, réuni par le contrebassiste Charlie Haden, compositeur pour le Jazz Composers’ Orchestra de New York, théoricien très lucide de l’histoire musicale afro-américaine, il est non seulement un tromboniste passionnant et fort peu « orthodoxe », mais aussi un des rares musiciens blancs acceptés et reconnus comme l’un des leurs par les « free jazzmen » des années 60.
enregistrements : Everywhere (1965), We shall overcome (avec C. Haden, 1969), Inside Job (1976).


Weldon John Teagarden, dit Jack Teagarden,

surnommé « Mr. T. » (Vernon, Texas, 1905 - La Nouvelle-Orléans 1964). New York 1927 : il enregistre avec, notamment, Fats Waller et Louis Armstrong. Il fait partie ensuite, également comme chanteur, de plusieurs grands orchestres, avant de se joindre de nouveau à Armstrong. Influencé par Harrison, mais aussi par Armstrong, il fut un des principaux responsables de l’émancipation du trombone.
enregistrement : Rockin’ Chair (avec L. Armstrong, 1947).


William Wells, dit Dickie Wells

(Centerville, Tennessee, 1909). Elmer Snowden, Luis Russell, Benny Carter, Fletcher Henderson, Teddy Hill, Count Basie, Buck Clayton, Sy Oliver, Earl Hines : ce sont quelques-uns des chefs d’orchestre qui le considéraient comme un des solistes les plus remarquables de l’ère « swing ».
enregistrement : Dickie’s Dream (avec Basie, 1939).

trompette

Instrument à vent de la famille des cuivres.


La trompette actuelle, coulée en métal, est constituée par un tube d’abord conique, mais qui devient, aux deux tiers de la longueur, cylindrique, s’évasant progressivement jusqu’au pavillon. À l’autre extrémité est fixée l’embouchure, sur laquelle l’instrumentiste pose ses lèvres, qui jouent le rôle d’anches vibrantes. Les embouchures larges conviennent mieux au grave, tandis que les plus étroites sont destinées à l’aigu. La trompette moderne est munie d’un système de pistons — en général trois, parfois quatre — permettant de jouer chromatiquement dans toute l’étendue de l’instrument :

L’invention des pistons ne remonte qu’au début du xixe s. D’abord adaptés au cor, puis à la trompette, les pistons permettent de modifier la longueur de la colonne d’air à l’intérieur du tube des cuivres. Pour la trompette, le premier piston a pour effet d’abaisser le son d’un ton, le second d’un demi-ton et le troisième d’un ton et demi.

L’origine de la trompette remonte à la nuit des temps. Le terme de trompette désigne une variété d’instruments comme le salpinx grec, la bucina romaine, la trompette naturelle et les trompettes chromatiques modernes. La corne semble avoir été la première matière de la trompette, instrument qui a existé chez presque tous les peuples. Diverses peintures, tapisseries et sculptures nous renseignent sur sa forme ainsi que sur son rôle, souvent guerrier, sacré et solennel. Trompettes droites et trompettes recourbées ont coexisté. Au xvie s., l’enroulement de l’instrument sur lui-même peut se réaliser. Si, dans le monde occidental, la trompette est déjà à l’honneur à la fin du Moyen Âge et pendant la Renaissance dans les fêtes, elle prend une importance considérable à partir de 1650, au moment où s’éclipse le cornet à bouquin. Les trompettes des xviie et xviiie s. sont le plus souvent en ut et en . À cette époque, on ne pouvait jouer que les harmoniques naturelles du son fondamental :

Les limites et, en revanche, l’éclat de la trompette ont souvent incité les compositeurs à écrire d’une manière particulière pour cet instrument, dont le registre aigu, très recherché, permettait cependant l’échelle diatonique presque complète. Avant le xviie s., il ne nous reste que peu de textes de trompette. Monteverdi, Cavalli, puis Lully ont laissé des partitions où la trompette est notée avec soin. À Versailles, Delalande demandait les trompettes de l’Écurie pour les symphonies de plein air et parfois même pour un grand motet à la chapelle. À la même époque, à Bologne, Giuseppe Torelli (1658-1709) signait divers concertos et sonates pour une ou plusieurs trompettes et cordes, tandis que Purcell*, en Angleterre, rehaussait de l’éclat des trompettes odes, musiques de scène et anthems. Jusqu’en 1750 environ, la trompette conserve ses mêmes caractéristiques. Elle intervient en soliste (concertos de Telemann), en orchestre aux côtés des cors et des hautbois (Water Music de Händel*), en dialogue avec une voix (Omnes gentes de Campra*) pour souligner la solennité d’un grand chœur (Oratorio de l’Ascension [v. 1735] de Bach). Händel et Bach comptent parmi les musiciens du xviiie s. à avoir demandé le plus souvent le concours des trompettes, Bach dans des tonalités diverses (ut, , mi bémol, fa, sol). Haydn écrit à l’extrême fin du xviiie s. son fameux concerto en mi bémol majeur pour un nouvel instrument à clés. La transformation de la trompette au xixe et ses perfectionnements permettront peu à peu d’obtenir une virtuosité dont les limites semblent reculer de jour en jour. Au xixe s., la trompette est avant tout un instrument d’orchestre (Berlioz, Wagner), mais elle participe à des formations de musique de chambre (Saint-Saëns, V. d’Indy). Au xxe s., son utilisation est aussi fréquente que variée (orchestre symphonique, orchestre de chambre, jazz, variétés, harmonies et fanfares...). En France, la trompette en ut est la plus courante dans les orchestres. On lui préfère souvent à l’étranger, notamment en Allemagne et en Grande-Bretagne, la trompette en si bémol. La trompette en , demandée par exemple par Stravinski (le Sacre du printemps), Honegger (Jeanne au bûcher), Messiaen (Turangalila Symphonie), est souvent remplacée par la trompette piccolo en si bémol, dont le registre sur-aigu est plus aisé. Il existe aussi des trompettes basses (ut, mi bémol), mais on les emploie rarement. L’usage de la sourdine (pièce de bois ou de métal introduite dans le pavillon pour modifier le son), déjà connue du temps de Mersenne, l’articulation en coup de langue — lorsque le détaché simple ne permet pas la répétition rapide des notes — et le Flatterzunge — roulement de la langue pour obtenir des sons rauques — apportent aussi au jeu de la trompette des éléments non négligeables dans l’écriture actuelle. Dukas, Ravel, Roussel, Berg, Bartók, Milhaud ont employé la trompette comme instrument de premier plan ; Jolivet, Hindemith et Georges Migot l’ont fait dialoguer en soliste avec un orchestre, un piano ou un orgue.

M. M.