Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Trébizonde (empire grec de) (suite)

Le long règne d’Alexis III Comnène (1349-1390) fut la dernière période de prospérité économique et de trêve dans les guerres civiles. L’aristocratie, profitant de la jeunesse du souverain, se lança dans les complots, mais tous furent réprimés. La paix intérieure rétablie, Alexis consacra ses forces à la lutte contre les Turcs, qui ne cessaient de harceler son pays. Quand il se sentait incapable de rivaliser avec eux sur le champ de bataille, il les amadouait en leur faisant épouser ses sœurs ou ses filles, des princesses dont la beauté était proverbiale en Orient et même en Occident : l’empereur Jean V Paléologue, qui lui avait demandé pour son fils et héritier Manuel II la main de sa fille Eudoxie, fut tellement subjugué par la beauté de la princesse orientale qu’il la garda pour lui. Les nouveaux privilèges commerciaux consentis à Gênes (1349) et à Venise (1364) réactivèrent la vie économique du royaume.

Son fils Manuel III Comnène (1390-1412) épargna à Trébizonde les horreurs de la dévastation : le chef mongol Tīmūr Lang* lui sut gré du petit contingent qu’il lui avait fourni pour combattre et vaincre le sultan Bayezid Ier (1402). Les relations de l’empire avec Venise furent encore améliorées, tandis que ses rapports avec Gênes s’acheminaient vers un conflit ouvert. Pour se débarrasser de ses ennemis ou se faire des alliés, Alexis IV Comnène (1417-1429) reprit la politique matrimoniale de son grand-père ; il repoussa les prétentions de la République génoise, refusant de reconstruire le château qu’elle possédait à Trébizonde et d’acquitter ses dettes envers la commune de Kaffa (Feodossia) en Crimée. Il fut assassiné par son fils Jean IV Comnène (1429-1458), qu’un gros vaisseau génois avait ramené de Kaffa, où il s’était enfui après une première tentative infructueuse de parricide. Devant la menace grandissante du péril turc, l’usurpateur recourut lui aussi, mais sans grand succès, à des alliances matrimoniales et déploya une diplomatie active. Il délégua au concile de Florence (1439) son métropolite Dorothée et son chancelier, l’illustre Georges de Trébizonde, lettré et homme d’État qui joua un rôle important à la cour des Grands Comnènes avant de se mettre au service de Mehmed II ; en 1449, il envoya son chancelier à Gênes avec mission d’examiner le lourd contentieux qui, depuis le début du siècle, obérait les relations entre les deux États ; il tenta enfin, mais sans résultat, de réunir dans une coalition ceux de ses voisins asiatiques que l’expansion formidable du sultanat turc menaçait de disparition.

Après la chute de Constantinople en 1453, Trébizonde resta avec le despotat de Morée l’un des derniers centres de l’hellénisme, et un grand nombre de Grecs vinrent y chercher refuge.


La chute de Trébizonde

Pour sauver sa capitale menacée par le gouverneur ottoman d’Amasya, Jean IV se reconnut le vassal de Mehmed II, le conquérant do Constantinople, et dut consentir à lui verser un tribut annuel de 3 000 pièces d’or (1456) ; néanmoins, les jours de Trébizonde étaient comptés. Le frère de Jean, David II, porté au trône en 1458, crut conjurer la menace qui pesait sur le royaume en essayant d’intéresser à un projet de croisade antiturque le pape Pie II et le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, mais ce projet, s’il a jamais existé, n’eut pas de suite. Durant l’été de 1461, une escadre de 300 navires et une puissante armée, commandée par Mehmed II, bloquèrent Trébizonde. Souverain pusillamine et timoré, encouragé d’ailleurs à la reddition par son conseiller, Georges David II capitula sans combat vers la mi-août de la même année et fut transporté avec sa famille et ses richesses à Constantinople, puis à Andrinople. Accusé de menées subversives, il fut exécuté le 1er novembre 1463 en même temps que ses sept fils : le huitième n’échappa à la mort qu’en se faisant musulman.

Trébizonde, dont la beauté naturelle a été chantée par deux lettrés indigènes du xve s., Jean Eugenikos et Jean Bessarion, fut, malgré les aléas de son existence, le centre d’une brillante civilisation et la rivale de la capitale des Paléologues, à qui elle emprunta son administration centrale et sa vie aulique. Ses basileis furent presque tous des protecteurs des lettres, des arts et des sciences. Outre le Palais d’Or, qui était par sa position, son architecture et sa décoration une merveille de magnificence, la ville comptait de nombreuses et belles églises dont les plus connues sont la Panaghia Chrysocéphale et celle de Saint-Eugène, le patron de la cité, et dans ses environs plusieurs monastères, Vazelon, Peristéra et surtout Sumela, qui renfermaient de précieux trésors et de riches bibliothèques.

P. G.

➙ Byzantin (Empire) / Constantinople / Épire / Lascaris (dynastie des) / Latin de Constantinople (Empire) / Mongols / Ottomans / Seldjoukides / Turcs.

 W. Miller, Trebizond, the Last Greek Empire (Londres, 1926 ; rééd., Amsterdam, 1970). / E. Janssens, Trébizonde en Colchide (Presses universitaires, Bruxelles, 1969).

treillis

Ensemble ordonné dans lequel tout couple d’éléments admet un plus petit majorant et un plus grand minorant.


La relation d’ordre de l’ensemble ordonné E que l’on considère est une relation binaire réflexive, antisymétrique et transitive ; on la note . Le plus petit majorant (resp. plus grand minorant) de deux éléments a et b de l’ensemble E, appelé aussi supremum (resp. infimum), est noté
a ∨ b (resp. a ∧ b).

Exemples de treillis.

• E étant un ensemble quelconque, désigne l’ensemble des parties de l’ensemble E, c’est-à-dire l’ensemble formé par toutes les parties que l’on peut obtenir avec les éléments de l’ensemble E, y compris cet ensemble lui-même et la partie vide ∅. , muni de la relation d’inclusion des ensembles, est un treillis. Le supremum de deux parties A et B de l’ensemble E, qui sont deux éléments de , est la réunion ensembliste, A ∪ B, de A et B, et leur infimum est leur intersection, A ∩ B.

• ℕ, ensemble des entiers naturels, muni de la relation « divise », est un treillis. Le supremum de deux éléments a et b de cet ensemble ℕ est leur plus petit multiple commun, et leur infimum est leur plus grand diviseur commun.