Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Autriche (suite)

La moyenne thermique le long du Danube, en Haute-Autriche, est de – 1 °C en janvier. Sur les flancs du massif de Bohême, elle descend à – 5 °C ; elle est inférieure à – 10 °C dans la haute montagne. L’été donne encore l’avantage au bassin oriental. Juillet connaît une moyenne de 20,5 °C à Vienne ; les étés viennois sont lourds, humides et orageux. À proximité de la Hongrie, cette moyenne est même dépassée.

La montagne connaît l’arrêt de la vie végétative pendant de longs mois. La phénologie permet d’opposer le bassin de Vienne au reste du pays, couloir danubien excepté. Des printemps précoces et des hivers tardifs permettent à la vie agricole de compter sur une période végétative presque double de celle qu’on rencontre dans la haute montagne. Si le jaune des céréales mûres permet de caractériser la partie orientale du pays, c’est plutôt le vert des herbages qui domine dans les contrées montagneuses.

F. R.


L’Autriche d’aujourd’hui

La IIe République autrichienne est l’héritière de l’État fondé en 1918 sur les ruines de l’Empire austro-hongrois, démantelé par les décisions du traité de Saint-Germain de 1919. Si la Ire République avait été, dès l’origine, contestée par la population, qui s’était prononcée pour un rattachement à l’Allemagne (ou à la Suisse pour le Vorarlberg), et n’avait survécu que grâce à la volonté de la France et de la Grande-Bretagne, hostiles à la constitution d’un grand État allemand, à l’énergie du prélat-chancelier Ignaz Seipel et à une crispation idéologique des forces conservatrices (État corporatiste d’Engelbert Dollfuss), la IIe République a bénéficié en revanche de l’adhésion des populations et des partis politiques, instruits par l’expérience du passé et dont le sentiment national s’était affirmé, puis consolidé à travers les épreuves d’un Anschluss humiliant. Le particularisme culturel, indiscutable, est devenu, par suite de l’impérialisme national-socialiste, un fait politique : l’Autriche assume aujourd’hui son destin de nation indépendante et républicaine, restaurée après une césure de sept années.


Le retour à la souveraineté

Le retour à la souveraineté a été favorisé par l’attitude très favorable des Alliés (U. R. S. S., Grande-Bretagne, États-Unis) ; ceux-ci affirmèrent, par la déclaration de Moscou (30 oct.-1er nov. 1943) — à laquelle, peu après, le Comité français de libération nationale donna son accord —, que l’Autriche avait été annexée par la force le 11 mars 1938 ; ils lui reconnurent le statut de « première nation victime de l’agression hitlérienne » et assurèrent vouloir « le rétablissement d’une Autriche libre et indépendante ». Partant, le retour à la souveraineté était assuré. Néanmoins, le pays dut attendre douze ans pour que cette déclaration devînt pleine réalité. Encore le dut-il à l’esprit de décision et à l’habileté de quelques hommes politiques victimes des nazis ou écartés par eux, présents à Vienne dès l’entrée des troupes soviétiques et groupés autour du vieux chef socialiste Karl Renner. Celui-ci, soutenu par son parti, par les communistes et les populistes, et par le commandant en chef soviétique Tolboukhine, après trois jours de négociations avec les autres partis, publia, le 27 avril 1945, une proclamation affirmant le rétablissement d’une République autrichienne, la nullité ab initio de l’Anschluss et la constitution d’un gouvernement provisoire. Mais le partage du pays en quatre zones et la division de Vienne en autant de secteurs (décidés en juillet 1945), ainsi que l’instauration d’un Conseil allié, ayant autorité pour les problèmes concernant l’ensemble du pays, risquaient de limiter dangereusement le rôle de ce gouvernement privé de bases légales en l’absence d’élections générales ou, pis encore, de le faire apparaître comme le gouvernement de la seule zone orientale.

Le Conseil allié, entré lentement en fonction (sept. 1945), condamné à une impuissance de fait par le système du droit de veto accordé à chacun de ses membres, n’exerça qu’une action limitée et hésitante, dont Renner sut tirer parti pour faire reconnaître son gouvernement comme celui de toute l’Autriche — écartant ainsi le spectre d’une partition qui aurait été fatale au pays (Conférence des Länder [Vienne, 25 sept. 1945]) — et pour remplacer les autorités provisoires par des autorités élues lors du scrutin du 25 novembre 1945, qui déboucha sur la victoire des populistes et la constitution du gouvernement Leopold Figl (chancelier de décembre 1945 à avril 1953). L’élection de Renner à la présidence de la République le 20 décembre de la même année vint couronner cette période de restauration de l’État.

La deuxième période est marquée par une longue série de conférences inaugurées à Potsdam et qui aboutissent au projet d’accord établi à Paris en 1949. Les négociations achoppent alors sur le problème dit « des biens allemands » (deutsches Eigentum), sur lequel les autorités soviétiques, désireuses de s’approvisionner à bon compte en pétrole et de tirer d’importants bénéfices de l’industrie lourde et de la navigation danubienne, se montrent intransigeants, décrétant, dès juillet 1946, propriété soviétique tous les biens allemands de la zone orientale. Les tentatives de compromis (plan du général Paul Cherrière de 1947 et projet de « traité abrégé » présenté par les Occidentaux en 1952) ne manquent pas. Mais l’Autriche est victime de la guerre froide des années 1949-1953 et ne pourra relancer la négociation de manière effective qu’à la mort de Staline.

À la suite de la conférence de Berlin (janv.-févr. 1954), l’U. R. S. S., devant la promesse renouvelée de neutralité faite par l’Autriche pour la première fois le 16 février 1953, décide de changer d’attitude. V. M. Molotov, ministre des Affaires étrangères, invite Julius Raab (chancelier d’avril 1953 à avril 1961) à Moscou : le mémorandum de Moscou du 15 avril 1955 règle le problème de la souveraineté, de l’évacuation des troupes d’occupation et des biens allemands.