Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

Trématodes (suite)

Néanmoins, il ne met pas à l’abri des récidives si fréquentes en zone d’endémie ; c’est dire l’importance que revêt la prophylaxie de ces maladies actuellement en pleine expansion et atteignant environ 300 millions d’individus dans le monde. Sur le plan individuel, l’interdiction des bains d’eau douce paraît utopique, mais sur le plan général l’éducation sanitaire, en exposant les inconvénients de la maladie, devrait encourager l’utilisation de latrines aménagées à distance des points d’eau. Seule l’extension de ces mesures préventives permettrait, beaucoup plus que l’utilisation de molluscicides, de lutter contre ces parasitoses dont l’extension est souvent, hélas, favorisée par les nouvelles techniques d’irrigation.

M. R.


Cycle de développement

Les Trématodes montrent des cycles de développement parmi les plus compliqués de tout le règne animal, puisqu’ils peuvent passer par cinq formes larvaires successives.

Les œufs pondus par la grande Douve du foie sont évacués avec les excréments de l’hôte ; s’ils atteignent l’eau, ils éclosent en une larve ciliée, le miracidium, qui, par chimiotactisme, pénètre dans le poumon d’une Limnée (hôte intermédiaire) et se transforme en sporocyste, sorte de sac où un véritable bourgeonnement produit deux générations de rédies : ces larves gagnent le foie du Mollusque et y deviennent des cercaires, qui perforent les tissus de l’hôte et gagnent l’eau ; leur queue leur permet de nager jusqu’à la rive et de s’enkyster (stade métacercaire) sur une plante ; le Mouton se contamine en ingérant le végétal et le parasite.

D’une espèce à l’autre, le cycle subit des variations. Il peut y avoir deux hôtes intermédiaires (chez Paragonimus, la première larve passe chez un Gastropode, et les cercaires pénètrent par perforation dans un Crustacé, que l’hôte définitif peut avaler) et même trois (chez Alaria, les larves passent par un Mollusque, un Batracien et un Rongeur avant de trouver l’hôte définitif, un Mammifère carnivore). Il arrive aussi qu’une forme larvaire manque.

Une curieuse adaptation se manifeste chez Leucochloridium, dont le sporocyste, empli de cercaires, envahit le tentacule du Mollusque intermédiaire, une Succinée ; cet organe prend la forme d’un boudin coloré, qui attire l’attention des Oiseaux, hôte définitif.

Bien entendu, seule une infime minorité de larves parvient à achever des cycles aux étapes aussi nombreuses et hasardeuses ; les pertes se trouvent compensées non seulement par une fécondité élevée, mais aussi par multiplication asexuée au cours du développement.

M. D.

➙ Parasitisme / Parasitologie / Plathelminthes.

Trente (concile de)

Concile œcuménique qui se tint à Trente de 1545 à 1549, de 1551 à 1552 et de 1562 à 1563.



Les préliminaires de Trente

Avant d’aborder l’histoire elle-même du concile, il faut prendre conscience qu’elle ne se limite pas aux dix-huit années, coupées d’ailleurs de nombreuses et longues interruptions, qui virent les pères siéger à Trente. Le concile en effet est un phénomène presque séculaire ; il a sa préhistoire et sa posthistoire, puisqu’en France il ne sera officiellement « reçu » par l’Église qu’en 1615.

Mais, ici, la préhistoire surtout importe. Elle commence en 1512 lorsque le pape Jules II convoque le Ve concile du Latran. Celui-ci se veut une réponse aux perpétuelles menaces d’appel au concile, supérieur au pape, que brandissent depuis Bâle les différents princes de la chrétienté. Ces menaces contre la papauté poursuivront jusqu’à Trente les hommes de la curie.

Ce qui domine alors, c’est le problème de la réforme. Tant attendue et demandée, comme signe tangible de la capacité de la papauté à réformer l’Église, celle-ci n’est proclamée qu’au niveau des intentions ; en pratique, on ne décide rien. Cependant, l’importance du Ve concile du Latran demeure grande en ce qu’il définit ce qui va devenir l’autorité suprême dans la catholicité moderne : la Rome papale reconnue comme centre de l’unité chrétienne.


Le concile

Paradoxalement, celui qui va accomplir l’acte décisif de l’histoire de l’Église du xvie s. est un pape dans la pure lignée des pontifes de la Renaissance : Paul III (Alessandro Farnese). Celui-ci avait été crée cardinal par le peu recommandable Alexandre VI*, qui ne savait rien refuser à la sœur d’Alexandre, Giulia Farnese.

C’est deux ans seulement après son élection, en 1536, que Paul III convoque le concile général. On ne peut suivre toute la chronologie de ce concile sans cesse remis et reporté, qui nous renseigne cependant sur toutes les difficultés et toutes les forces contraires qu’il fallait vaincre. Les luttes de l’empereur contre les protestants ou contre François Ier empêcheront longtemps sa tenue. Le concile est convoqué d’abord à Mantoue, puis à Vicence ; mais ce n’est qu’après la paix de Crépy-en-Laonnois (1544), qui met fin à une guerre entre le roi de France et l’empereur, qu’il peut enfin se réunir à Trente, aux pieds des Alpes, dans une petite ville relevant de l’empereur mais dont le seigneur est un évêque. Ouvert le 13 décembre 1545, le concile de Trente s’achèvera dix-huit ans plus tard, le 6 décembre 1563. Ce concile, engagé dans une durée considérable, sera donc tributaire du jeu des forces temporelles qui tenteront de l’influencer de l’extérieur.


L’œuvre conciliaire

Dès le début, pour concilier les deux tendances — celle de l’empereur, désirant l’union avec les protestants, donc soucieux d’accentuer le côté réformiste, et celle du pape, gardien de l’orthodoxie —, les pères décident à partir de la cinquième session (juin 1546) de faire alterner décrets dogmatiques et décrets de réforme.

Mais avant tout, il faut définir sûrement les bases théologiques. C’est pourquoi on proclame la Vulgate comme texte officiel de l’Église en matière d’Écriture. On décide que seule l’Église a le droit d’interpréter les textes sacrés, et l’on met la Tradition*, attaquée par Luther, sur le même pied que l’Écriture, comme source de la foi.