Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
T

travailliste (parti) (suite)

Les personnalités majeures du « Labour Party »


Clement Attlee

(Londres 1883 - id. 1967). Issu d’une famille aisée, il fait des études classiques, passe par l’université d’Oxford et devient avocat. C’est le contact avec la misère de l’East End de Londres (où il habite de 1907 à 1922) qui le convertit au socialisme. Il adhère à la Société fabienne en 1907 et au parti indépendant du travail en 1908. Le socialisme de type idéaliste qu’il veut répandre et qu’il enseigne dans ses cours à l’École des sciences politiques de Londres prétend concilier la justice pour tous avec la liberté individuelle. Après avoir combattu comme officier pendant la Première Guerre mondiale, il retourne dans son misérable quartier des docks londoniens, Limehouse, dont il est élu député en 1922. Ses capacités d’administrateur et sa position médiane entre la gauche et la droite du Labour le font élire en 1935 comme leader du parti. Attlee restera pendant vingt ans à la tête du mouvement travailliste. En mai 1940, il accepte d’entrer avec d’autres travaillistes dans le gouvernement de coalition formé par Churchill et il y demeure jusqu’à la victoire. De 1942 à 1945, il est Premier ministre adjoint et forme équipe avec Churchill en secondant efficacement le chef de la nation en guerre. À la suite de l’écrasante victoire électorale du parti travailliste, aux élections de 1945, Attlee est nommé Premier ministre : il le demeure de juillet 1945 à octobre 1951. Redevenu leader de l’opposition en 1951, il abandonne la direction du mouvement travailliste en 1955. Peu après, il est élevé à la pairie avec le titre de comte Attlee, mais cesse alors de jouer un rôle politique.


Aneurin Bevan

(Tredegar, Monmouthshire, 1897 - Ashridge Farm, Chesham, 1960). Son tempérament combatif a fait de ce mineur gallois, à l’éclatant talent oratoire et au souffle inspiré de prophète, un perpétuel rebelle, porte-parole du socialisme avancé. Syndicaliste actif, député à partir de 1929, il prône face au danger fasciste un front uni de toutes les forces de gauche. Nommé ministre de la Santé en 1945, il met sur pied un « service national de santé » entièrement gratuit. Mais, en désaccord sur la politique de réarmement, il quitte le gouvernement en 1951. C’est le début du « bevanisme » : suivi par une large fraction des militants du parti, Bevan s’oppose à la direction modérée d’Attlee et de Gaitskell au nom d’une conception intransigeante du socialisme. Sa carrière est interrompue brutalement par un cancer qui l’emporte prématurément en 1960.


Ernest Bevin

(Winsford, Somerset, 1881 - Londres 1951). Originaire de la campagne, orphelin pauvre, il est garçon de ferme à onze ans, puis devient camionneur et livreur. Animateur du syndicat des dockers et des travailleurs des transports, il s’impose comme leader ouvrier sur le plan national à partir de 1920. Avec sa figure lourde et puissante, son masque de lutteur, sa ténacité combative, il incarne pendant vingt ans le prolétariat britannique. En 1940, Churchill fait appel à lui au ministère du Travail afin de mobiliser la classe ouvrière et les syndicats au service de l’effort de guerre : c’est une éclatante réussite. Lorsque les travaillistes arrivent au pouvoir en 1945, Bevin est nommé secrétaire d’État aux Affaires étrangères, poste où il démontre la même énergie et la même autorité, imposant sa marque à la diplomatie anglaise dans le climat de la guerre froide débutante.


James Callaghan

(Portsmouth, 1912). D’origine modeste, il entre au Labour Party en 1931 et aux Communes en 1945. Il est chancelier de l’Échiquier (1964-1967) puis ministre de l’Intérieur (1967-1970) dans le premier cabinet Wilson. En 1974, il s’installe au Foreign Office, poste qu’il quitte en 1976 (mars) pour remplacer H. Wilson à la tête du parti travailliste et, par voie de conséquence, comme Premier ministre.


Hugh Gaitskell

(Londres 1906 - id. 1963). Il a été le, leader du parti de 1955 à 1963. Il représente un nouvel âge du Labour : issu de la bourgeoisie aisée, c’est un intellectuel et un modéré qui veut adapter le programme et le style du mouvement socialiste à la société engendrée par l’État providence et l’ère d’abondance. Mais il n’arrive pas à imposer son autorité aux factions qui déchirent le parti et se heurte en particulier à l’opposition déterminée de la gauche. Il meurt sans avoir réussi à redresser les chances de son parti auprès des électeurs, tâche qu’il appartiendra à son successeur, Harold Wilson, de mener à bien.


James Keir Hardie

(Legbrannock, près de Holytown, Lanarkshire, 1856 - Glasgow 1915). Il a par sa figure d’apôtre dominé le parti travailliste jusqu’à la Première Guerre mondiale. Pour lui, le socialisme est une véritable religion, et ses appels brûlants à la fraternité et à la justice trouvent un large écho parmi les travailleurs britanniques. Il se sent, d’ailleurs, l’un des leurs : cet ouvrier écossais, enfant illégitime, a été élevé dans de dures conditions. Quittant l’école à sept ans, il a d’abord été garçon de courses, puis à dix ans mineur. Syndicaliste actif, il se fait l’avocat des droits des ouvriers et se convertit au collectivisme. Le premier, il propose une candidature ouvrière au Parlement contre les deux grands partis (1888). Il fonde alors le Scottisch Labour Party, puis l’Independent Labour Party (1893), dont il est élu président. Pendant plus de vingt ans, au Parlement (à partir de 1892), dans les meetings et dans toutes les instances du parti, il déploie une activité débordante de leader fidèle à ses origines ouvrières (sa fameuse casquette restera longtemps l’image de marque du Labour Party).


George Lansbury

(Lowestoft, Suffolk, 1859 - Londres 1940). Il a été appelé la « figure politique la plus digne d’affection de l’Angleterre, du xxe siècle ». Comme Keir Hardie, il symbolise l’idéalisme généreux et désintéressé du mouvement ouvrier. Fils d’ouvrier, il a grandi dans les quartiers prolétaires de l’East End de Londres et bientôt milite dans les organisations socialistes de la capitale. Là, il défend les droits de tous les opprimés et les marginaux (indigents de l’assistance publique, chômeurs, objecteurs de conscience, femmes privées du droit de vote, etc.) et, par ailleurs, se fait le champion du pacifisme. Il fonde en 1912 le journal Daily Herald, qui deviendra l’organe du travaillisme. Après la « trahison » de MacDonald, il est élu leader du Labour Party, qu’il dirige pendant quatre ans (1931-1935).


James Ramsay MacDonald.

V. l’article.


Harold Wilson.

V. l’article.

➙ Grande-Bretagne / Socialisme.